La Nasa a promis dimanche de faire toute la lumière sur les causes de l’accident qui a coûté la vie aux sept astronautes de la navette Columbia.
Alors que l’Amérique entamait le deuil de ses héros, « les meilleurs et les plus brillants » des astronautes, scientifiques, policiers et soldats passaient le Texas au peigne fin, à la recherche des débris disséminés après la désintégration de l’appareil, au moment de sa rentrée dans l’atmosphère.
« Nous ne laissons rien au hasard dans cette affaire. Nous allons nous assurer que chaque facteur ayant pu y contribuer sera examiné et il en existe d’évidents », a déclaré Sean O’Keefe, administrateur de l’agence spatiale américaine.
Outre l’enquête interne à la Nasa, le gouvernement a décidé de mettre sur pied une commission d’enquête indépendante. Elle sera présidée par l’amiral en retraite Harold Gehman, qui avait co-présidé les investigations sur l’attentat au canot piégé du 12 octobre 2000 contre le contre-torpilleur américain « USS Cole » dans le port d’Aden (Yémen). Dix-sept marins américains y avaient trouvé la mort.
Le morceau d’isolant qui s’est détaché d’un réservoir pour venir frapper l’aile gauche au moment du décollage, le 16 janvier, est évidement l’un d’entre eux, a-t-il poursuivi, jugeant toutefois prématuré de spéculer sur les causes de l’accident.
L’anomalie avait alors été diagnostiquée et les contrôleurs au sol l’avaient jugée sans conséquence sur l’efficacité du bouclier thermique, mais c’est précisément dans la zone susceptible d’avoir été endommagée que les premiers problèmes ont été signalés.
« La première indication d’un problème potentiel a été la perte des capteurs thermiques dans le système hydraulique sur la gauche », a déclaré Ron Dittermore, directeur du programme Navette à la Nasa. « Ils ont été suivis quelques secondes et quelques minutes plus tard de plusieurs autres anomalies, notamment la perte de pression dans les pneus de gauche », a-t-il ajouté.
La Nasa a ensuite perdu tout contact avec Columbia à 14h00 GMT, soit 16 minutes avant l’atterrissage prévu au Centre spatial Kennedy de Cap Canaveral (Floride), au terme d’une mission de 15 jours, 22 heures et 20 minutes. La navette se trouvait alors à plus de 60 km d’altitude.
« NOTRE AVENTURE DANS L’ESPACE SE POURSUIVRA »
Visiblement affecté, George W. Bush a assuré que la cause pour laquelle les sept astronautes ont donné leur vie se poursuivrait. « Notre aventure dans l’espace continuera », a-t-il insisté.
La Nasa a néanmoins décidé de suspendre les vols de navettes tant que les causes de l’accident n’auront pas été élucidées et résolues. Pour y parvenir, l’agence a promis de mobiliser tous ses moyens jour et nuit pour passer chaque détail au crible, des photos satellites jusqu’aux plus petit débris découvert au sol.
Les responsables chargés de l’enquête ont d’ailleurs demandé à être immédiatement informés de toute découverte de pièces susceptible d’appartenir au poste de pilotage.
L’armée et les agences fédérales de la sécurité des transports et des situations d’urgence ont également été mobilisées pour passer au peigne fin la zone du nord-est du Texas au-dessus de laquelle Columbia s’est désintégrée.
Policiers et autres gardes nationaux ont d’ores et déjà repéré de nombreux éléments, dans des champs, sur des autoroutes ou même dans un cimetière, tandis que plusieurs dizaines d’habitants de la région ont été hospitalisés pour subir des examens après avoir manipulé certains de ces débris que la Nasa juge potentiellement dangereux.
William Pinkston, habitant de Nacogdoches, a assuré à Reuters que la police avait découvert des restes humains provenant selon toute vraisemblance des astronautes. « Nous avons effectivement des zones dans lesquelles pourraient se trouver des restes humains », a confirmé Thomas Kerss, sherif du conté de Nacogdoches, lors d’une conférence de presse.
ISRAEL PLEURE SON HEROS
La catastrophe a plongé les Etats-Unis dans un deuil sans précédent depuis les attentats du 11 septembre 2001 tandis qu’Israël pleurait la disparition de son premier astronaute.
Les drapeaux ont été mis en berne dans l’Etat hébreu où les radios ont diffusé de la musique funèbre en hommage au colonel d’aviation Ilan Ramon, âgé de 48 ans et père de quatre enfants.
A Karnal, on a également prié pour le repos de l’âme de Kalpana Chawla, une scientifique de 41 ans originaire de ce village du nord de l’Inde, devenue objet de fierté nationale malgré sa nationalité américaine.
Outre Ramon et Chawla, les Américains Rick Husband, William McCool, Mickael Anderson, David Brown et Laurel Clark ont disparu dans la catastrophe.
La Maison blanche et la Nasa ont immédiatement écarté l’hypothèse terroriste. « A ce stade, rien n’indique que le problème soit dû à quoi que ce soit ou qui que ce soit au sol », a souligné O’Keefe.
Une fois l’émotion retombée, l’accident ne manquera de soulever la question de la longévité des engins spatiaux. Columbia, l’aînée des navettes, avait entamé sa carrière en avril 1981. Elle l’a achevée 17 ans presque jour pour jours après l’explosion de sa cadette Challenger, le 28 janvier 1986.
En outre, le drame et la suspension temporaire des vols ne manquera pas d’affecter le programme de la Station spatiale internationale (ISS). Celle-ci doit en effet une bonne part de son ravitaillement à la navette américaine, partie intégrante et pièce essentielle du projet.
L’accident de Columbia n’a toutefois pas remis en cause la contribution russe, et un cargo Progress chargé de ravitailler l’ISS en carburant et en vivre a été lancé dimanche comme prévvu du pas de tir de Baïkonour, dans les steppes du Kazakhstan.
[source – yahoo.com]