Vivendi : le vote des actionnaires d’avril 2002 n’a pas été piraté

L’expertise ouverte, en mai 2002, par le tribunal de commerce de Paris a conclu au bug technique du système de vote, utilisé lors de la dernière assemblée des actionnaires. Une audience est prévue au tribunal la semaine prochaine.

Le mystère des « boîtiers fous » de Vivendi Universal (VU) devrait enfin s’éclaircir la semaine prochaine lors d’une audience au tribunal de commerce de Paris. Selon une source proche du dossier, le rapport d’expertise commandée par les magistrats sur de présumés bidouillages dans les procédures de vote électronique de la dernière assemblée des actionnaires, le 24 avril dernier à Paris, est sans appel: il n’y a pas eu de piratage des boîtiers sans fil distribués à plus de 4000 actionnaires ce jour-là. En revanche, «il y a bien eu des problèmes d’ordre technique qui ont perturbé le recueil des votes», affirme notre source qui a pu avoir accès au rapport d’expertise.

Pour beaucoup, cette assemblée générale (AG) constitue le point de départ du déclin de Jean-Marie Messier, le P-DG de VU qui quittera ses fonctions deux mois plus tard, début juillet. Ce jour-là les actionnaires rejettent deux de ses « motions », ce qu’il prendra comme un désaveu personnel. Le lendemain, surprise: la direction de Vivendi et plusieurs gros actionnaires comme la Société générale, le Crédit agricole, BNP Paribas ou Saint Gobain, portent plainte devant le tribunal. Motif: le vote exprimé ce jour-là par leurs délégués n’est pas conforme aux résultats. Le tribunal, dans une ordonnance du 2 mai 2002, demande à un expert reconnu de faire la lumière (il s’agit de David Znaty, directeur d’une filiale du groupe Publicis).

Une expertise longue de sept mois

Son expertise a traîné en longueur, reconnaît lui-même David Znaty, qui affirme l’avoir remis au tribunal «courant décembre». Soit un délai de sept mois au lieu des six semaines données dans un premier temps par ce même tribunal.

Le système retenu par VU pour son AG repose sur des boîtiers électroniques dotés d’émetteurs sans fil, qui transmettent par ondes radio vers des bornes de réception dissémineés dans la salle. Leurs signaux sont traités en temps réel par un ordinateur central. L’expert s’est donc penché sur l’analyse des disques durs et des mémoires contenues dans les boîtiers, comme sur d’éventuelles interférences qui ont perturbé la transmission ou la collecte des données.

Vivendi avait eu recours aux services d’un prestataire très discret, MMA, une SARL dont le capital est contrôlé à 40% par BNP Paribas, actionnaire de VU et partie prenante dans cette affaire. L’hypothèse du simple bug technique était la plus plausible selon de nombreuses sources, autant chez les professionnels de ce type de vote électronique qu’au sein des banques-conseils qui organisent des assemblées générales d’actionnaires.

Le tribunal de commerce de Paris doit donc débattre des conclusions de l’expert lors d’une audience prévue la semaine prochaine. Mais les suites que compteront donner les plaignants à cette affaire est incertaine. Une chose est sûre: la direction de VU sous Messier avait déjà écarté l’hypothèse de reconvoquer une assemblée générale. «Ce qui fait toujours», explique un prestataire spécialisé dans l’organisation des assemblées d’actionnaires, «entre 1,2 et 1,5 million d’euros d’économies».

[source – ZDNet.fr]