Premier procès autour de la nébuleuse raciste Liberty-web

L’ex-webmaster d’un site censé soutenir la cause israélienne est poursuivi pour incitation à la haine raciale. Ce site faisait partie d’une nébuleuse extrémiste, décrite dans un rapport du Mrap, dont les ramifications sont encore loin d’être éclaircies.

Le substitut du procureur de la République a requis six mois d’emprisonnement avec sursis contre Alexandre Attali, l’ancien webmaster du site amisraelhai.org. Ce procès, qui s’est ouvert le 30 septembre au tribunal correctionnel de Paris, est le premier qui touche directement l’affaire Liberty-web – du nom de cet hébergeur internet installé aux États-Unis, au coeur d’une nébuleuse* de sites internet extrémistes prônant la haine raciale.

Attali est poursuivi pour «incitation à la haine raciale» suite aux plaintes conjointes du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) et de l’association, J’accuse, déjà citée dans l’affaire des enchères de produits nazies de Yahoo.com.
Un rapport du Mrap, diffusé en juillet dernier, avait mis en évidence des liens contre nature entre des mouvements d’extrême droite militant pour la suprémacie blanche et des groupuscules d’extrémistes juifs.

La défense a plaidé l’«accident informatique»

Les faits remontent à l’été 2002 lorsque le site amisraelhai.org initie un virulent appel contre 149 personnalités, pour leur soutien au boycott de produits israéliens et à la cause palestinienne. Le site en question, disparu depuis, avait surtout affublé une quarantaine de ces personnalités, d’origine juive, d’une étoile de David. Parmi ces personnalités, figuraient les comédiens Mathieu Kassovitz et Jean-Pierre Bacri, le producteur Marin Karmitz, le journaliste Jean Daniel, l’avocate Gisèle Halimi ou la belle-fille de l’ancien président du conseil, Mireille Mendès-France.

Les journalistes présents à l’audience ont décrit le jeune prévenu (29 ans), lui-même d’origine juive, comme quelqu’un de «très à l’aise» qui a plaidé l’ignorance, assurant qu’il se contentait «très mécaniquement de mettre en ligne des fichiers», dont il ignorait «le contenu». Son avocat a même plaidé «un accident informatique».

L’audience a été interrompue après que plusieurs témoins ont déclaré au président avoir été violemment pris à partie devant la salle d’audience. «J’étais en train de donner une interview à Canal Plus quand un groupe d’une quinzaine de personnes s’est approché», a par exemple expliqué à la barre l’ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman. «Les insultes ont commencé à fuser « Kapo, Eichmann-Brauman, Kapo on aura ta peau »…».

Le jugement d’Alexandre Attali a été mis en délibéré au 4 novembre. Il encourt un an de prison ferme et 45000 euros d’amende.

* Le quotidien Le Monde a révélé récemment que le cerveau présumé de cette nébuleuse, un certain Joël Sambuis, arrêté cet été à Moscou, a demandé l’asile politique à la Russie.

[source – yahoo.com] Jerome Thorel, ZDNet France