L’injonction n’est pour l’instant que temporaire, mais si le système peer-to-peer ne parvient pas à filtrer l’échange de fichiers illégaux, son sort ne devrait pas différer de celui de Napster : déconnexion définitive.
Un juge fédéral de Chicago, Marvin Aspen, a ordonné la fermeture temporaire du site Madster.com, à l’image de Napster, désormais défunt. Madster est aussi le nom d’un logiciel peer-to-peer que l’on peut télécharger librement ; il sert à s’échanger des fichiers numériques entre particuliers. Le juge a également exigé la déconnexion de tout ordinateur utilisé pour gérer ce service. La société est en procès depuis plus de 18 mois avec la Recording Industry Association of America (RIAA), l’association qui représente les grandes maisons de disques aux États-Unis.
En septembre 2002, ce même juge avait déjà exigé que des filtres soient mis en place pour empêcher l’échange de fichiers protégés par le droit d’auteur. Johnny Deep, le patron de Madster, n’a pas appliqué cet ordre, arguant que le transfert de chaque fichier se fait de façon cryptée, et qu’il lui est donc impossible de savoir lesquels sont illégaux.
En conséquence, le juge Aspen a décidé de taper du poing sur la table. « Madster continue à violer le copyright, malgré une première injonction », écrit-il dans sa décision, rendue publique le 2 décembre. « À moins qu’un ordre contraignant temporaire ne soit rendu, les labels continueront à être lésés ». Et de préciser que si la société ne stoppait pas volontairement son service, les maisons de disque pourront demander directement au fournisseur d’accès de Madster de couper les vannes.
Madster est déjà en redressement judiciaire
Cette décision temporaire est valable jusqu’au 22 décembre, dans l’attente que Johnny Deep se conforme à la première injonction, à savoir le filtrage.
Cette affaire rappelle les mésaventures de Napster, première start-up internet du genre, qui a dû affronter le même dilemme. Le pionnier des systèmes peer-to-peer n’a finalement jamais rouvert son service et a dû se déclarer en faillite, malgré le soutien financier du groupe allemand Bertelsmann. Ses actifs viennent d’être rachetés par l’éditeur de logiciel Roxio.
Le sort de Madster ne devrait guère différer, la société s’étant placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, synonyme de redressement judiciaire. La plupart de ses utilisateurs ont par ailleurs déjà fui son service pour se tourner vers d’autres systèmes plus populaires, tels que Kazaa ou Morpheus, même si ceux-ci sont également dans la ligne de mire de la RIAA. Le 4 décembre en milieu de journée, le site de Madster était néanmoins toujours accessible.
[source – ZDNet.fr]