Java : Microsoft et Sun à nouveau face à face dans les prétoires

Sun remet le couvert contre Microsoft devant un tribunal en lui reprochant à nouveau de nuire délibérément à son langage Java. Ce procès, qui n’est pas le premier, se penchera sur la machine virtuelle Java (JVM) intégrée dans Windows XP.

Microsoft poursuit ses rendez-vous devant les tribunaux. Il doit y retrouver à compter du mardi 3 décembre Sun Microsystems, à Baltimore (État du Maryland). Le constructeur californien l’accuse d’avoir tout fait pour envoyer aux oubliettes son langage Java.

Sun a demandé au président de la cour, le juge fédéral Frederick Motz, de faire cesser la distribution de la version de la machine virtuelle Java (JVM, Java Virtual Machine) intégrée dans le nouveau système d’exploitation Windows XP, estimant qu’elle n’offre pas un niveau de compatibilité suffisant avec les autres systèmes. Le plaignant souhaite que l’éditeur intègre à XP la « version compatible la plus récente » de la JVM.

Sun va faire jouer les précédents juridiques

Le langage Java a l’avantage d’être multiplate-forme. Grâce à la JVM, un interpréteur du code Java, les programmes écrits dans ce langage peuvent tourner sous différents ordinateurs, sans avoir à être adaptés. Or c’est précisément parce qu’une application Java est compatible avec un mainframe IBM, un serveur Sun sous Unix ou un serveur Dell sous Windows, que le langage représente une menace potentielle pour Microsoft.

Sun a plusieurs atouts dans sa manche. Le juge Motz lui a donné la permission d’utiliser des décisions de justice rendues lors du procès antitrust intenté contre Microsoft par le ministère de la Justice américain (DoJ). En juin 2001 la cour d’appel avait alors statué que Microsoft avait illégalement tenté de maintenir le monopole de son système d’exploitation afin de balayer des concurrents comme Java et le navigateur internet Netscape.

Le plaignant s’appuie également sur un procès qu’il a intenté dans le passé à Microsoft, en octobre 1997 : il l’avait alors accusé d’avoir violé son accord de licence en distribuant des versions de Java soi-disant compatibles, un argument mensonger. Les deux parties sont parvenues à un accord amiable en janvier 2001, Microsoft ayant accepté de verser 20 millions de dollars à Sun.

L’attitude monopolistique de Microsoft encore sur le gril

Pour le procès qui démarre, le constructeur explique, dans ses documents remis à la cour, que Java aurait connu un plus grand succès si Microsoft ne s’était pas employé avec autant de détermination à dominer le marché.

Sun affirme que Microsoft fait tout pour renforcer son monopole Windows en incitant les développeurs à écrire du code pour la plate-forme .Net. De plus selon lui, « Microsoft a refusé de porter Office sur des plates-formes rivales afin de conserver son monopole illégalement » et d’« obliger le public à acheter des produits comme Microsoft Exchange Server, Microsoft Internet Information Server et Microsoft SQL Server ».

Pour la firme de Redmond, « Sun demande l’aide de la cour pour imposer sa version de Java via un canal de distribution », comme l’affirme Jim Desler, porte-parole de Microsoft. Et d’ajouter : « Cela lui donnera l’avantage sur la concurrence. Et pas seulement sur Microsoft, mais sur l’ensemble de l’industrie ».

Les auditions débutent le 3 décembre pour chaque partie. Le juge Motz de Baltimore a prévu trois à quatre jours de débats. Sun doit appeler à la barre trois témoins : Rich Green, son vice-président ; Rick Ross, fondateur du groupe de développeurs Java Lobby ; et l’économiste Dennis Carlton de l’Université de Chicago. Viendra ensuite le tour des témoins de Microsoft : Chris Jones, vice-président de la division grand-public de Wundows (Windows Client Group), et le spécialiste du XML Andrew Layman.

[source – ZDNet.fr]