La cour d’appel de Paris a ordonné mardi l’insertion d’un encart dans tous les exemplaires de l’ouvrage de Nadine Trintignant, « Marie, ma fille », rappelant que Bertrand Cantat est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par un tribunal.
Les éditions Arthème Fayard ont 48 heures, sous peine de 50 euros par infraction constatée, pour insérer cet encart dans les livres en stock chez l’éditeur, en librairie et les nouvelles éditions.
Le texte ordonné par la cour d’appel est le suivant: « L’éditeur rappelle qu’en vertu des articles 6-2 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et 9-1 du Code civil, toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie par un tribunal ».
Si la cour a estimé que cet ouvrage écrit par la mère de la victime ne pouvait « porter atteinte au droits de la défense et à l’impartialité des juges », elle a décidé de sanctionner l’éditeur « qui a pris la responsabilité de la publication » de ce livre.
Mardi après-midi, l’avocat de Bertrand Cantat, Me Olivier Metzner, avait demandé la suppression des mots « meurtrier » et « assassin » dans toute réédition du livre de Nadine Trintignant.
Me Metzner a affirmé qu’il ne savait pas « quels mots plus durs de culpabilité » on pouvait « employer que meurtrier -utilisé 85 fois- et assassin », ajoutant que le fait de les accepter reviendrait à ne pas respecter la présomption d’innocence. Il a également signalé que le quotidien le plus vendu en Lituanie avait déjà traduit certains passages du livre de Nadine Trintignant.
Parallèlement, à Vilnius, un juge lituanien a décidé de prolonger jusqu’au 31 décembre la détention de Bertrand Cantat dont la remise en liberté avait été demandée.
La cour d’appel, présidée par Alain Lacabarats, a suivi en partie les réquisitions de l’avocat général, Jean-Claude Lautru, qui avait évoqué la possibilité de diffuser, à la charge de l’éditeur, un communiqué dans les exemplaires non vendus ou dans des journaux.
Le ministère public avait estimé que l’emploi de ces mots était une atteinte à la présomption d’innocence. Estimant toutefois que « le mal est fait », l’avocat général avait indiqué qu’il fallait « sanctionner » cela.
Me Georges Kiejman, l’avocat de la famille Trintignant, a déclaré pour sa part que l’utilisation de ces termes n’était que le « point de vue de la mère de la morte », une « expression subjective de la douleur ». Il a rappelé que les éditions Fayard avaient décidé de retirer le terme d' »assassin », écrit deux fois, dans la prochaine édition de l’ouvrage.
Me Anne Weil, l’avocate des éditions Fayard, a fait savoir que 136.000 exemplaires avaient déjà été vendus sur un premier tirage de 140.000, et que l’ouvrage avait été réédité à 20.000 exemplaires.
En première instance, le juge des référés avait rejeté la demande de suspension de la parution de l’ouvrage de Nadine Trintignant, « Ma fille Marie ».
Marie Trintignant est morte le 1er août dans une clinique de la banlieue parisienne au lendemain de son rapatriement de Lituanie, où elle tournait un téléfilm sur la vie de l’écrivain Colette, dirigé par sa mère. L’actrice est décédée d’un hématome cérébral, consécutif aux coups portés par son compagnon Bertrand Cantat quelques jours auparavant dans un hôtel de Vilnius.
[source – yahoo.com] AP