Le gestionnaire américain de noms de domaines transforme en zone de profit, les pages Web aux adresses non-référencées. Une dérive dangereuse selon la plupart des acteurs du Net.
VeriSign vient de mettre les pieds dans le plat. La plus grande société américaine spécialisée dans l’enregistrement de noms de domaine (en .com, .net et .org) a entrepris d’exploiter commercialement des noms de domaine… qui n’existent pas. L’initiative provoque la colère des acteurs de l’Internet.
Depuis ce début de semaine, quand un internaute tape une adresse Internet en .com, .org ou .net et se trompe, pour cause d’erreur de frappe, il n’obtient plus la traditionnelle page affichant « adresse non-valide » . A la place, il se retrouve face au moteur de recherche de VeriSign. Une série de liens, proche de sa requête initiale, lui est proposée.
Chaque fois que l’internaute cliquera sur l’un de ces liens, VeriSign touchera alors son obole de la part du site correspondant, s’il s’agit d’un site commercial. L’entreprise s’est donc accaparée du jour au lendemain ce no man’s land du Web pour en faire un espace marchand.
Le Cigref et l’Afnic montent au créneau
« Cela pose un problème technique, en terme de sécurité, puisque VeriSign peut tracer tout le trafic et les e-mails , explique un spécialiste des noms de domaine. Et un problème politique : est-ce qu’un délégataire peut s’accaparer ces espaces, qui appartiennent à tout le monde et à personne, comme s’il créait des noms de domaine fantômes ? »
Le Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref) a tenu à réagir, jeudi après-midi. Il évoque lui-aussi un « réel danger concernant la sécurité » et craint pour la confidentialité des communications. Pour l’heure sans plus d’informations, l’organisation multiplie les contacts, auprès de l’Icann, des pouvoirs publics français et du département au Commerce américain. « Nous cherchons surtout à comprendre comment cela a pu se produire , indique le porte-parole du Cigref. Il s’agit d’une initiative unilatérale et contraire à tous les usages. Nous essayons aussi de mesurer les impacts d’une telle mesure. »
Même écho du côté de l’Association française du nommage Internet en coopération (Afnic), gestionnaire des .fr et des .re. Dans un communiqué publié sur son site jeudi soir, elle estime que de telles pratiques « permettent en effet de détourner tout le trafic Web en cas de simple faute de frappe, de recevoir des courriers qui ne vous étaient pas destinés, de rendre inopérants les logiciels de vérification de la zone. » VeriSign se rendrait tout simplement coupable d’un abus de pouvoir.
Pour l’association, l’initiative de VeriSign a aussi le tort d’ajouter à la confusion plus que d’aider l’internaute. L’adresse qu’il vient de taper est-elle valide ou non ? Le site qu’il cherche a-t-il disparu ? A-t-il été remplacé ? En revanche, pas de panique du côté des sites français : l’Afnic assure qu’elle ne compte pas suivre le mauvais exemple de VeriSign .
[source – 01net.com]