Publicités parasites: victoire judiciaire pour les éditeurs de « spyware »

Un juge américain a estimé que le logiciel espion de la société When-U ne viole pas le copyright des sites sur lesquels il fait apparaître automatiquement des « pop-up » publicitaires. Une première décision en faveur des sociétés de marketing direct.

Les éditeurs de sites web américains ont perdu une bataille: un juge fédéral n’a rien trouvé de répréhensible aux pratiques commerciales de la société de marketing WhenU; elle permet à ses clients de faire de la publicité sur les sites de leurs concurrents par le biais de « pop-up » (fenêtres automatiques).

Pour y parvenir, WhenU utilise un « spyware » (logiciel espion), semblable au programme Gator, mondialement connu pour être inséré dans de nombreux logiciels, tels le système gratuit d’échange de fichiers Grokster ou le gestionnaire de téléchargement Gozilla. Une fois installé sur un ordinateur, le spyware trace les habitudes de surf de l’internaute et affiche des publicités ciblées sous la forme de pop-up.

Une pratique qu’ont dénoncée de nombreux éditeurs, arguant que ces publicités parasites détournaient une partie de leurs revenus. Gator est parvenu à échapper à un premier procès en signant, en février, un compromis avec dix des principaux groupes de presse et d’éditeurs américains. Mais les termes de cet accord n’ont pas été dévoilés.

La semaine dernière, le juge Gerald Lee, du tribunal fédéral d’Alexandrie (Virgine), a rendu un verdict qui pourrait bien retirer une épine du pied de Gator et de WhenU. Dans une affaire opposant cette dernière à la société de déménagement U-Haul International, il a estimé que le spyware utilisé par When-U ne violait ni la marque ni le copyright de U-Haul.

« L’utilisateur doit savoir contrôler son environnement »

Selon le magistrat, ce sont les internautes eux-mêmes qui ont «invité» ces pop-up à apparaître, en téléchargeant volontairement le spyware. «Au bout du compte, c’est l’utilisateur de l’ordinateur qui contrôle comment les fenêtres peuvent apparaître sur son écran», écrit-il dans sa décision, que s’est procuré le Wall Street Journal.

Pourtant, l’internaute n’est pas toujours conscient d’avoir un tel logiciel espion qui tourne sur son ordinateur. Car si Gator et WhenU se doivent de prévenir le consommateur qu’il s’apprête à télécharger leur programme, l’information est souvent perdue au milieu des conditions générales d’utilisation des logiciels avec lesquels ils sont couplés.

Mais le juge a également rejeté l’argument de U-Haul, selon lequel les pop-up interfèrent illégalement avec l’activité de son site, en détournant l’attention de l’internaute. Il rappelle que les systèmes d’exploitation permettent d’ouvrir plusieurs applications et plusieurs fenêtres en même temps. «Les publicités de When-U ne sont qu’une fenêtre supplémentaire sur son écran», conclut-il.

Reste à voir si cette décision sera confirmée lors des procès à venir. Car Gator et When-U n’en ont pas fini avec la justice américaine. Le groupe de messagerie UPS et la chaîne d’hôtels Six Continents, notamment, ont déposé plainte pour les mêmes motifs que U-Haul.

[source – ZDNet.fr] Estelle Dumout