Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a sommé la Syrie de s’expliquer sur les armes chimiques et les fugitifs du régime de Saddam Hussein que les Etats-Unis l’accusent d’abriter, lors d’une brève visite mardi au Qatar.
La position britannique, telle qu’exprimée par M. Straw, est un cran en retrait de la rhétorique des Etats-Unis, qui évoquent déjà des sanctions de nature « diplomatique, économique ou autre », selon son homologue Colin Powell.
Et là où le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer qualifie la Syrie d' »Etat voyou », M. Straw nuance : « Nous utilisons d’autres descriptions ». « La Syrie a une occasion de prouver qu’elle n’appartient pas à cette catégorie », a-t-il ajouté depuis le QG du Commandement central américain (Centcom).
M. Straw, engagé depuis lundi dans une tournée éclair dans la région qui l’a conduit à Bahrein, Koweit et qui doit se conclure par l’Arabie saoudite, a renouvelé depuis le Qatar ses appels à la Syrie pour qu’elle s’explique sur des « questions très importantes dont celles des armes chimiques ».
Le ministre britannique a jugé pareillement « important » que Damas « coopère de façon constructive avec nous et les Etats-Unis (pour savoir si la Syrie) a accueilli des fugitifs du régime de Saddam Hussein ».
Questions auxquelles les Etats-Unis ont déjà apporté leurs propres réponses, par exemple en accusant la Syrie d’avoir mené des tests d’armes chimiques « au cours des 12 à 15 derniers mois », selon les termes du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a renchéri mardi en affirmant que la Syrie avait accueilli des responsables du régime irakien déchu et que l’Irak y avait transféré des armes avant l’intervention américano-britannique.
M. Straw a nié, comme il l’avait fait la veille à Bahrein, que la Syrie soit au nombre des prochains objectifs militaires des Etats-Unis. « Il n’y a pas de liste et la Syrie n’y figure pas », a-t-il assuré.
Il a estimé que la nouvelle configuration régionale représentait « une chance d’un important nouveau départ pour la Syrie », qu’il a instamment conviée à « accepter la nouvelle réalité » créée par la chute de Saddam Hussein.
Dans les mêmes termes, M. Straw a appelé le Conseil de sécurité de l’Onu, et surtout ses cinq membres permanents, à « ne pas louvoyer et à accepter la nouvelle réalité en Irak », « au lieu de se disputer sur ce qui est arrivé, sur ce qui aurait pu advenir ».
La majorité des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (France, Russie et Chine) étaient opposés à la guerre en Irak décidée par les deux autres pays membres (Etats-Unis et Grande-Bretagne).
Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan s’est dit lundi « inquiet face aux récentes déclarations visant la Syrie », redoutant « une déstabilisation plus importante d’une région déjà lourdement affectée par la guerre en Irak ».
M. Straw quittait la région mardi pour Athènes, où l’attend un sommet sur l’élargissement de l’Union européenne et des collègues également inquiets, parmi lesquels le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin, qui a appelé à « la retenue » et à « la recherche de règlements ».
[source – yahoo.com]