La presse tenue à l’écart alors que la colère monte à Bagdad

La presse tenue à l’écart alors que la colère monte à Bagdad

Des militaires américains ont éloigné mardi la presse d’une manifestation d’Irakiens dans le centre de Bagdad alors que la colère montait chez les habitants de la ville en dépit de promesses sur la sécurité et le rétablissement de l’électricité.

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Quelque 300 manifestants étaient réunis pour la troisième journée consécutive devant l’hôtel Palestine, où les Américains ont installé un centre d’opérations, pour demander le rétablissement des services publics et le déploiement de la police dans la capitale.

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Dans le même temps, à Nassiriyah, au sud de Bagdad, des milliers de chiites ont organisé une manifestation pour protester contre la tenue, sous l’égide des Etats-Unis, d’une réunion de l’ex-opposition où les formations d’exilés sont prédominantes.

Les Etats-Unis ont annoncé mardi plus de patrouilles pour assurer la sécurité dans les rues de Bagdad, livrées pendant plusieurs jours aux pillards, et promis le retour rapide de l’électricité coupée depuis le 4 avril.

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L’électricité est le problème central de Bagdad où vivent plus de cinq millions d’habitants. Ni les commerces, ni les entreprises, ni les institutions publiques comme les hôpitaux ne peuvent fonctionner sans courant et la vie quotidienne devient de plus en plus difficile.

Des militaires américains ont éloigné la presse internationale qui tentait de couvrir une nouvelle manifestation d’Irakiens en colère face à la lenteur du retour à la normale, après la chute du régime de Saddam Hussein.

Un officier des Marines, le colonel Zarcone, a expliqué aux journalistes: « Nous voulons que vous vous retiriez vers l’arrière de l’hôtel car ils manifestent uniquement parce que la presse est là ».

Les manifestants se sont ensuite éloignés mais ont hurlé: « Non, Non aux Etats-Unis! », lorqu’ils ont vu passer trois énormes engins amphibies blindés des Marines, sur la place où le 9 avril des Irakiens avaient déboulonné une statue de Saddam Hussein avec l’aide d’un char américain.

Selon un porte-parole américain, le caporal des Marines John Hoellwarth, de nouvelles patrouilles conjointes, entre policiers irakiens et militaires américains, doivent assurer la sécurité dans les rues de la capitale irakienne.


Il n’a pas précisé dans quels quartiers de la ville ces patrouilles allaient avoir lieu, et notamment si elles allaient se risquer dans la banlieue chiite de l’ex-Saddam City, rebaptisée al-Sadr City, du nom d’un imam révéré par les chiites irakiens et assassiné en 1999, sans doute sur ordre de Saddam Hussein.

Une première patrouille de ce type a eu lieu lundi, et le caporal Hoellwarth a précisé que les forces américaines avaient demandé que 150 policiers reprennent du service. Près de 1.000 auraient répondu à l’appel.

Pendant plusieurs jours après l’entrée de l’armée américaine dans Bagdad, la ville a été la proie des pillards et des incendiaires, sans que l’armée américaine n’intervienne pour les arrêter.

« Nous ne resterons pas plus du temps qu’il ne faudra pour aider les Irakiens à remettre en état les infrastructures nécessaires et les aider à rétablir un gouvernement », a affirmé le caporal Hoellwarth.

Il a également indiqué que cinquante ingénieurs avaient entamé l’inspection du système électrique de la capitale irakienne. « Nous pensons que l’électricité sera rétablie dans certains quartiers de Bagdad dans deux ou trois jours », a-t-il assuré.

L’exaspération était perceptible aussi bien dans les commentaires des gens de la rue que dans ceux des dignitaires religieux qui sont les seuls à avoir un discours politique depuis la chute du régime de Saddam Hussein.

Emmenés par des dignitaires religieux, des manifestants à Nassiriyah, quelque 20.000 selon des journalistes, ont scandé: « Oui, oui à la liberté ! », « Oui, oui à l’islam ! », « Non à l’Amérique, non à Saddam ! ».

[source – yahoo.com]