Les forces américano-britanniques ont de nouveau bombardé violemment Bagdad dans la nuit de dimanche à lundi, touchant un palais présidentiel utilisé par Koussaï Hussein, fils du numéro un irakien, et commandant de la Garde républicaine. A Washington, certains dirigeants comme le secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfeld sont sur la sellette concernant leur manière de conduire la guerre.
Trois énormes explosions ont ébranlé le centre de la capitale aux premières heures de lundi, provoquant un incendie tout près du ministère de l’Information, contre lequel le commandement central américain au Qatar dit avoir tiré un missile Tomahawk. Selon un journaliste de Reuters, le ministère, déjà touché par un missile samedi matin, semble avoir subi de nouveaux dégâts.
Quelques heures plus tard, alors que l’aube pointait, deux nouvelles explosions de forte puissance ont secoué le centre. Cette fois, c’est un palais présidentiel, situé sur la rive ouest du Tigre, qui a été touché, et dont s’échappe des flammes. Ce palais avait déjà été pris pour cible dimanche et avait reçu plusieurs missiles dans les premiers jours de la guerre.
Les bombardements aériens de Bagdad et de sa périphérie se sont intensifiés ces dernières 48 heures. Dans la nuit de dimanche à lundi, indique le Q.G américain au Qatar, les attaques aériennes ont été menées simultanément par des B-1, B-2 et B-52 qui avaient décollé de bases différentes. Leur objectif était de frapper « les centres de contrôle et de commandement du régime irakien à Bagdad, en utilisant des munitions de précision ». Les Américains disent avoir également pris pour cible, dans la journée de dimanche, un camp d’entraînement des fedayine irakiens (paramilitaires) dans l’est de Bagdad, ainsi qu’un bâtiment des services de renseignement et des sites de missiles sol-air.
COMBATS PRES DE BASSORAH
Des B-52 ont également bombardé Mossoul et Kirkouk, deux grandes villes du nord de l’Irak.
Côté irakien, le vice-Premier ministre irakien a estimé dans une interview que la guerre se déroulait d’une manière très favorable pour l’Irak, et il a jugé « héroïque » la décision de l’Irak de recourir à des attaques kamikaze.
Bagdad a affirmé dimanche que 4.000 volontaires « venus de tous les pays arabes » étaient arrivés en Irak pour combattre aux côtés des troupes irakiennes, certains se disant même prêts à se transformer en kamikazes. L’organisation palestinienne du Djihad islamique, qui a revendiqué dimanche un attentat suicide à Netanya en Israël, où 30 personnes ont été blessées, a déclaré avoir envoyé des kamikazes en Irak.
Dimanche, un chauffeur de camion a foncé au Koweït sur un groupe de soldats américains, blessant 15 d’entre eux. On ignore le mobile exact du chauffeur, blessé par d’autres soldats et actuellement dans un état critique à l’hôpital.
Sur le front sud irakien, les forces britanniques qui se battent pour le contrôle des banlieues de Bassorah ont affirmé dimanche avoir fait prisonnier un général irakien et tué un colonel de la Garde républicaine au cours de combats dans un quartier périphérique tenu par des miliciens irakiens. L’Irak a démenti.
RUMSFELD REJETTE LES CRITIQUES
Selon des habitants ayant fui la ville, les forces irakiennes tiendraient toujours bien en main Bassorah.
Un hélicoptère américain s’est écrasé d’autre part dans le sud de l’Irak, provoquant la mort de trois soldats, a annoncé dimanche le Commandement central de l’armée américaine, selon lequel il n’aurait pas été la cible de tirs hostiles.
Au total, les Américains déplorent officiellement, depuis le début du conflit, au moins 39 morts et 104 blessés ainsi que 17 disparus, et les Britanniques 24 tués. On ignore combien de militaires irakiens sont tombés mais le chef de la diplomatie irakienne, Nadji Sabri, a, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, écrit que 420 civils irakiens avaient péri et qu’au moins 4.000 autres avaient été blessés depuis le début du conflit.
Dimanche, l’état-major américano-britannique a exclu toute pause opérationnelle dans les combats en Irak, alors que l’avant-garde de l’US Army semble s’installer durablement à distance de Bagdad.
Donald Rumsfeld a lui aussi balayé toute idée de pause ou de cessez-le-feu dans la progression vers Bagdad, option qui semble pourtant avoir la faveur du général Richard Myers, chef d’état-major interarmes.
Rumsfeld a en outre rejeté les critiques de ceux qui l’ont mis en cause ces derniers jours en estimant qu’il n’avait pas su écouter les conseillers du Pentagone pour lesquels il aurait fallu engager davantage d’hommes et de blindés dans le conflit.
« Ce n’est pas vrai », a-t-il assuré dimanche. « Je crois que si vous demandez à quiconque a été impliqué dans le processus au Commandement central, vous déterminerez que tout ce qu’ils avaient demandé a été exaucé ».
Le secrétaire d’Etat Colin Powell a affirmé haut et fort sa confiance dans le plan militaire américano-britannique, et a pointé du doigt la Syrie, en lui demandant de choisir clairement entre un soutien à Bagdad et aux « organisations terroristes », ou une voie différente, « porteuse d’espoir ». Vendredi, Rumsfeld avait assuré que des cargaisons d’armes avaient été acheminées en Irak depuis la Syrie.
[source – yahoo.com]