Des explosions ont secoué Bagdad jeudi à l’aube au début d’une guerre lancée par les Etats-Unis pour désarmer l’Irak et renverser Saddam Hussein.
Des avions de combat ont survolé la capitale, les batteries de DCA irakiennes ont ouvert le feu et les sirènes d’alerte aérienne ont retenti vers 05h30 (02h30 GMT), une heure et demie après l’expiration de l’ultimatum américain à Saddam Hussein.
Le président irakien avait jusqu’à 01h00 GMT pour choisir entre l’exil ou la guerre.
A Washington, la Maison blanche a confirmé que « la première phase du désarmement du régime irakien (avait) débuté ».
Le président George W. Bush s’est adressé ensuite à la télévision américaine pour annoncer que « les premières étapes de ce qui sera une campagne large et concertée » avaient commencé.
« Sur mon ordre, les forces de la coalition ont commencé à frapper des objectifs ciblés pour leur importance militaire. »
On ignore encore quelles cibles ont été visées à Bagdad.
Nadim Ladki, correspondant de Reuters présent dans le centre-ville, a déclaré que les premières explosions semblaient provenir des quartiers sud et est.
Des nuages de fumée noire se sont élevés d’un quartier de l’est où la même cible semble avoir été visée à trois ou quatre reprises. Plusieurs explosions ont secoué plus tard le centre de la capitale.
A en croire une source gouvernementale à Washington, les raids ont visé « des éléments de la direction irakienne identifiés par les services de renseignement américains ».
La principale fréquence de la radio d’Etat irakienne semble avoir été piratée par les services de l’armée américaine.
« Voici le jour que nous attendions », a déclaré en arabe un présentateur peu après une brusque interruption des programmes habituels de la radio.
BAGDAD VILLE-FANTOME
Près de 175.000 soldats américains et britanniques se trouvent dans le nord du Koweït, attendant l’ordre de déclenchement d’une invasion.
Mercredi, des soldats américains et britanniques sont entrés dans la zone démilitarisée entre le Koweït et l’Irak, évacuée en début de semaine par les observateurs de la Monuik (Mission d’observateurs des Nations unies pour l’Irak et le Koweït).
Près de deux millions de tracts ont été largués par l’aviation anglo-américaine sur une trentaine de sites militaires et civils du sud-ouest de l’Irak. Dix-sept soldats irakiens se sont rendus aux forces présentes dans le nord du Koweït, a déclaré l’armée américaine.
La guerre devrait commencer par deux jours de bombardements intenses, au moyen d’avions et de missiles de croisière, prévoient les stratèges américains. Ce serait alors la période dite « de choc et d’effroi » selon la terminologie de l’armée américaine, qui viserait, par le largage de 3.000 bombes, à démoraliser l’armée ennemie et à provoquer des capitulations.
A Bagdad, capitale de six millions d’habitants qui bruissait encore d’activité lundi, les rues étaient désertes, les magasins et les écoles fermés. La plupart des habitants se sont terrés chez eux dans l’attente de l’expiration de l’ultimatum.
Un officier de l’armée américaine a annoncé à ses troupes une guerre d’une rapidité sans précédent. Mais dans sa brève allocution prononcée jeudi à 03h15 GMT, George Bush a déclaré qu’une « campagne sur le difficile terrain d’une nation aussi vaste que la Californie pourrait être plus longue et plus difficile que certains ne le prédisent ».
Dans la journée de mercredi, l’administration Bush avait demandé aux Américains de se préparer à une guerre contre l’Irak, qui coûtera des vies et dont la durée ne peut être prédéterminée.
La Turquie n’envisage plus d’ouvrir son territoire aux 62.000 soldats américains en attente d’un déploiement dans ce pays pour ouvrir un front dans le nord de l’Irak. Ankara ne demandera plus au parlement que d’autoriser, jeudi, l’ouverture de l’espace aérien turc aux avions de combat américains, sans leur donner accès aux bases aériennes du pays, même pour un ravitaillement.
PARIS ET BERLIN REAFFIRMENT LEUR OPPOSITION
En Irak, le parlement s’est réuni en séance extraordinaire, mercredi, et les députés ont juré de se sacrifier pour Saddam Hussein.
Aux Nations unies, où des ministres des Affaires étrangères de pays membres du Conseil de sécurité avaient une dernière tribune pour s’exprimer avant un déclenchement des hostilités, l’Allemand Joschka Fischer et le Français Dominique de Villepin ont réaffirmé leur hostilité envers le conflit imminent.
Pour le ministre français, une telle guerre va exacerber le terrorisme dans le monde. Joschka Fischer a rejeté « avec force » cette intervention, réaffirmant qu’à ses yeux, les moyens pacifiques pour désarmer l’Irak n’avaient pas été épuisés.
Les conséquences économiques d’une guerre en Irak devraient dominer les discussions du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne qui se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles.
C’est une Europe divisée sur le conflit en Irak qui tiendra sommet, Tony Blair ayant mardi soir rendu Paris responsable de l’échec des tractations diplomatiques sur l’Irak à l’Onu. Les autorités françaises ont exprimé mercredi leur indignation, se disant « choquées et peinées ».
[source – yahoo.com]