Tony Blair a averti mardi la France et la Russie qu’un recours à leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’Onu risquait de mettre en péril les relations transatlantiques et de laisser Saddam Hussein imaginer qu’il peut échapper à ses obligations en matière de désarmement.
« Je crains que si ces pays parlent d’utiliser leur veto dans toutes sortes de circonstances, cela revienne à dire à Saddam (Hussein): ‘Vous êtes tiré d’affaire' », a déclaré à la presse le chef du gouvernement britannique à l’issue d’un entretien avec son homologue portugais José Manuel Durao Barroso.
« J’espère que nous ne parlerons pas de veto (…), mais que nous chercherons plutôt un terrain d’entente pour nous ménager une issue », a-t-il poursuivi. « Ce que nous nous efforçons de faire à présent au Conseil de sécurité, c’est de proposer des idées très claires sur ce que l’Irak doit mettre en oeuvre pour faire la preuve qu’il est prêt à désarmer de son plein gré.
« Désolidariser l’Europe des Etats-Unis – alliance qui nous a bien servi durant plus d’un demi-siècle – serait, je pense, très, très dangereux », a estimé Tony Blair. « C’est la raison pour laquelle nous devons trouver un terrain d’entente qui nous réunisse à nouveau. Je travaille jour et nuit pour y parvenir. »
L’OPINION BRITANNIQUE MENAÇANTE
La détermination de la France et de la Russie n’est pas l’unique obstacle auquel Londres et Washington se trouvent confrontés.
Seuls 19% des Britanniques se déclarent en effet favorables à une initiative militaire sans mandat de l’Onu, si l’on en croit un sondage publié mardi.
Qui plus est, Clare Short, secrétaire au Développement international et personnalité de poids au sein du gouvernement, a brandi la menace d’une démission en cas d’intervention sans l’aval onusien.
Face à cette opposition, à laquelle s’ajoute la fronde d’une partie importante des élus travaillistes, Tony Blair a annulé l’ensemble de ses engagements pour se consacrer entièrement à la recherche d’une majorité au sein du Conseil de sécurité.
A New York, l’ambassadeur de Grande-Bretagne aux Nations unies, Jeremy Greenstock, a laissé entendre que le projet de résolution n’était pas immuable, tout comme la date butoir du 17 mars.
« Nous ne pensons pas être en bout de course, nous-mêmes n’avons pas épuisé les propositions que nous pourrions soumettre au Conseil de sécurité », a-t-il souligné sur l’antenne de la BBC.
Paris et Moscou n’ont pas baissé la garde pour autant. Jacques Chirac a clairement affiché lundi soir l’intention de la France de s’opposer à tout recours automatique à la force et le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, a réitéré mardi matin son hostilité au projet de résolution que Londres et Washington entendent soumettre aux membres du Conseil.
[source – yahoo.com]