Les dernières tentatives diplomatiques pour éviter une guerre en Irak se poursuivent alors qu’à Bagdad des milliers de policiers armés, dont 120 candidats à des opérations suicide, ont défilé mercredi sur fond d’accélération des préparatifs américains de guerre.
Le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer se rend mercredi à Paris, où il va discuter avec ses homologues français et russe, Dominique de Villepin et Igor Ivanov, de l’évolution du dossier irakien au Conseil de sécurité de l’Onu. Le ministre allemand a annulé tous ses rendez-vous pour venir dans la capitale française. Le Pentagone a indiqué de son côté que 230.000 militaires américains étaient désormais déployés aux portes de l’Irak, prêts à entrer en guerre, et a annoncé que 60.000 autres avaient été mobilisés.
« Il faut que les Américains comprennent que si l’armée reçoit l’ordre d’entrer en Irak, ce sera la guerre et que cette guerre sera très dangereuse et sale et qu’il y aura des pertes », a déclaré à Washington le chef d’état-major américain, le général Richard Myers. « La mobilisation totale concerne plus de 300.000 hommes, mais cela ne veut pas dire que tous seront effectivement déployés dans la région » et ils pourraient être effectivement appelés en renfort durant ou après un conflit, a précisé le Pentagone.
Le chef d’état-major a aussi estimé que les Etats-Unis étaient parfaitement capables de mener une offensive dans le nord de l’Irak mais qu’elle serait « beaucoup plus difficile » si la Turquie maintenait son refus de laisser transiter des forces américaines par son territoire. La situation semble toutefois se débloquer. A Ankara, le chef d’état-major des armées turques, le général Hilmi Ozkok, a déclaré mercredi à la presse que l’armée appuyait la politique du gouvernement en faveur d’un déploiement de troupes américaines dans le pays.
Pour sa part, le président américain George W. Bush a répété que quels que soient les choix du président irakien Saddam Hussein, ce dernier « sera désarmé ». Les Etats-Unis sont prêts à déclencher une guerre contre l’Irak avec ou sans mandat des Nations unies, a toutefois souligné Colin Powell. Le Conseil de sécurité tiendra une réunion publique vendredi au niveau des ministres des Affaires étrangères, a annoncé l’Onu.
Les Etats-Unis décideront « en début de semaine prochaine quand ils soumettront au vote » du Conseil une nouvelle résolution leur permettant de déclencher les hostilités contre l’Irak, a indiqué le secrétaire d’Etat américain Colin Powell. « Nous allons attendre ce que (les chefs des inspecteurs en désarmement) Hans Blix et Mohamed ElBaradei ont à dire dans leur rapport vendredi », a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
De son côté, la Russie n’exclut pas d’utiliser son droit de veto à l’Onu, a réaffirmé le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov. Ce dernier qui se trouve à Paris où il a été reçu par le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, juge que c’est le peuple irakien qui ferait les frais des plans américains visant à renverser Saddam Hussein et que cela ferait le jeu des islamistes.
L’armée israélienne, jugeant que la date d’une frappe américaine contre l’Irak « approche », a appelé mercredi la population à s’équiper du matériel nécessaire pour faire face à attaque de missiles irakiens. A Moscou, un haut responsable de la diplomatie a pour sa part estimé qu’une opération militaire américaine contre l’Irak était « probable ». Au Vatican, le pape Jean Paul II a demandé mercredi un « effort commun pour éviter à l’humanité un autre conflit dramatique ». M. Bush doit rencontrer le cardinal Pio Laghi, l’émissaire du pape Jean-Paul II porteur d’un message contre la guerre. En outre, les catholiques du monde entier ont été invités par Jean Paul II à jeûner mercredi pour la paix.
Bagdad prévoit de détruire mercredi neuf missiles prohibés Al-Samoud 2, le nombre quotidien d’éliminations le plus important depuis le début du processus le 1er mars. Pour la première fois, les Irakiens ont détruit mardi cinq moteurs et une rampe de lancement de missiles prohibés Al-Samoud 2. Dix-neuf missiles Al-Samoud 2 ont été détruits depuis le début du processus d’élimination de ces engins qui concerne une centaine de missiles.
Un sommet islamique extraordinaire sur l’Irak a commencé mercredi ses travaux à Doha au Qatar avec la participation de 55 des 57 membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Le numéro deux irakien Ezzat Ibrahim a traité de « singe » un membre de la délégation koweitienne lors d’une vive altercation. « Tais-toi, tu n’es qu’un petit, un valet et un singe », s’est écrié M. Ibrahim en pleine séance du sommet à l’adresse du ministre d’Etat koweitien aux Affaires étrangères, cheikh Mohammed Sabah Al-Sabah.
Au Caire, le Parti national démocratique (PND, au pouvoir en Egypte) organise mercredi une « immense marche populaire » contre la guerre en Irak.
[source – yahoo.com]