Pour mettre fin aux systèmes de troc musical, une société américaine a créé un logiciel de filtrage, qu’elle teste sur le réseau d’une université américaine. Un projet quasi mort-né tant les obstacles et les parades sont nombreux.
Bien que le feuilleton Napster ait démontré toute la difficulté qu’il y a à filtrer correctement les échanges des réseaux peer-to-peer, certaines sociétés américaines ne désespèrent pas de trouver la solution miracle. Peu importe si, au passage, la vie privée de tous les utilisateurs du net, et pas seulement celle des téléchargeurs les plus avides, en prend un sérieux coup.
Ainsi la société Audible Magic teste sur le réseau de l’Université du Wyoming ce qu’elle présente comme une nouvelle technologie: un logiciel qui permet à l’administrateur réseau de savoir exactement quels fichiers sont échangés via les systèmes de troc musical, tels Kazaa ou Morpheus, ou même simplement envoyés sur le réseau. Cela concerne donc aussi bien les fichiers type MP3, qu’un simple email d’un des étudiants de cette faculté.
Techniquement, ce logiciel est installé sur les routeurs d’un réseau ou sur les passerelles qui mènent à l’internet; il crée une copie de tout le trafic, identifie les paquets de données qui utilisent le FTP ou la technologie Gnutella, et recrée les fichiers échangés pour les identifier. Les premiers résultats de l’expérience ont permis d’identifier quels fichiers les étudiants s’échangeaient et en quelle quantité. Sur 24 heures, une chanson du rappeur américain Big Tymers a été le fichier le plus populaire, en transitant 188 fois via le réseau Gnutella.
Prochaine étape: bloquer les fichiers identifiés
Audible Magic démarre actuellement de nouvelles sessions de tests avec d’autres universités, des entreprises, mais aussi un petit fournisseur d’accès. La prochaine étape dans le développement de son logiciel sera de bloquer carrément les fichiers qu’il identifie. L’éditeur affirme détenir un annuaire contenant près de 3,5 millions de fichiers audio. En théorie, les MP3 pourraient être bloqués au moment où ils passent dans le filtre et reconnus par comparaison avec cette base de données.
Mais la pratique risque de s’avérer nettement plus compliquée. Car il va falloir prouver les performances du logiciel sur un réseau beaucoup plus étendu que celui d’une entreprise ou d’une université. Napster, comme d’autres, s’y sont déjà cassé les dents. Par ailleurs, les capacités informatiques nécessaires pour organiser une telle surveillance seraient énormes et très coûteuses.
Enfin, avant d’envisager tout filtrage, il faut posséder une liste de fichiers sous copyright à bloquer. Or les majors semblent réticentes à entrer dans un tel engrenage, car elles devraient quasiment recenser l’ensemble des morceaux jamais enregistrés et, surtout, tenir cette liste à jour à chaque fois qu’un nouveau titre sort.
Au-delà même des éventuelles inquiétudes pour la protection de la vie privée, qui s’élèveront inévitablement si un tel système devait fonctionner, les réponses apportées par les créateurs des systèmes d’échange de fichiers rendraient rapidement une telle technologie obsolète. Actuellement, les informations qui circulent via ces réseaux ne sont pas brouillées. Mais les développeurs pourraient très rapidement y intégrer, si le besoin s’en faisait sentir, de nouveaux programmes pour chiffrer ces données, et rendre ainsi complètement aveugles les logiciels de « tracking » comme celui d’Audible Magic.
[source – ZDNet.fr]