L’hebdomadaire américain a retiré de son site web un article qui attribuait la diffusion du virus-ver à un groupe d’extrémistes musulmans. En fait, le journal s’est fait piéger par un confrère qui trouve la presse trop crédule sur le « cyberterrorisme ».
Par crainte d’avoir été manipulé, le magazine américain Computerworld, du groupe IDG, a préféré retirer un article paru le 5 février dans son édition électronique aussitôt après l’avoir publié. Le journaliste assurait avoir échangé pendant deux semaines des informations par e-mail avec le prétendu militant d’un groupe d’extrémistes musulmans qui clamait la paternité du virus-ver « SQL Slammer » ou « Sapphire ». Ce programme malveillant s’est infiltré à partir du 25 janvier dans des dizaines de milliers de serveurs SQL, entraînant d’importants blocages et saturations sur le réseau internet.
L’article titré «Un groupe terroriste revendique la responsabilité pour le ver Slammer» a été retiré et le journal affiche désormais un avertissement: «Computerworld a retiré cet article suite à des doutes sur son authenticité. Nous pensons publier une mise à jour demain». Le lendemain, jeudi 6, rien n’est paru. Vendredi 7 non plus.
L’interlocuteur de Computerworld s’est présenté comme étant un membre du HUM (Harkat-ul-Mujahideen). Comme il est facile de le vérifier auprès des principaux services antiterroristes occidentaux, le HUM est un groupe radical originaire du Pakistan prônant la guerre sainte (jihad), et il figure dans la liste des organisations terroristes établie par le département d’Etat américain. Mais rien n’apparaît au sujet des compétences informatiques de ces combattants de l’ombre.
D’après une dépêche du 7 février de l’Associated Press, l’auteur de l’article s’est fait berné par l’un de ses confrères, un journaliste indépendant qui a inventé l’histoire en se faisant passer pour le prétendu terroriste. Pour lui, cela permettra peut-être d’apprendre aux reporters «d’être plus sceptiques sur les personnes se réclamant impliquées dans des actes de cyberterrorisme».
Confusion des genres?
Selon l’article litigieux publié, le prétendu terroriste aurait déclaré au journal que disséminer le ver Slammer fait partie de leur « cyber jihad » destinée à créer peur et confusion sur l’internet mondial. Pour « prouver » ses dires, l’interlocuteur du journal prétendait avoir « signé » son forfait dans le code source du virus. La présence du chiffre 42 serait la somme des lettres HUM selon leur emplacement dans l’alphabet latin, H = 8, U = 21, M = 13. Une explication un peu courte, pourtant, pour les experts en sécurité informatique interrogés dans le même article.
Enfin, on apprenait par la voix de Bill Murray, chef du centre de protection des infrastructures du FBI, que le groupe HUM n’était pas reconnu « suspect », mais que les enquêteurs s’étaient penchés sur d’éventuelles connexions entre ce groupe et le ver Slammer.
À quelques jours d’une éventuelle intervention militaire en Iraq, alors que les agents d’influence américains préparent l’opinion publique à la guerre, les propos belliqueux du prétendu terroriste étaient presque « trop » réalistes: «Ne mésestimez pas nos capacités à créer la peur et le chaos sur l’internet en utilisant des programmes que nous trouvons et que nous modifions pour nos propres besoins», expliquait-il au journal avant que l’article ne soit retiré. Pourtant, le journaliste était prévenu: «Nous utilisons l’internet pour répandre la désinformation et la confusion». C’est plutôt réussi.
[source – ZDNet.fr]