Irak : des diplomates s’en vont, Poutine hausse le ton

Le départ de Bagdad de diplomates européens, dont des Polonais qui y dirigent la section des intérêts américains, a été annoncé lundi alors que le président russe Vladimir Poutine dénonçait le rôle de l’Irak dans la crise.

« Krzysztof Bernacki, en poste depuis deux ans, et deux autres diplomates polonais représentant les intérêts américains quitteront Bagdad mercredi par la route pour Amman », a déclaré un représentant de l’ambassade de Pologne, qui représente les intérêts américains depuis juin 1991, après la guerre du Golfe. Le département d’Etat américain a remercié les diplomates polonais pour leurs « efforts », et son porte-parole Richard Boucher a laissé entendre que leur départ ne signifiait pas que Washington avait décidé de se lancer dans une opération militaire.

agrandir la photo Cette semaine a commencé un intense ballet diplomatique autour de la crise irakienne. Vladimier Poutine, dans une conférence de presse commune avec le Premier ministre italien Silvio Berlusconi près de Moscou, a estimé que « la responsabilité de la crise repose en majeure partie sur l’Irak et nous faisons constamment pression sur Bagdad ». Le Premier ministre britannique Tony Blair a appelé lundi les dirigeants russe, français, allemand, italien, espagnol et grec pour les informer de ses discussions vendredi avec le président américain George W. Bush, a annoncé Downing Street.

Dans la matinée, il s’était entretenu au téléphone avec le président français Jacques Chirac, qu’il rencontre ce mardi dans le cadre d’un sommet annuel franco-britannique au Touquet (nord de la France) qui devrait être dominé par l’Irak.

agrandir la photo Les Etats-Unis présenteront mercredi à l’Onu des « éléments convaincants » montrant que l’Irak possède des armes de destruction massive, indique le secrétaire d’Etat Colin Powell dans une tribune publiée lundi par le quotidien Wall Street Journal. « Il n’y aura pas de preuves de flagrant délit, mais nous fournirons des preuves concernant les programmes d’armement que l’Irak tente de cacher avec tant d’insistance », explique M. Powell.

Le conseiller à la présidence irakienne, le général Amer al-Saadi, a déclaré s’attendre à ce que M. Powell expose « un mélange de photos de haute technologie et probablement des enregistrements de conversations téléphoniques supposées entre des responsables irakiens ». D’après le général Saadi, ces éléments ne permettront pas aux Américains de « convaincre le Conseil de sécurité de leur point de vue ».

agrandir la photo Le chef des inspecteurs en désarmement de l’Onu Hans Blix a appelé dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung M. Powell à présenter des informations concrètes sur des lieux précis pouvant être vérifiées par les inspecteurs sur place. Des membres du Parlement européen ont annoncé avoir remis lundi à M. Blix à New York des « preuves » que Bagdad dispose de composants permettant d’obtenir des armements interdits, certaines portant sur des sites de stockage de tels produits, et d’autres montrant que les autorités irakiennes continuaient « jusqu’au mois dernier » à en commander à l’étranger, selon la Britannique Emma Nicholson.


De son côté, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a lancé une mise en garde contre la guerre : « Le terrorisme vaincra » si l’Irak est attaqué, a-t-il dit, en jugeant exclu que le président irakien quitte son pays pour éviter un conflit. Saddam Hussein « restera en Irak ou y mourra », a-t-il ajouté à des journalistes après la clôture du premier sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union africaine à Addis Abeba. Le président libanais, Emile Lahoud, a appelé les Arabes à mettre de côté leurs divisions et à soutenir les efforts visant à éviter une guerre « dont l’impact, si elle a lieu, n’épargnera aucun Etat ».

Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a indiqué que Paris avait « fermement l’intention de conserver son autonomie ». Dans une interview à la chaîne de télévision TF1, M. Raffarin a ajouté : « On nous annonce des preuves, le président américain dit qu’il a des preuves, Colin Powell vient les présenter au Conseil de sécurité : que les inspecteurs regardent ces preuves, qu’on puisse les analyser, et qu’on débatte au sein du Conseil de sécurité ».

La Maison Blanche a toutefois souligné que la France et l’Allemagne sont « avec nous » dans la lutte contre le terrorisme et pour obtenir que l’Irak désarme. « Ils sont clairement avec nous. La question porte sur le recours à la force militaire », a déclaré le porte-parole présidentiel Ari Fleischer. La Suisse a annoncé qu’elle voulait organiser en février une conférence sur les conséquences humanitaires d’une guerre en Irak, en invitant notamment les pays de la région et les Etats-Unis.

Le porte-avions américain USS Abraham Lincoln est arrivé durant le week-end en mer d’Oman. Dans la région se trouvent désormais, outre le Lincoln, les porte-avions USS Constellation, dans le Golfe, et USS Harry S. Truman, en Méditerranée orientale. Un quatrième porte-avions, USS Theodore Roosevelt, doit appareiller pour la Méditerranée dans la semaine. A Ankara, le dirigeant du parti au pouvoir Recep Tayyip Erdogan a commmencé une campagne pour une participation de la Turquie à un éventuel conflit. Les interêts régionaux de la Turquie ne lui permettent pas de rester en dehors d’un conflit si la guerre éclate en Irak, a-t-il affirmé dans un discours à son groupe parlementaire.

Par ailleurs, quelque 50.000 Irakiens armés ont défilé mardi à Mossoul, dans le nord de l’Irak, sous le regard du numéro deux du régime Ezzat Ibrahim, dans une démonstration de force.

[source – yahoo.com]