La fin des liaisons dangereuses ?

Apple libérée du joug de Microsoft ? Et pourquoi pas ! Les relations historiquement agitées des deux frères ennemis de l’informatique, les derniers logiciels présentés par Steve Jobs, comme la fin de l’accord qui unissait les deux firmes, semblent militer dans ce sens.

Lancé le 7 janvier 2002, Keynote, l’application de présentation d’Apple qui concurrence le célèbre PowerPoint de Microsoft, fait l’objet d’une attention particulière. Les forums ne tarissent pas sur le sujet et les développeurs de la Pomme étudient avec intérêt les réactions des premiers clients. Preuve de ce suivi : Apple vient de confirmer que certains problèmes d’affichage étaient directement liés au type de carte graphique utilisée. Idem pour Safari : le logiciel de navigation rencontre un succès fulgurant et se répand comme une traînée de poudre chez les utilisateurs de Mac OS X. Et la lignée d’applications concurrençant directement les logiciels Microsoft pourrait ne pas s’arrêter là ! Selon les sites MacWhispers et MacosXrumors, les équipes de développement d’Apple sont déjà au travail et on pourrait prochainement assister au lancement d’un outil qui ferait jaser davantage encore. Intitulé Document, selon MacWhispers, il s’appuierait sur les mêmes fondations que Keynote, à savoir des fonctions spécifiques à Mac OS X (utilisation de fichiers multimédia, de PDF, capacité graphique…), et serait capable d’importer et d’exporter des fichiers à de multiples formats, dont ceux supportés par Word, Excel, ou Photoshop. Un Office Mac, version Apple ? Les rumeurs d’une suite made in Cupertino ne datent pas d’hier ! Elles enflent de façon démesurée depuis juillet dernier, mais Internet s’en fait l’écho depuis 2001, depuis qu’OpenOffice, la suite bureautique en Open Source, est à la portée de tous les développeurs.

Couper les ponts avec Microsoft

Pour Apple, offrir une alternative aux Word et Excel de Microsoft serait hautement stratégique ! Cela reviendrait à tout bonnement couper les ponts avec l’éditeur de Redmond. Cupertino n’aurait, de fait, plus à supporter le poids de cette liaison qui conditionne ses développements depuis la naissance du Basic et d’Excel 1.0. Si la rupture du cordon ombilicale est en cours, elle pourrait avoir commencé dès 2002, lors de la fin du contrat d’échange de technologies qui avait rapproché Apple et Microsoft en 1997. Depuis, Apple n’a en effet pas hésité à montrer à son rival qu’elle envisageait de se passer de ses services et Microsoft pas manqué de réagir. Ce dernier s’est notamment plaint de la lenteur du passage à Mac OS X, responsable, selon lui, du timide succès d’Office X. Et la bataille de s’étendre à presque tous les domaines de prédilection des deux firmes : lecteurs multimédia (QuickTime, MPEG-4, contre Windows Media Player), applications liées à l’Internet (Mail, Safari, iSync contre Entourage, Explorer et autres), stratégie Open Source embrassée par Apple, contrecarrant totalement les choix adoptés par l’inventeur de Windows…

Seul, le terrain bureautique demeure épargné par les combats. Pour combien de temps encore ? Peu de temps, si l’on en croit les bruits de couloir. Si le dernier bastion Microsoft venait à tomber, cela signerait la fin d’une époque. Apple, à la tête d’une solution complète à ses couleurs, s’imposerait comme un réel concurrent du géant du logiciel et non plus comme un vassal, soumis au bon vouloir de l’ogre. Une quête de liberté dont personne, jusque-là, ne semble avoir à se plaindre… Si ce n’est Microsoft.

Microsoft et Apple, une longue histoire à rebondissements
Le lien entre Apple à Microsoft tire ses origines du Basic, le langage de Microsoft qui remplaça l’Apple soft Basic de Steve Wozniak dans les premiers Apple II. Il semblerait même que Microsoft, en menaçant de ne pas renouveler le contrat, soit, à l’époque, parvenu à arracher à Apple une licence portant sur des éléments d’interface graphique (la corbeille, notamment). Mieux : d’après Robert Cringely, un spécialiste du secteur Informatique, Redmond aurait financé son déploiement à l’international en utilisant des fonds versés par Apple pour le développement d’applications destinées à l’Apple III. Depuis, l’histoire des deux créateurs de l’informatique moderne est parsemée de jeux de pression. Apple semble aujourd’hui vouloir s’en dégager en imposant son indépendance logicielle.

[source – vnunet.fr]