Washington reconnait la présence de militaires dans le nord irakien

Le Pentagone a reconnu mercredi la présence de militaires américains dans le nord de l’Irak et espère faire l’économie d’une guerre grâce à un effondrement interne du régime de Saddam Hussein sous la pression extérieure.

La présence de quelques militaires américains dans le nord de l’Irak, signalée ces derniers temps tout comme celle de la CIA par des experts et des médias, a été confirmée par le chef d’état-major américain, le général Richard Myers. « Je ne crois pas qu’on veuille préciser maintenant la localisation de nos troupes, mais il y a des forces militaires peu nombreuses dans le nord de l’Irak », a-t-il déclaré sans autres précisions, lors d’une conférence de presse avec le ministre de la Défense Donald Rumsfeld.

Des hommes des forces spéciales et de l’Agence centrale de renseignement (CIA) travailleraient avec l’opposition kurde au régime irakien pour préparer une éventuelle invasion du pays.

En plus de missions de reconnaissance, ils seront amenés notamment à prendre le contrôle d’aéroports, des champs pétroliers, de sites suspectés d’abriter des armes biologiques et chimiques ou de bases de missiles Scud, ont indiqué mercredi des experts militaires.

« Des forces spéciales sont déjà sur place », a assuré Jay Ferrar, du Centre d’études stratégiques internationales (Center for Strategic and International Studies, CSIS). En cas d’attaque, elles pourront notamment, selon lui, établir des bases intermédiaires pour lancer des opérations dans l’ouest irakien.

De tels éléments sont « probablement sur place depuis quatre ou cinq mois », a estimé l’amiral Stephen Baker, expert indépendant au Center for Defense Information.

Le Pentagone a souligné la contribution importante de commandos américains et alliés, ainsi que des paramilitaires de la CIA en Afghanistan fin 2001, pour guider les bombardements et contacter les forces opposées aux talibans.

Donald Rumsfeld a aussi estimé « possible » mercredi un « effondrement rapide » de Saddam Hussein, quand les Irakiens, dépassant leur peur, seront convaincus que le régime est condamné.

« Les gens de ce pays seraient inconscients de se révolter contre le régime, tant qu’ils ne seront pas convaincus que la force sera utilisée et que que leur leader partira ». Mais « à un certain moment, cela va basculer », a déclaré le secrétaire américain à la Défense.


A partir de ce moment, les choses peuvent aller très vite, a poursuivi M. Rumsfeld en rappelant des précédents historiques comme l’Iran, la Roumanie et l’Allemagne de l’Est.

Le général Myers avait fait état la semaine dernière de « quelques signes d’agitation au sein d’une partie de la direction irakienne ».

Les Etats-Unis pourraient aider Saddam Hussein à trouver un pays d’accueil s’il décidait de partir en exil, a affirmé mercredi de son côté le secrétaire d’Etat américain Colin Powell.

M. Powell présentera à l’Onu des éléments déclassifiés par la CIA le 5 février, parmi les « preuves » que l’Irak refuse de désarmer, a indiqué Donald Rumsfeld. Mais il a surtout vanté les mérites d’une action préventive.

Interrogé sur la présentation de preuves irréfutables, comme des photos satellites, pour incriminer l’Irak, le secrétaire américain à la Défense s’est montré évasif : « Est-ce qu’on attend d’être attaqués ou est-ce qu’on cherche une ligne de conduite » montrant les dangers du régime irakien ?, a-t-il demandé.

Les agressions extérieures et intérieures passées du gouvernement de Saddam Hussein et « ses liens avec les réseaux terroristes sont des preuves aussi fortes que des photographies », a-t-il estimé.

Tout en affirmant que « la fenêtre de la diplomatie » n’était pas encore refermée, Rumsfeld a souligné que « le risque de non-action pourrait impliquer la mort de centaines de milliers d’innocents ».

[source – yahoo.com]