Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne travaillaient mardi à la rédaction d’une nouvelle résolution par laquelle l’Onu autoriserait le recours à la force en Irak, idée qui continuait d’alimenter les polémiques en Europe.
Au lendemain du Sommet de Bruxelles, lors duquel les Quinze ont adopté une position de compromis dans cette crise, et à l’issue duquel le président Jacques Chirac a critiqué les pays candidats à l’adhésion qui se sont rangés derrière les Etats-Unis, plusieurs dirigeants d’Europe de l’Est ont tenté de minimiser la portée des déclarations du chef d’Etat français.
A l’Onu, aucun document n’était attendu avant mercredi. Les responsables américains et britanniques attendent la fin d’une réunion organisée à l’initiative de l’Afrique du Sud, qui préside actuellement le Mouvement des non-alignés (NAM), formé de 115 pays en développement pour la plupart opposés à la guerre. Cette réunion devait débuter mardi à 15h00 (20h00 GMT, 21h00 à Paris) et se poursuivre jusqu’à mercredi.
« Nous travaillons avec nos amis et alliés pour voir si nous pouvons obtenir une seconde résolution », a déclaré mardi le président américain George W. Bush, qui a toutefois ajouté que les Etats-Unis avaient déjà l’autorité nécessaire pour attaquer l’Irak.
WASHINGTON INTENSIFIE LA PRESSION SUR ANKARA
Il a également refusé de dire si Washington introduirait dans cette résolution un ultimatum contre le président irakien Saddam Hussein lui donnant une dernière chance de démanteler les armes de destruction massive que Washington l’accuse de posséder.
Ari Fleischer, porte-parole de la Maison blanche, a précisé que le texte de cette résolution pourrait être prêt « dès cette semaine », sinon la semaine prochaine.
Malgré le fait que le Conseil de sécurité de l’Onu ne soutienne actuellement pas l’intransigeance américaine, Washington intensifie sa pression, y compris sur ses alliés.
Les Etats-Unis ont ainsi estimé mardi que l’heure était venue pour Ankara d’accepter leur aide financière en échange du soutien turc en cas de guerre. Cette aide est censée compenser l’impact économique d’un tel conflit sur la Turquie.
En échange de l’utilisation par les forces américaines des bases aériennes turques, Washington a proposé six milliards de dollars à Ankara et 20 milliards supplémentaires de garantie de crédit. L’offre est actuellement en négociation, car Ankara semble demander bien davantage.
BLAIR SOUTIENT LES PAYS CANDIDATS A L’UE
Alors que les partisans d’un règlement pacifique de la crise irakienne semblent momentanément prendre le dessus, le dirigeant musulman turc Tayyip Erdogan a averti mardi Washington qu’il ne fallait pas prendre pour acquis le soutien d’Ankara à une intervention contre l’Irak.
Son parti, qui est enraciné dans la mouvance islamiste turque, s’est déclaré ouvertement hostile à une guerre contre l’Irak mais les liens militaires, politiques et économiques étroits entre la Turquie et les Etats-Unis rendent difficilement envisageable un rejet turc de la demande d’aide américaine.
Moins de 24 heures après l’adoption par l’UE d’une position commune sur la crise irakienne, les divergences n’ont pas tardé à réapparaître, se cristallisant sur l’attitude des pays candidats à l’adhésion qui ont apporté leur soutien à Washington.
« Je crois qu’ils ont manqué une bonne occasion de se taire », a déclaré hier Jacques Chirac en dénonçant « le danger que comportait un trop rapide alignement sur la position américaine » et en brandissant la menace d’un blocage de l’élargissement de l’UE.
A l’Est, on a choisi de ne pas surenchérir dans les critiques, et la réaction la plus directe a été celle du Premier ministre Tony Blair, allié de Washington, qui, en écrivant aux 13 Premiers ministres des pays candidats pour les assurer de son soutien, a montré la fragilité de la prétendue position « unie » de l’UE.
« Les gens qui veulent séparer l’Europe de l’Amérique jouent le jeu de politique internationale le plus dangereux que je connaisse, » a-t-il souligné lors d’une conférence de presse.
Mardi, les inspecteurs ont poursuivi leur mission de recherche des armes de destruction massive en Irak, visitant au moins huit sites suspects.
Un de leurs porte-parole a par ailleurs confirmé qu’un premier vol d’avion de surveillance U-2 avait eu lieu au dessus de l’Irak lundi, et ajouté que d’autres étaient prévus.
[source – yahoo.com]