Les guerres actuelles sont conduites avec des armes de haute technologie mais ceux qui déclenchent les hostilités et mènent les combats fonctionnent avec des cerveaux qui ont peu évolué depuis la préhistoire, ont expliqué vendredi des chercheurs réunis à Denver (Colorado, ouest).
« Nous avons peut-être la technologie nucléaire, mais nous avons encore des cerveaux datant de l’âge de pierre, nos systèmes sociaux et politiques sont lents à s’adapter, comparés au rythme des progrès technologiques », a expliqué l’anthropologue Paul Roscoe, de l’Université du Maine, lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour les progrès de la science (AAAS).
Cerveaux préhistoriques et armes nucléaires sont « une combinaison souvent mortelle dont les dirigeants politiques feraient bien de se souvenir alors que les Etats-Unis et leurs alliés se préparent à attaquer l’Irak et qu’Américains et Nord-coréens sont en conflit sur l’arme nucléaire », a estimé ce chercheur.
Les hommes sont les seuls animaux qui vont rechercher la confrontation avec leurs ennemis et sont prêts à les tuer pour des actions passées, a encore souligné l’anthropologue qui explique le phénomène par le développement du néocortex, une partie du cerveau qui a permis à l’homme de développer ses outils et son langage, mais qui a aussi des aspects négatifs.
« Les humains ont développé une capacité à modéliser l’action avant qu’elle n’arrive, ils peuvent donc planifier la violence collective, ce qui explique pourquoi nous avons des guerres », a expliqué le professeur Roscoe.
Le néocortex permet également aux soldats de manipuler leurs émotions au moment du combat, en se remémorant des actes de violence perpétrés par leurs ennemis, selon plusieurs chercheurs.
Le Dr Stephen Beckerman note que « l’impulsion de vengeance est loin d’être réservée aux humains. Quand on examine la vengeance sanglante parmi les hommes, ce comportement n’est pas très différent de celui déjà observé chez les primates », selon cet anthropologue de l’Université de Pennsylvanie.
L’anthropologue Lawrence Keely, de l’Université de l’Illinois, note pour sa part que la fréquence des guerres augmente quand la situation économique est difficile. Il estime que l’acte de guerre est probablement aussi ancien que l’humanité elle-même.
Pour le Dr Beckerman, c’est la vengeance qui est la cause numéro un des guerres au sein des sociétés tribales, tant au niveau individuel que pour le groupe. Mais, parallèle intéressant avec la situation actuelle face à l’Irak, il souligne que l’acte de guerre « est souvent explicitement lié à la dissuasion d’une agression future ».
« L’ethnographie fournit des exemples de vengeance préventive motivée par la peur d’une attaque plus puissante », estime-t-il encore.
La riposte sanglante n’est pas toujours immédiate, a rappelé cet anthropologue en citant l’exemple de l’ex-Yougoslavie où « certains dirigeants ont motivé leurs troupes en évoquant la défaite face aux musulmans survenue 900 ans avant leur naissance. La vengeance a la mémoire longue ».
Ce dernier établit cependant une différence fondamentale entre les guerres modernes et les guerres tribales : « La ligne de partage dans l’histoire humaine est survenue quand la décision de partir en guerre a commencé à être prise par des personnes qui ne combattent pas eux-même dans cette guerre ».
Mais, s’inquiète l’anthropologue Paul Roscoe, « les hommes ont dévié de leur chemin d’évolution normal consistant à de battre puis à faire marche arrière, car leurs capacités techniques à se faire du mal ont dépassé leurs capacités sociales et culturelles à modérer leurs comportements irrationnels ». Et de résumer : « Dans un échange thermonucléaire de grande ampleur, la riposte pourrait en théorie supprimer toute l’espèce ».
[source – yahoo.com]