Linux prêt pour ses nouveaux défis

L’attractivité de Linux ne se dément pas, comme en témoigne le salon LinuxWorld Conference and Expo : les visiteurs sont au rendez-vous, de même que les annonces des fournisseurs. Apparemment, le grand méchant SCO ne fait peur à personne…

En ce moment, et jusqu’au 7 août, se tient à San Francisco LinuxWorld Conference and Expo, l’une des plus grandes manifestations consacrées au système d’exploitation Open source. C’est l’occasion pour les fournisseurs informatiques de réaffirmer leur engagement vis-à-vis de Linux et d’annoncer qui de nouveaux serveurs, notamment dotés de processeurs 64 bits, qui le portage sous Linux de ses applications…

IBM lancera ainsi au mois d’octobre un nouveau serveur biprocesseur à base d’Opteron capable de faire fonctionner tant des applications 32 bits que 64 bits. Lancement associé à la sortie d’une adaptation pour cette plate-forme de la base de données DB2 et de la fonction de clustering ICE (Integrated Cluster Environnement).
IBM mise en effet sur le clustering de serveurs Linux, censé apporter le meilleur rapport performance/prix et des coûts d’administration réduits.

Justement, la question de l’administration des serveurs sous Linux, qui est réputée être un de leurs points faibles et un obstacle à une plus large diffusion en entreprise, est également au centre des préoccupations ; des leaders de ce domaine tels Veritas Software, BMC Software ou Computer Associates International ainsi que de plus petits éditeurs – Altiris, Linuxcare, Aduva… – ont annoncé la migration sous Linux de leur portefeuille d’applications.

Red Hat attaque SCO Group

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si SCO Group n’était là pour jeter un voile de suspicion d’ordre juridique sur Linux.
Impossible d’éluder le problème.
Le distributeur Red Hat a, quant à lui, choisi de contre-attaquer en déposant une plainte dans le but de faire reconnaître par un juge que ses produits n’utilisent pas abusivement des droits à la propriété intellectuelle appartenant à SCO.
Ce faisant, il compte dissiper le doute qui pourrait gagner les entreprises à propos de Linux.


Les entreprises ont-elles été impressionnées par les diverses actions de SCO Group, à savoir le procès contre IBM ou plus récemment son intention de leur faire payer un droit d’utilisation de Linux ? Pas vraiment, estime une étude du cabinet Evans Data, lequel a sondé plus de 400 développeurs spécialistes de Linux travaillant soit dans des entreprises utilisatrices, soit chez des intégrateurs ou des VAR. Ainsi plus de 70 % d’entre eux ont déclaré que les mises en garde de SCO n’auront – probablement ou absolument – aucune influence sur la décision de leur entreprise d’utiliser Linux.
Parmi les 30 % restants, 12 % pensent qu’elles auront un impact négatif et 17 % ne savent pas. Conséquence : près de 50 % des répondants prévoient d’utiliser l’an prochain des stations de travail sous Linux pour réaliser leurs développements informatiques, alors qu’ils sont 37 % aujourd’hui.
De même, 48 % d’entre eux prévoient d’utiliser l’an prochain Linux comme système d’exploitation pour exécuter les applications, contre 38 % aujourd’hui.
Et ces personnes ne se sont pas prononcées à la légère : elles affirment avoir évalué les risques potentiels avant de se décider.

KDE tutoie Windows XP

Linux poursuit donc son bonhomme de chemin. Ce chemin le conduira-t-il sur les PC de bureau des entreprises, associé à des suites bureautiques et de travail collaboratif Open source ?
Pour cela, il lui faut, aux yeux de l’utilisateur moyen, supporter la comparaison avec Windows et Office en termes d’ergonomie. Une expérience réalisée par un spécialiste allemand de l’ergonomie des logiciels, Relevantive, tend à prouver que c’est d’ores et déjà le cas. Elle a consisté à comparer la réalisation de quelques tâches simples de type gestion de fichiers soit avec Windows XP, soit avec Linux (dans la distribution de SuSe et avec l’interface graphique KDE) par deux groupes de personnes dotées de quelques compétences informatiques, mais ne connaissant ni Windows XP ni Linux. Le résultat est qu’il a fallu en moyenne 44,5 minutes pour exécuter les tâches proposées pour le groupe Linux, contre 41,2 minutes pour le groupe Windows XP. De plus, 80 % des personnes du groupe Linux estiment qu’elles n’auraient besoin que d’une semaine pour acquérir le même niveau de compétence que celui qu’elles ont avec leur système d’exploitation usuel. Cette proportion monte à 85 % pour Windows XP. Au final, Windows XP semble tout de même avoir encore l’avantage sur KDE puisque 100 % des utilisateurs du groupe Windows XP ont aimé son design alors qu’ils ne sont que 83% dans le groupe Linux.

[source – vnunet.fr] Olivier Le Quézourec