En quelques mois, la filiale télécoms du groupe Louis Dreyfus s’est imposée comme le concurrent le plus sérieux de France Télécom. Le seul à viser tous les segments du marché.
Peut-être un jour en parlera-t-on comme un cas exemplaire. Il aura en tout cas fallu moins de deux ans à LDCom pour accéder au statut d’acteur de poids sur l’un des marchés les plus difficiles d’Europe. Il paraît loin le temps où l’on associait le nom Louis Dreyfus à la pose de fibres optiques sur le territoire et surtout celui où on le cantonnait à la revente de capacité de réseau aux autres opérateurs.
D’abord embarqué dans le fiasco de la boucle locale radio (transmission de données à haut débit par voie hertzienne), LDCom a gardé la tête hors de l’eau et s’est peu à peu imposé comme bras armé de la consolidation quand les défaillances de petits opérateurs ont commencé à se multiplier. Fortel-Squadran, Kaptech, Belgacom France, FirstMark, 9 Telecom et plus récemment Siris, tous ont été avalés par la filiale du Groupe Louis Dreyfus.
Ces rachats ont fini par transformer LDCom en opérateur à part entière, servant aussi bien les autres opérateurs grâce à une infrastructure réseau de plus en plus étoffée, que les entreprises et le grand public. Depuis, LDCom avance à grands pas et sur tous les fronts. A commencer par celui du haut-débit.
LDCom est l’un des principaux acteurs français du dégroupage, l’ouverture à la concurrence du réseau local de France Télécom. Cela lui permet d’être l’un des rares à proposer au grand public dans plusieurs grandes villes de l’Internet rapide ADSL avec un débit dépassant le mégabit par seconde, soit le double des offres ADSL les plus répandues aujourd’hui. Appuyé sur son réseau, LDCom affirme être en mesure de proposer rapidement des offres à très haut débit qui seront indispensables au développement de services d’avenir comme la voix et la télévision sur ADSL.
La maîtrise du réseau permet en outre des audaces marketing. Ainsi 9 Telecom a-t-il récemment lancé les premières offres combinant forfaits d’accès à Internet et forfaits de téléphonie fixe. Et non content de fournir ses nombreuses marques, grand public comme professionnelles, LDCom continue de proposer des capacités à d’autres fournisseurs d’accès, comme dernièrement La Poste.
Non coté en Bourse, LDCom avance de ce fait discrètement. C’est même l’une de ses caractéristiques. Mais les regards se tournent résolument vers cet opérateur aux dents longues dès qu’il s’agit d’imaginer un marché français des télécoms à moyen terme consolidé autour de deux ou trois acteurs. Etant donné la puissance encore énorme de France Télécom, le chemin promet cependant d’être long. Surtout que l’opérateur historique s’est fixé comme objectif de résister comme jamais à l’érosion de ses parts de marché.
[source – latribune.fr] Olivier Nicolas