Les Quinze ont intronisé mercredi à Athènes leurs dix nouveaux partenaires en louant l’unité retrouvée de l’Europe mais cet unisson protocolaire n’est pas parvenu à éclipser la question de l’Irak, qui continue d’éprouver la cohésion européenne.
Le conflit irakien s’est de fait imposé mercredi en arrière-plan du sommet européen, qui s’est ouvert sous la surveillance de quelque 20.000 policiers: des heurts ont éclaté lors d’une manifestation anti-guerre qui a rassemblé 8.000 personnes dans le centre de la capitale grecque.
Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui lançaient des cocktails Molotov. Au moins cinq personnes ont été blessées, dont un policier et un caméraman, et une cinquantaine de manifestants ont été arrêtés.
Des dizaines de vitrines, d’arrêts de bus et de poubelles ont été brisés ou incendiés.
Bien que l’Irak ne figure pas officiellement à l’ordre du jour du sommet, les dirigeants travaillaient mercredi à une déclaration sur l’après-guerre dans un esprit de réconciliation pour tenter d’atténuer les fractures nées de la crise.
Selon des diplomates, le « camp de la guerre » emmené par la Grande-Bretagne et l’Espagne et le « camp de la paix » de la France et de l’Allemagne seraient convenus d’un texte soulignant le rôle « important » ou « essentiel » des Nations unies dans la reconstruction de l’Irak.
Jacques Chirac, qui s’est entretenu avec Tony Blair en marge du sommet, a dit avoir le sentiment que Paris et Londres pourraient « se retrouver » sur cette approche, a-t-on indiqué dans l’entourage du président français.
Le texte était toujours en discussion mercredi après-midi.
En parallèle, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, à Athènes pour deux jours, a entamé des entretiens avec dix des 15 dirigeants européens – il rencontrera Jacques Chirac jeudi matin.
UNE « FORMIDABLE ESPERANCE »
Il devait rencontrer mercredi soir les ministres des Affaires étrangères français, allemand, russe, espagnol et britannique.
L’objectif est de définir le rôle que pourra jouer l’Onu dans l’après-guerre compte tenu du fait que les Américains entendent garder la haute main sur l’administration de l’Irak, du moins dans les premiers mois, voire les premières années.
Dans l’attente d’un délicat compromis sur cette question, les Quinze et les dix pays candidats ont signé dans l’après-midi le traité de l’élargissement lors d’une cérémonie au pied de l’Acropole, quatre mois après la conclusion des négociations d’adhésion à Copenhague.
« Le jour que nous vivons voit se réaliser une formidable espérance. (…) Notre Europe restait une Europe par défaut et ne méritait son nom qu’à moitié tant que la moitié de ses peuples en était interdite », a déclaré Jacques Chirac qui s’est exprimé sous le Portique d’Attale, comme les 24 autres représentants des membres de la nouvelle famille européenne.
Les dix pays feront leur entrée dans l’UE le 1er mai 2004 (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Chypre et Malte) après ratification par les parlements des 25 Etats, trois adhérents – Malte, la Slovénie et la Hongrie – ayant déjà passé ce cap.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE avaient ouvert leur réunion informelle d’Athènes par une discussion avec Valéry Giscard d’Estaing, le président de la Convention chargée de préparer une traité constitutionnel pour l’Europe élargie.
Même si la guerre en Irak et les divisions européennes ont jeté une ombre sur les travaux, ils ont demandé à l’ancien président français de tenir le calendrier prévu en vue de la présentation du texte du traité constitutionnel le 20 juin au Conseil européen de Salonique.
[source – yahoo.com]