Les Etats-Unis restent prudents malgré l’avancée dans Bagdad

Les Etats-Unis restent prudents malgré l’avancée dans Bagdad

Une statue monumentale du président irakien Saddam Hussein a été renversée mercredi sur une place du centre de Bagdad devant une foule enthousiaste de dizaines d’Irakiens.

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Mais en dépit de la progression des chars américains dans la capitale et de signes évidents de délitement du pouvoir de Saddam Hussein, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se refusent pour l’instant à parler de victoire.

A la tombée de la nuit, l’armée américaine estimait avoir « sécurisé » le centre de la capitale, mais des combats se poursuivaient sur la rive occidentale du Tigre, ont constaté sur place les journalistes de Reuters. Des tirs isolés ont également retenti dans d’autres secteurs de la ville.

Comme à Bassorah, dans le Sud chiite, des scènes de pillage de la part des Irakiens ont rapidement suivi la progression des blindés de la coalition américano-britannique dans les rues de Bagdad.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part annoncé la suspension temporaire de ses opérations dans la capitale irakienne en raison d’une situation « chaotique et imprévisible ».

Attaquée au marteau piqueur par des Irakiens, la statue de Saddam Hussein érigée en 2001 près de l’hôtel où résident aujourd’hui la plupart des journalistes étrangers à Bagdad a été renversée par un char américain. Un Marine avait auparavant recouvert la tête de la statue à l’aide de la bannière étoilée, rapidement remplacée par un drapeau irakien.

LIESSE ET PILLAGES

Après sa chute, la statue de marbre a été piétinée par la foule et certains ont lancé leurs chaussures contre le colosse, symbole de mépris au Proche-Orient.

Des scènes de pillage et de liesse avait auparavant accompagné l’entrée au coeur de la capitale des premiers Marines américains venus de l’Est. Des pillards ont entrepris de vider certains bâtiments gouvernementaux sans qu’aucun représentant des forces de l’ordre irakiennes ne soit en vue. Les soldats américains ne sont pas non plus intervenus.

Des Marines ont par ailleurs pris le contrôle de ce qu’ils ont qualifié de QG de la police secrète irakienne, selon un envoyé spécial de Reuters qui a pénétré dans le bâtiment. Le siège de la Direction de la sécurité générale, situé dans l’est de la capitale, était en train d’être pillé quand les soldats sont arrivés.

Malgré ces signes d’une perte de contrôle de Saddam Hussein sur l’Irak qu’il dirige d’une poigne de fer depuis 24 ans, Washington et Londres ont affiché une grande prudence mercredi.

Au 21e jour de guerre, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a ainsi souligné que les combats se poursuivraient encore pour une « certaine période ».

Le porte-parole de la Maison blanche, Ari Fleischer, a pour sa part estimé que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se trouvaient « toujours en pleine guerre ».

Fleischer a dit ne pas savoir si le président George W. Bush avait vu les images de la chute de la statue de Saddam Hussein dans le centre de Bagdad, que le porte-parole de la Maison blanche a lui-même qualifiées de « signes de progrès militaires ».


« Je veux mettre en garde contre toute conclusion hâtive. Il y a encore des villes en Irak contrôlées par le régime et ce que vous voyez à la télévision ne correspond qu’à l’orientation de l’objectif à un moment donné », a insisté Fleischer.

« CE CONFLIT N’EST PAS ENCORE TERMINE »

Ce ton mesuré est également celui adopté par le Premier ministre britannique Tony Blair, dont le porte-parole a dit être « ravi par ce que nous voyons ».

« Ce conflit n’est pas encore terminé », a déclaré Blair aux Communes. « Il est extrêmement difficile, à l’heure où nous parlons, de savoir ce qu’il reste des dignitaires du régime de Saddam (Hussein). »

Un porte-parole militaire américain a rappelé notamment que Tikrit, ville natale du président Saddam Hussein, pourrait être le théâtre d’une résistance semblable à celle rencontrée dans d’autres villes irakiennes.

L’armée américaine a toutefois estimé que l’Irak avait atteint un « point de basculement ».

Dans le Sud, les soldats britanniques déployés à Bassorah, qui ont assisté à des scènes de lynchage et de pillage, craignent que l’anarchie ne l’emporte en l’absence de policiers pour maintenir l’ordre dans la deuxième ville d’Irak.

Malgré la prudence affichée à Washington et Londres, les négociations sur l’après-guerre ont déjà commencé.

Des responsables américains et irakiens se réuniront samedi à Nassiriah pour préparer la mise en place d’un gouvernement provisoire en Irak, a annoncé le vice-président américain Dick Cheney.

Les Etats-Unis ont en outre menacé à mots couverts la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord.

Citant l’exemple de l’Irak, attaqué au motif qu’il possédait des armes de destruction massive selon Washington, John R. Bolton, sous-secrétaire d’Etat américain chargé du contrôle des armes et de la sécurité internationale, a exhorté ces pays à ne pas produire de telles armes.

Rumsfeld a également accusé la Syrie, sur la foi d’informations en provenance des services de renseignement, d’aider des partisans de Saddam Hussein à fuir l’Irak.

[source – yahoo.com]