La SNCF prendra son temps pour embarquer le Wi-Fi

Grâce à des réseaux radio installés dans les TGV, l’usager bénéficiera dans quelques mois de services multimédias, avant l’accès internet proprement dit. La SNCF n’est pas pressée: les tests ne débuteront pas avant l’automne 2003.

Responsable du projet « TGV Communicant » à la SNCF, Emmanuel De Luzan rêve d’un « »hot spot » Wi-Fi qui ira à 300 km/h», dit-il à ZDNet. «Une première expérimentation débutera en septembre prochain, pour une durée de six mois, sur la ligne de TGV Paris-Pau. Un réseau Wi-Fi sera accessible aux voyageurs, au bar et dans certaines voitures de première et seconde classe.»

Les réseaux sans fil de type Wi-Fi ont le vent en poupe, et la Société nationale des chemins de fers ne veut pas rester sur le quai. Le projet « TGV communicant » est dans les cartons depuis 1999, mais c’est grâce aux dernières innovations en matière de réseaux de données sans fil (RLAN) qu’il sort de l’anonymat.

Dans un premier temps, l’objectif est de proposer des services multimédias axés autour des loisirs et de l’information. Sur le réseau Wi-Fi de chaque TGV, il sera possible de regarder des films, d’écouter de la musique ou de se détendre avec un jeu vidéo. La SNCF prévoit aussi un service minimum d’infos pratiques (météo, dépêches AFP, cartes et plans touristiques, horaires des trains, etc.), plus un petit gadget: en se servant des données de géolocalisation, on pourra suivre l’avancée du train sur l’itinéraire et l’indication des villes traversées en direct.

D’un point de vue technique, les films, musiques, jeux et bases de données d’informations seront stockés dans un serveur central, embarqué dans chaque train. Pour l’accès en temps réel à la météo ou aux infos, le système utilisera un réseau de téléphonie mobile de type GPRS (General Packet Radio Service), à peu près deux fois plus rapide que le GSM. «Nous sommes en cours de discussion avec SFR, mais restons ouverts à tous les opérateurs; rien n’est encore signé», explique le responsable SNCF.

Le GPRS ne suffira pas: accès par satellites incontournable

«Nous ne fournirons l’accès internet que dans un second temps», reprend le responsable de la SNCF. Car techniquement, monter un accès à l’internet à haut débit dans un train à grande vitesse est un véritable pari technologique. Surtout pour assurer une qualité de service digne de ce nom, notamment en termes de bande passante utile pour chaque passager.

Difficile, donc, d’envisager la chose par GPRS: débits trop faibles (maximum théorique de 115 Kbps) qui doivent ensuite être partagés entre des dizaines d’utilisateurs. À titre de comparaison, l’accès internet par ADSL, qui sera la base de nombreux « hots spots » Wi-Fi dans les hôtels, offre un débit de base de 512 Kbps.


Aussi, ce service internet embarqué, devrait avoir recours par la suite à un réseau satellitaire offrant plus de débit. «Nous sommes encore à la recherche de partenaires», précise Emmanuel De Luzan.

Tout ordinateur portable Wi-Fi devrait pouvoir se connecter à ces services. La SNCF envisage de louer des machines dans les gares pour ceux qui n’en disposent pas. L’accès au réseau Wi-Fi en tant que tel devrait rester gratuit, les services multimédias seront offerts sur la ligne de test Paris-Pau. Ensuite, ils seront facturés.

Cible privilégiée, les hommes d’affaires? «Nous espérons l’offrir au plus grand nombre», assure De Luzan. «Selon les résultats de l’expérimentation, nous verrons s’il se limite à la première classe ou s’il est étendu à toute la rame.»

La SNCF envisage un déploiement progressif de ce service sur deux à trois ans, «mais tout dépendra des résultats de l’expérimentation.». Depuis début avril, la SNCF teste déjà à la gare du Nord à Paris un réseau Wi-Fi « fixe ».

Ironie du sort: la SNCF est copropriétaire, avec Cegetel, de Telecom Développement, qui exploite le plus grand réseau de données métropolitain derrière celui de France Télécom; un réseau filaire en fibre optique installé le long des voies ferrées. Un réseau qu’il ne pourra pas, en l’état, exploiter pour lancer de nouveaux services multimédias dans ses wagons.

[source – ZDNet.fr]