L’aéroport de Bagdad dans l’objectif des forces américaines

L’aéroport de Bagdad dans l’objectif des forces américaines

Après deux semaines de guerre, des unités blindées américaines sont arrivées jeudi à 10 km de la périphérie sud de Bagdad sans rencontrer de résistance notable et ont lancé un assaut contre l’aéroport de la ville, ont annoncé des officiers américains.

Les dirigeants irakiens ont nié que des forces américaines se soient approchées à ce point des abords de la capitale.

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Le président irakien Saddam Hussein est de nouveau apparu à la télévision irakienne jeudi soir mais aucune indication n’a été donnée sur le lieu ou la date de la réunion qu’il présidait.

Des dirigeants américains et britanniques ont quant à eux reconnu que des combats de rue à Bagdad (promis par le président Saddam Hussein) risquaient d’être longs et sanglants, et ils se sont refusés à dire quand pourrait intervenir un assaut final dans cette métropole de cinq millions d’habitants.

L’après-guerre et la reconstruction de l’Irak ont par ailleurs été évoqués à Bruxelles à l’occasion d’une « reprise de dialogue » entre le secrétaire d’Etat américain Colin Powell et ses homologues de l’Union européenne et de l’Otan – qui ont engagé Washington à assurer une place aux Nations unies dans la future administration du pays.

« Le pire est derrière nous », a dit à la presse George Robertson, secrétaire général de l’Otan. « Nous avons aujourd’hui démontré que des liens indestructibles unissent l’Europe et les Etats-Unis. »

Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part insisté sur l’importance des relations entre son pays et les Etats-Unis malgré les différends qui les opposent sur l’Irak.

EXPLOSIONS ET COUPURE D’ELECTRICTE A BAGDAD

Le journaliste de Reuters accompagnant la IIIe division d’infanterie américaine, Luke Baker, a dit avoir appris de sources militaires que des membres de cette division étaient engagés dans des combats avec des Irakiens retranchés pour défendre l’aéroport, situé à une vingtaine de km au sud-ouest du centre de Bagdad.

« Cela va prendre du temps pour prendre le contrôle de l’aéroport, même si nous n’avons pas encore rencontré beaucoup de résistance », a toutefois déclaré le lieutenant-colonel Vincent Quarles, membre de cette division.


Des tirs d’artillerie américaine et de roquettes ont retenti en direction de Bagdad depuis la tombée de la nuit jeudi alors que la capitale irakienne était privée d’électricité.

Des responsables irakiens ont pour leur part affirmé avoir capturé cinq chars et un hélicoptère américain près de l’aéroport de Bagdad jeudi soir tandis qu’un journaliste de Reuters a fait état de dizaines d’Irakiens morts, pour la plupart militaires, également près de l’aéroport.

Au Centcom, un commandant a déclaré à la presse que les forces spéciales américaines s’activaient également au nord-ouest de Bagdad, où elles sont intervenues dans une résidence de Saddam Hussein à Thartar, à 90 km de la capitale, et coupé une route conduisant à son fief de Tikrit.

Le ministre irakien de l’Information, Mohammed Saïd al Sahaf, a accusé les forces américaines d’avoir largué des bombes à fragmentation sur Bagdad jeudi, tuant 14 personnes et faisant 66 blessés, et il a qualifié d' »idiotie » les informations annonçant l’arrivée d’unités avancées près de Bagdad.

L’avancée militaire a repris mercredi, lorsque des forces américaines ont contourné les villes de Kerbala et de Kout avant de prendre des ponts stratégiques sur l’Euphrate et le Tigre en vue d’un assaut contre le fief de Saddam Hussein.

Selon des responsables militaires américains, deux des six divisions de la GR protégeant Bagdad ont été anéanties.

TIR FRATRICIDE US

Des experts militaires soulignent toutefois que l’armée américaine devra vérifier de près l’effet des coups portés à l’ennemi avant de poursuivre, et ils jugent probable que sa progression soit désormais beaucoup plus lente.

Des responsables américains estiment que leurs troupes ont franchi une « ligne rouge » en pénétrant dans des zones où pourraient avoir lieu des attaques au gaz toxique, mais le correspondant de Reuters Luke Baker note que le sentiment semble prévaloir que cette menace diminue. Les soldats américains ont ainsi été informés qu’ils pouvaient cesser de porter des bottes protectrices qui allaient avec des combinaisons antichimiques.

Les forces américaines ont néanmoins subi des revers. Jeudi, un F-15 aurait tiré par erreur sur une position d’artillerie américaine au sud de Bagdad, faisant un mort et plusieurs blessés ou disparus.


Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a prévenu que de rudes combats restaient à venir avec les combattants de la GR. Son homologue britannique Geoff Hoon a aussi déclaré que la guerre n’était pas près de son terme.

Les forces américaines ont aussi pilonné la ville de Kout, sur le Tigre, pour consolider leur emprise sur la région.

Plus au sud, des soldats américains ont pénétré plus avant dans la ville sainte chiite de Nadjaf pour y rechercher des fedayin paramilitaires, et ils ont resserré leur étau sur Nassiriah où ils semblent contrôler totalement les ponts qui y enjambent l’Euphrate.

Le grand ayatollah de Nadjaf, Ali Sistani, a émis une « fatwa » recommandant aux Irakiens de se tenir à l’écart des opérations militaires en cours. Les forces anglo-américaines ont longtemps espéré que leur intervention dans le Sud irakien déclencherait un soulèvement des chiites contre Saddam, mais elles semblent résignées à ne rien attendre de tel avant une victoire décisive contre le régime irakien.

Dans l’extrême sud, des soldats britanniques sont entrés dans les faubourgs de Bassorah et y ont pris le contrôle d’un complexe industriel utilisé par des miliciens.

Dans le nord de l’Irak, des combattants kurdes appuyés par de petits groupes de soldats américains ont progressé vers le centre pétrolier de Mossoul mais se sont heurtés à des barrages de mitrailleuses lourdes et des tirs de fusil, rapporte le correspondant de Reuters Sebastian Alison.

Des témoins ont dit avoir entendu de violents bombardements près de Mossoul jeudi soir.

Les Américains font état de 54 morts et 12 disparus dans leurs rangs depuis le début de la guerre. Les Britanniques disent avoir enregistré 27 morts. L’Irak n’a pas avancé de chiffres pour ses pertes militaires mais Sahaf a affirmé jeudi qu’au moins 1.250 civils avaient été tués, chiffre qui n’a pu être confirmé de source indépendante.

[source – yahoo.com]