Après plusieurs jours de stagnation, deux avant-gardes de l’armée américaine se sont approchées mercredi à 30 km de la périphérie sud de Bagdad après le contournement de Kerbala, le long de l’Euphrate, et la prise d’un pont sur le Tigre, près de Kout.
Cette avancée le long des deux grands fleuves mésopotamiens a été accompagnée de succès sur des troupes d’élite irakiennes, d’après les soldats américains qui affirment avoir vaincu une division de la Garde républicaine à Kout, sur le Tigre. Des positions de « Fedayines de Saddam » (unités paramilitaire particulièrement loyales au chef de l’Etat) à Nadjaf ont aussi été violemment attaquées.
Les bombardements aériens sur la capitale irakienne, objectif des troupes au sol en vue du renversement de Saddam Hussein, se sont poursuivis. Une maternité et des bâtiments civils ont été touchés par ces raids à l’issue desquels plusieurs morts et 25 blessés ont été recensés.
La ligne de front Nord a également été bombardée.
Au 14e jour de conflit, des officiers américains de la IIIe division d’infanterie, engagée à Kerbala, ont affirmé qu’une avant-garde se trouvait désormais à 30 km des faubourgs sud de Bagdad après avoir contourné la ville sainte chiite, à 110 km de la capitale, puis progressé vers le Nord le long de l’Euphrate, que certains soldats auraient déjà franchi.
« LIGNE ROUGE »
D’après le Commandement central américain basé au Qatar (Centcom), certains militaires américains ont franchi la « ligne rouge » théorique autour de Bagdad au-delà de laquelle ils craignent d’être attaqués à l’arme chimique par les Irakiens.
Les commandants américains pensaient qu’il faudrait une journée de combats pour s’emparer du périmètre de Kerbala, mais en fin de compte l’opération, lancée vers 02h00 locales (23h00 GMT mardi), n’a nécessité que trois heures.
Plutôt que d’affronter les troupes irakiennes vraisemblablement retranchées dans le centre, quelque 15.000 soldats et 6.000 chars, véhicules blindés et camions américains se sont dirigés vers l’Euphrate, au nord de la ville. En raison de l’importance du convoi, le franchissement du fleuve, dernier obstacle naturel avant Bagdad, pourrait ne pas avoir lieu avant jeudi, ont indiqué des officiers.
Plus à l’Est, les « marines » américains ont pris le contrôle d’un pont stratégique sur le Tigre et de l’autoroute menant de Kout à Bagdad, située à 170 km au nord-ouest, a déclaré un officier à un journaliste de Reuters présent sur place.
L’avant-garde de ces troupes s’approcherait également à vive allure de Bagdad, a-t-on appris de source militaire.
L’Irak a cependant qualifié d' »illusions » l’annonce du franchissement du Tigre et les percées de l’armée américaine.
Plus tard, deux bombes de très forte puissance ont explosé aux environs d’Al Kout. Le Centcom a affirmé par la suite que la division « Bagdad » de la Garde républicaine irakienne, basée près de la ville, avait été détruite.
L’Irak a jugé cette annonce « sans fondement ».
UNE MATERNITE BOMBARDEE A BAGDAD
En aval de Kerbala le long de l’Euphrate, les troupes au sol américaines, appuyées par des avions et des hélicoptères, ont attaqué des unités de « Fedayine de Saddam » à Nadjaf, à 160 km au sud de Bagdad.
Outre les combats au sol, Bagdad a de nouveau été bombardée par les aviations américaines et britanniques mercredi.
Au moins cinq automobilistes sont morts carbonisés dans leur véhicule, d’après une journaliste de Reuters sur place, et une maternité du Croissant rouge a été touchée.
On dénombre des morts ainsi que 25 blessés, parmi lesquels du personnel médical, a-t-on appris auprès de sources hospitalières et d’une correspondante de Reuters.
Un centre commercial a également été touché dans le raid mais le bâtiment gouvernemental voisin semblait intact.
Une bombe très puissante a en outre été larguée sur l’un des palais présidentiels du centre de Bagdad et le sud de la ville a aussi été visé, rapporte un correspondant de Reuters.
DEBAT SUR L’APRES-SADDAM
Le ministre irakien de l’Information a affirmé que 24 civils avaient été tués sur l’ensemble du territoire au cours des dernières 24 heures et que 186 autres avaient été blessés.
La télévision irakienne a annoncé que Saddam Hussein avait présidé une réunion avec ses collaborateurs, y compris ses deux fils Ouddaï et Koussaï, mais aucune image n’a été diffusée.
Le Nord a également été visé par des raids aériens mercredi.
Des bombardiers B-52 américains ont pilonné la ligne de front entre les villes de Dohouk et Mossoul, rapporte un journaliste de Reuters sur place.
Des positions irakiennes ont aussi été prises pour cibles près de Kirkouk.
Lors d’une visite à Ankara, le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, a assuré aux autorités turques que les troupes américaines parachutées dans le Kurdistan irakien avaient stabilisé la région, soulignant que l’armée turque n’avait par conséquent aucune raison d’intervenir. Il a annoncé qu’un accord avait été conclu sur la possibilité de faire transiter par la Turquie des approvisionnements destinés aux forces américaines présentes dans le nord de l’Irak.
Les Etats-Unis craignent une intervention turque dans le nord de l’Irak pour empêcher la création d’un Etat kurde indépendant, ce qui pourrait ouvrir une guerre dans la guerre.
Par ailleurs, le débat sur le rôle des Nations unies, des Irakiens et des Etats-Unis dans l’après-conflit est d’ores et déjà lancé.
Alors que Washington semble vouloir administrer provisoirement l’Irak, Londres, principal allié des Etats-Unis, a souligné mercredi que les Irakiens devaient gérer eux-mêmes l’après-Saddam.
[source – yahoo.com]