Irak: les raids s’intensifient, pause dans l’avancée vers Bagdad

Irak: les raids s’intensifient, pause dans l’avancée vers Bagdad

Bagdad a essuyé vendredi des raids aériens parmi les plus denses depuis le début de la guerre, il y a neuf jours, faisant appel apparemment pour la première fois à des bombes géantes perforantes.

Des télévisions arabophones ont rapporté que plus de 50 Irakiens avaient été tués au cours d’un raid aérien sur un marché de Bagdad. Le docteur Oussama Sakhari, de l’hôpital Al Nour de Bagdad, a dit avoir recensé 55 morts et plus de 47 blessés à la suite de cette attaque.

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Des responsables américains ont indiqué qu’un bombardier furtif B-2 avait largué deux bombes de deux tonnes sur un centre de communications du centre-ville. Conséquence possible de ce raid, la télévision irakienne par satellite, qui peut diffuser dans le monde entier, s’est arrêtée d’émettre vers 18h00 GMT (19h00 heure de Paris).

De fortes explosions ont retenti peu avant minuit (22h00 heure de Paris) dans la banlieue sud de la capitale irakienne, puis une heure plus tard dans la zone du ministère de l’Information, dans le centre de Bagdad (vers 23h00 heure française).

Le ministre de l’Information, Mohammed Saïd al-Sahad, a déclaré plus tôt que les raids aériens de la nuit de jeudi à vendredi avaient fait sept morts et 92 blessés parmi la population civile. Il a aussi accusé les forces américaines d’avoir utilisé des bombes à fragmentation dans la ville sainte de Nadjaf, faisant 26 morts et 60 blessés, également civils.

Un officier américain a déclaré que les forces américaines avaient dans la nuit combattu quelque 1.500 Irakiens près de Nadjaf, à 160 km au sud de Bagdad.

AIDE HUMANITAIRE

Selon le ministre irakien de l’Information, les forces irakiennes ont détruit 33 chars et véhicules blindés et tué quatre ennemis dans cette zone.

Des correspondants de Reuters accompagnant des unités américaines, dont certaines ne sont plus qu’à 80 km de Bagdad, rapportent que les colonnes ne semblent pas pressées pour l’instant de s’en rapprocher.

Mais le chef d’état-major de l’armée britannique, le général Mike Jackson, a rejeté toute idée d’enlisement.

« Les armées ne peuvent être sans cesse en mouvement, sans s’arrêter de temps à autre pour se regrouper, s’assurer de leurs approvisionnements », a-t-il fait valoir lors d’une conférence de presse à Londres. « Il s’agit d’une pause pour que l’on décide de la suite ».

Le commandement des forces américaines dans le Golfe a annoncé que quatre hommes du 1er corps expéditionnaire de « marines » étaient portés disparus à la suite de violents combats avec les forces irakiennes près de Nassiriah.

Vendredi, le secrétaire d’Etat américain à la Défense Donald Rumsfeld a déclaré que des cargaisons d’équipement militaire avaient été acheminées en Irak depuis la Syrie et prévenu que le gouvernement syrien aurait à répondre de tout « acte hostile », ce que Damas a rapidement démenti, accusant les Etats-Unis de chercher à « détourner l’attention de ce que leurs forces ont commis contre des civils en Irak. »

A New York, le Conseil de sécurité a autorisé à l’unanimité l’ajustement du programme « pétrole contre nourriture » afin de tenter d’éviter une catastrophe humanitaire dans ce pays.

Par ailleurs, le Sir Galahad, un bâtiment d’approvisionnement britannique transportant 200 tonnes de vivres, médicaments, couvertures et eau potable, a accosté dans le port d’Oum Kasr, dans le sud de l’Irak, après un retard de plusieurs jours dû aux procédures de déminage.

Ce ravitaillement entre dans le cadre de l’aide prévue par Londres et Washington pour convaincre les Irakiens que leur adversaire est Saddam Hussein et non la population.

« UN ENFER VIVANT POUR LES ENVAHISSEURS »

Mais les Irakiens ont opposé une résistance – inattendue aux yeux de certains stratèges – aux forces anglo-américaines qui veulent se présenter en libérateurs et non en envahisseurs, ce qui laisse présager une guerre plus longue que prévu. La Maison blanche a affirmé que la guerre était néanmoins en bonne voie.

Un responsable militaire britannique a cependant estimé que, vu la résistance opposée à Bassorah, il est évident que la prise de Bagdad sera difficile. En outre, a-t-il dit, les forces américaines ne disposent pas pour l’instant des effectifs nécessaires pour mener des combats de rue dans la capitale.

Les autorités irakiennes ont promis de livrer un combat maison par maison pour défendre Bagdad, une tactique minimisant l’avantage de la supériorité technologique américaine, et qui risque d’entraîner de fortes pertes civiles et militaires.

« L’Irak, avec ses armes, sa population et son territoire deviendra un enfer vivant pour les envahisseurs », a promis Sahaf.

Dans le nord de l’Irak, la ville de Chamchamal, située dans l’enclave sous contrôle kurde, a été bombardée, sans doute par les forces irakiennes repliées sur la ville de Kirkouk. Quelques heures auparavant, des centaines de combattants kurdes avaient pénétré en territoire sous contrôle irakien.

Dans la soirée, Mossoul a de nouveau été bombardé, selon un correspondant de la chaîne Al Djazira.

[source – yahoo.com]