Prêts à la guerre contre l’Irak, les Etats-Unis semblent sur le point de se passer du feu vert de l’Onu, à moins que leur projet de nouvelle résolution justifiant une action militaire ne recueille miraculeusement une majorité de voix au Conseil de sécurité dans les heures qui viennent.
Mais les consultations au Conseil, qui débuteront à 10h00 du matin (15h00 GMT) pourraient bien être les dernières sur une résolution qui semble vouée à l’échec.
Outre Londres et Madrid, co-signataires du projet, seule la Bulgarie y a publiquement apporté son soutien.
La France et la Russie promettent d’y opposer leur veto. Avec l’Allemagne, les deux pays ont réaffirmé samedi dans une déclaration commune qu’ils rejetaient l’option militaire.
Paris a proposé un calendrier de 30 jours pour que l’Irak accomplisse une série de tâches en matière de désarmement que le chef des inspecteurs de l’Onu Hans Blix doit faire connaître mardi, comme le prévoit une résolution votée en 1999.
Mais le vice-président américain Dick Cheney a rejeté la proposition française, estimant « difficile de prendre les Français au sérieux ».
LE MOMENT DE VERITE
A l’issue d’un sommet express aux Açores en compagnie des dirigeants britannique et espagnol, George Bush a sommé dimanche l’Onu de prendre une décision dans les 24 heures sur la crise irakienne, parlant d’un moment de vérité pour le monde.
Le président américain s’est toutefois abstenu d’en dire plus: il n’a ni appelé à voter sur le projet de résolution ouvrant la voie à une guerre en Irak, ni annoncé l’abandon de cette option faute d’une majorité de voix suffisante.
S’il n’y a pas de vote sur une nouvelle résolution, la situation juridique sera gouvernée par les termes de la résolution 1441 votée en novembre, qui donne à l’Irak une « dernière chance » de désarmer sous peine de « graves conséquences ». Washington et ses alliés considèrent que cette résolution suffit à justifier l’usage de la force.
En revanche, le rejet d’une nouvelle résolution approuvant le recours à l’action militaire, dont Tony Blair et Jose Maria Aznar ont bien besoin face à des opinions publiques hostiles, signifierait que toute attaque contre l’Irak serait contraire au droit international.
Les responsables de Washington, Londres et Madrid se sont donc employés à « prendre la température » du Conseil de sécurité avant de recommander une décision sur la soumission du projet au vote ou sur son retrait pur et simple.
« C’est un choix simple », a déclaré Tony Blair dans son avion le ramenant à Londres. « Il faut décider ou non d’approuver une seconde résolution qui permettra de faire comprendre clairement qu’il existe un véritable ultimatum. C’est ce que nous allons tenter de savoir durant la nuit. »
Paris, Berlin et Moscou réclament également une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères mardi à l’occasion de la remise par Hans Blix de son nouveau rapport. Si Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française, décide de se rendre à l’Onu, les autres ministres devront suivre. Ce sera la cinquième réunion ministérielle du Conseil cette année.
« TOUT PARAIT TRES MENACANT »
Blix, à l’écoute de la conférence de presse de Bush, Blair et Aznar aux Açores, a estimé que « tout paraissait très menaçant, tous ces messages en provenance des Açores ».
Présenté il y a une semaine, le projet de résolution anglo-américano-espagnol donne à l’Irak jusqu’à ce lundi 17 mars pour renoncer ou reconnaître toute arme de destruction massive que Bagdad dément posséder.
Mais la Grande-Bretagne a déjà suggéré de repousser ce délai d’une dizaine de jours si c’est la condition pour que la résolution soit adoptée par une majorité de membres du Conseil.
L’ambassadeur britannique à l’Onu, Jeremy Greenstock, et ses collaborateurs enchaînaient les coups de téléphone dimanche soir afin de « voir s’il y a de la souplesse », a indiqué un diplomate.
L’opposition au sein du Conseil à un recours à la force semble cependant majoritaire, mais les responsables britanniques et américains concentrent leurs critiques sur la France.
« Nous avons une expression au Texas qui dit: montre tes cartes », a déclaré George Bush. « La France a abattu ses cartes. Maintenant, nous verrons demain ce que cette carte signifie. »
[source – yahoo.com]