Un mois et demi après l’accident de Columbia, la Nasa a dévoilé vendredi son plan pour tirer les conséquences de la catastrophe et reprendre les vols de navettes à l’automne, avant même de connaître les conclusions des experts enquêtant sur les causes de la tragédie.
Ce plan intitulé « Reprise des vols de la navette spatiale » signé de l’administrateur adjoint pour les vols spatiaux, Bill Readdy, a été transmis le 12 mars aux ingénieurs de la Nasa et sous-traitants chargés des vols de navettes. « Le SSP (programme de la navette spatiale) devrait prévoir des mesures permettant un lancement dès l’automne 2003 », écrit M. Readdy dans ce document. « Le potentiel de reprise des vols pourrait être réuni dès cet automne », a renchéri le patron de la Nasa, Sean O’Keefe vendredi, lors d’une table ronde avec la presse, au siège de l’agence spatiale à Washington.
Après la perte de Columbia, la Nasa dispose encore de trois navettes, Discovery, Atlantis et Endeavour, mises en service respectivement en 1984, 1985 et 1992, cette dernière ayant été construite pour remplacer Challenger, qui a explosé au décollage en 1986. L’hypothèse d’un arrêt pur et simple du programme navette, parfois évoquée au Congrès ou parmi les experts les plus critiques de la Nasa, a été clairement rejetée par M. O’Keefe.
Pour ce dernier, la possibilité que le Conseil d’enquête sur l’accident de Columbia (CAIB) fasse cette recommandation à la Nasa quasiment nulle. Une disparition de la navette est donc « très peu probable », a-t-il dit. M. O’Keefe a néanmoins souligné que le plan de reprise des vols concocté par la Nasa ne visait pas à tirer les conclusions de l’accident avant que la CAIB ait rendu ses recommandations, mais plutôt à préparer les modifications dont la nécessité est évidente dès aujourd’hui, de façon à gagner du temps.
M. Readdy a demandé à ses ingénieurs de planifier des modifications, sur la base des problèmes déjà soulevés par la CAIB, parmi lesquels la mousse isolante dont des morceaux se sont détachés du réservoir externe de la navette pendant le décollage de Columbia, qui auraient pu endommager des tuiles de son bouclier thermique. M. Readdy souhaite aussi voir son équipe réfléchir aux possibilités de doter la navette de capacités permettant aux équipages en orbite d’examiner l’état extérieur du vaisseau spatial, une possibilité que n’avaient pas les sept astronautes de Columbia.
Pour mener à bien la reprise des vol, M. Readdy a décidé de créer une équipe spéciale au sein de la Nasa qui devra être à l’oeuvre avant la fin du mois. « Il y a beaucoup à faire pour reprendre les vols », écrit-il à ses collaborateurs. C’est Atlantis qui devrait inaugurer la reprise des vols, a précisé M. Readdy. Elle devrait se rendre sur la Station spatiale internationale (ISS), pour une mission proche de celle qui était prévue, pour débuter le 1er mars.
La poursuite de la construction de l’ISS, qui a déjà coûté plus de 100 milliards de dollars à ses 16 partenaires internationaux, est l’argument principal avancé par la Nasa pour une reprise rapide des vols. Sans navette, l’assemblage du laboratoire orbital ne peut se poursuivre, sa mission scientifique est suspendue et son équipage à bord doit être réduit à deux astronautes, dépendant des vaisseaux russes Soyouz pour rejoindre ou quitter la station.
Parmi les priorités de la Nasa figure également une mission d’entretien et d’amélioration du télescope spatiale Hubble, pour l’instant prévue en 2004. La navette Columbia s’est désintégrée le 1er février lors de sa rentrée dans l’atmosphère, à quelques minutes de son retour sur Terre. Les causes de la catastrophe sont encore inconnues.
[source – yahoo.com]