Tapie et Peyrelevade se défendent pied à pied devant les députés

Bernard Tapie et l’ancien PDG du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade ont vigoureusement plaidé mercredi devant les députés leur version de l’affaire de la vente d’Adidas en 1993 et de l’arbitrage rendu en juillet en faveur de l’ancien homme d’affaires.

L’ancien ministre s’est exprimé pendant plus de trois heures devant de nombreux députés de la Commission des finances de l’Assemblée nationale chargée de faire la lumière sur la procédure d’arbitrage qui s’est soldée par l’octroi d’une indemnité de 285 millions d’euros (400 millions avec les intérêts) d’euros aux liquidateurs du Groupe Bernard Tapie.

Un tribunal arbitral a condamné le Consortium de réalisation, héritier du Crédit Lyonnais, à verser cette indemnité au motif que la banque avait floué M. Tapie d’une importante plus-value lors de la revente d’Adidas à l’industriel Robert-Louis Dreyfus en 1994.

Bernard Tapie a dénoncé l’attitude « mafieuse » de l’ex-banque publique qui aurait eu recours à un montage occulte pour s’enrichir sur son dos.

« Ca fait mal d’avoir son nom sur une poubelle », a-t-il lancé en allusion à une publicité du Crédit Lyonnais parue dans le Figaro le 30 septembre 1994.

« Je ne souhaite à personne que son nom devienne une injure publique.

Même si j’ai fait des fautes, et j’en ai fait, je ne méritais pas ce traitement », s’est-il emporté, visiblement très ému.

M. Tapie avait justifié le recours à l’arbitrage en ces termes: « j’ai 65 ans.

Cette affaire dure depuis que j’ai 50 ans et le pronostic de mes avocats est qu’elle va durer encore dix ans ».

Il a aussi balayé le soupçon lancinant d’une intervention du pouvoir pour favoriser ce recours.

« A aucun moment, strictement à aucun moment, on ne peut voir la main du pouvoir dans la décision de faire l’arbitrage », a-t-il asséné.

En marge des auditions, le président du MoDem, François Bayrou, et le premier secrétaire du PS, François Hollande, mettant en cause directement l’Elysée, ont demandé la réunion d’une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire.

« Celui qu’il faut remettre en cause n’est pas Bernard Tapie, il a joué selon ses intérêts: c’est le pouvoir politique, qui lui a permis d’obtenir ce qu’il voulait », a fait valoir M. Hollande, selon lequel l’ancien ministre de François Mitterrand est « aujourd’hui plutôt l’ami politique de Nicolas Sarkozy ».

Entendu plus tôt, Jean Peyrelevade, arrivé à la tête du Lyonnais en novembre 1993, après la vente d’Adidas, et actuellement vice-président du MoDem, a fustigé la sentence arbitrale, qu’il a qualifiée de « mensongère ».

Fanch