Le dossier d’Air Lib présenté au tribunal de commerce

Le dossier d’Air Lib, dont les avions sont désormais cloués au sol, sera présenté dès aujourd’hui au président du tribunal de commerce de Créteil et dans le même temps la direction soumettra au comité d’entreprise des mesures de « chômage partiel », ont indiqué des sources syndicales.

Les syndicats ont appelé les 3.200 salariés permanents de la compagnie à se retrouver ce matin au siège du groupe à Orly pour préparer « une riposte »

Après de longues négociations dans la nuit de mercredi à jeudi, le groupe néerlandais IMCA, seul repreneur potentiel, « n’a pas voulu signer le projet de protocole, par conséquent le sort d’Air Lib est entre les mains du tribunal de commerce », a annoncé le ministre des transports, Gilles de Robien.

Le retrait d’IMCA a entraîné la perte de la licence d’exploitation d’Air Lib, ce qui a obligé ses avions à rester au sol. IMCA n’a pas pu obtenir d’Airbus les prix bas qu’il souhaitait pour acheter des A-319 destinés à renouveler la flotte d’Air Lib. « La licence (de vol) d’Air Lib a été arrêtée mais il n’y a pas d’automaticité du dépôt de bilan », a affirmé le Pdg d’Air Lib, Jean-Charles Corbet.

A Orly, deux derniers avions d’Air Lib sont arrivés jeudi matin en provenance des Antilles, puis plus rien. En lettres rouges, derrière tous les autres vols de la compagnie, clignotait le mot « annulé ».

Aéroports de Paris a dissuadé les passagers ayant un billet Air Lib de venir à l’aéroport, conseillant d’appeler un numéro vert, le 0805.201.301. Pour répondre aux nombreux appels, un autre numéro vert, le 0800 555 777, a été mis en place dans la soirée.

Du fait de l’arrêt des vols, les voyageurs qui devaient partir jeudi pour l’Algérie, l’Italie et Cuba n’avaient pas de solution de remplacement. La plupart d’entre eux ont été soit mis sur d’autres vols ou bien sont rentrés chez eux. De 8.000 à 10.000 personnes restent aussi à rapatrier depuis l’étranger (Cuba, Italie, Algérie, Réunion et Antilles), selon les agents de voyage.


Air France, Corsair et Aigle Azur ont annoncé qu’ils assureraient dans les jours prochains certaines dessertes d’Air Lib et la SNCF a fait savoir qu’elle avait des places disponibles.

Inquiets pour leur avenir et conscients qu’Air France ne pourra pas réembaucher l’ensemble du personnel, une centaine de salariés a bloqué jeudi des accès à l’aéroport d’Orly. Dans l’après-midi, les syndicats ont été reçus par le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau. A l’issue de la rencontre, Gilles Nicoli, délégué syndical CFDT (majoritaire) n’a pas caché sa déception. « Rien n’est prévu pour continuer l’activité », a-t-il dit.

De son côté, M. Bussereau a assuré à propos des salariés que « quelle que soit la décision du tribunal nous allons les aider, nous serons à coté d’eux pour les aider à se reclasser ». M. Bussereau a estimé que « le gouvernement qui a fait un effort considérable pour aider l’entreprise depuis plusieurs mois et qui est allé jusqu’au bout de ses possibilités et même au-delà, n’a pas l’intention de laisser tomber les salariés avec lesquels il y aura poursuite du dialogue ».

Plus tôt dans la journée, le Pdg Jean-Charles Corbet n’avait pas voulu s’avouer vaincu, appelant à « l’arbitrage » du président de la République.

L’Elysée a fait savoir dans un communiqué que Jacques Chirac « a veillé à ce que le gouvernement mette tout en oeuvre pour aider à la poursuite de l’activité d’Air Lib et que tout soit fait pour favoriser la reprise de la compagnie par de nouveaux investisseurs ». A la demande de M. Chirac, M. Bussereau a indiqué qu’il allait « proposer à M. Corbet de le recevoir dès demain ».

[source – yahoo.com]