Les hot spots Wi-Fi doivent permettre aux professionnels nomades d’accéder, en haut débit, à l’intranet depuis des lieux publics en utilisant internet. Mais les opérateurs devront surmonter plusieurs obstacles pour conquérir leurs clients.
Les projets de hot spots Wi-Fi, réseaux sans fil utilisant la norme 802.11b, installés dans des lieux publics se multiplient. Après leur déploiement sur des sites comme le café Malongo (situé sur l’esplanade de la Défense) ou l’hôtel Montalembert (à Paris), des projets de plus grande envergure ont vu le jour. Précurseur, l’aéroport de Nice dispose d’un hot spot dans son nouveau terminal inauguré en janvier. Un cas qui devrait faire école, selon plusieurs fournisseurs d’équipements Wi-Fi qui annoncent une invasion des aéroports, gares, universités et autres centres de congrès. Comme à Roissy Charles de Gaulle où des tests sont actuellement réalisés dans certains salons «classes affaires».
Entrer à 300 Kbit/s sur l’intranet de l’entreprise
Principale clientèle visée par ces nouveaux réseaux, les cadres nomades qui souhaitent accéder à l’intranet de leur entreprise à partir d’un PC ou d’un PDA doté d’une interface Wi-Fi. Certes, l’entrée sur l’intranet n’est possible que si celui-ci est accessible via internet. C’est notamment le cas lorsqu’il repose sur un service de VPN/IP d’opérateur. «Nous n’aurons même pas besoin d’adapter notre offre», confirme Sophie Audic, directrice de la ligne de services data chez T-Systems, filiale de Deutsche Telekom.
Côté débit, il n’approche pas les 11 Mbits/s théoriques promis par la norme 802.11b, ni les 5 Mbits/s obtenus en pratique et partagés par les utilisateurs d’une borne Wi-Fi. En effet, la connexion de la borne à internent forme un autre goulet. Le plus souvent, il s’agit d’une liaison ADSL à 1 Mbit/s dont le débit est également partagé. «Mais nous envisageons des liaisons louées ou satellitaires, voire de type BLR», explique Bernard Loesch, cofondateur de WiFispot. En réalité, les Hot Spots actuels délivrent un débit de 200 à 300 Kbits/s par utilisateur, soit quand même dix fois plus que le GPRS.
Obstacles: sécurité et réglementation
Le manque de sécurité du Wi-Fi est souvent présenté comme un obstacle à son développement. Il est en effet possible d’intercepter les paquets circulant par voie hertzienne. Mais une simple technologie de tunneling chiffré les rend inexploitables. «Un tunnel IP-Sec suffit à sécuriser l’entrée sur un intranet», estime Jean-Jacques Vigne, chef de produits accès Internet chez Colt . Il reste qu’une couche protocolaire – IP-Sec ou autre – doit compléter l’IP et le 802.11b, du moins en attendant la finalisation de la norme 802.11i, qui dotera nativement le Wi-Fi d’une technologie VPN.
Autre écueil: la réglementation imposée par l’ART (Autorité de Régulation des Télécommunications). En intérieur, la puissance fixée à 100 MW suffit souvent à couvrir un étage. Déployé par Wifispot, le hot spot de l’hôtel Montalembert comprend ainsi dix bornes pour huit étages. En extérieur, la limite est de 10 MW et une licence d’opérateur est imposée. «On se focalise trop sur la réglementation alors que ce n’est plus un problème», s’impatiente Bernard Loesch de Wifispot. Il estime qu’après la période d’observation de 18 mois fixée par l’ART, la bande des 2,4 GHz (celle du 802.11b) restera libre. Aujourd’hui, 58 départements sont autorisés à mettre en place des hots spots sur cette fréquence, sans dérogation. Mais sur les autres, une autorisation des militaires serait, selon Bernard Loesch, facilement délivrée. La seule question en suspens concernerait donc la libération de la bande des 5 GHz utilisée par la norme 802.11a, dont le débit est de 50 Mbit/s. La technologie, elle, est prête. «Nous proposons déjà des composants permettant de concevoir des infrastructures et des interfaces bi bandes», affirme Xavier Coteau, responsable produits Wireless chez Intel.
Des acteurs de tous horizons
Les premiers acteurs à se positionner sur la niche du Wi-Fi ont été des jeunes pousses, à l’image de Wifix, Wifispot, Wificom ou TLC Mobile .
Également en lice, les opérateurs voix/données et ISP ont l’avantage de maîtriser le lien vers l’Internet. «Dans la foulée des start-up, c’est chez ces acteurs que nous ressentons la plus forte effervescence», constate Xavier Coteau d’Intel. Certains avancent déjà leurs pions. «Forts de notre connaissance de la technique et des modèles économiques, nous nous proposons de travailler en partenariat avec les exploitants des lieux d’implantation», affirme Sophie Audic, de T-Systems. Côté opérateurs de mobiles, seul Orange s’exprime. «Nous ne pouvons rester insensibles aux attraits de ces réseaux qui vont sûrement se déployer massivement. Ils pourraient notamment nous permettre d’améliorer localement la couverture du GPRS», explique Jean-Marc Laffond, directeur marketing de l’offre data mobile.
L’opérateur s’avance aussi sur un modèle de facturation qui reporterait le coût d’utilisation du Wi-Fi sur la facture de ses clients. Mais la généralisation de tels modèles, également envisagés par les ISP, reste lointaine. Aujourd’hui, les utilisateurs sont invités à acheter des coupons, soit sur place, soit via le Web. Cette formule répond à un besoin immédiat, mais pas récurrent. De plus, pas question d’utiliser ailleurs un coupon émis pour un hot spot. Pour cela, il faudrait que les acteurs du marché passent entre eux des accords de roaming que seule une phase de concentration rendra possibles.
3G et Wi-Fi: entre concurrence et complémentarité
Avec une portée d’une centaine de mètres, le Wi-Fi ne peut en principe concurrencer l’UMTS. Mais selon certains, le « hand over » (passage transparent d’un réseau à l’autre) permettrait de tisser une toile sans couture. «Si la couverture du Wi-Fi ne sera pas complète avant longtemps, l’UMTS également se concentrera d’abord sur certaines zones», explique Marc Taïeb, cofondateur de Wifix. Et de citer une expérience américaine, à laquelle participent des milliers de voitures embarquant autant de bornes Wi-Fi, chacune servant de relais aux autres. «Mais le trafic doit être suffisant, et les pertes de paquets sont trop importantes à partir de 74 km/h», tempère Xavier Coteau. Comme la majorité des acteurs, il table plutôt sur une complémentarité avec le GPRS et l’UMTS.
Reste que même si les hots spots se déploient uniquement dans les lieux publics à forte densité, ils pourraient couvrir une part importante des utilisateurs, privant bel et bien les opérateurs des réseaux GPRS/UMTS d’une partie des revenus qui leur étaient promis.
[source – ZDNet.fr]