C’est le 7 janvier, demain donc, que Microsoft va mettre en ligne la nouvelle version de Microsoft Plus !, qualifiée de Digital Media Edition(DME).
Si vous avez acheté (hum…) une des éditions antérieures, vous savez déjà que premièrement, ce n’est pas très palpitant (un peu de maquillage et quelques utilitaires) et que deuxièmement, ce n’est pas donné. Ce qui fait donc deux bonnes raisons de s’étonner à la lecture de ma première phrase : pourquoi faire une news sur un produit inintéressant, et pourquoi Microsoft joue au père Noël et met en ligne un produit qui était payant ?
La réponse à ces douloureuses questions est simple : la sortie de ce logiciel constitue pour Microsoft une première. Et une première chez Microsoft, que ça plaise ou pas, c’est toujours intéressant. La firme de Redmond va en effet vendre Plus! DME directement en ligne. Pas en VPC – non, c’est tellement 20ème siècle – mais en téléchargement payant. Elle va tester au passage un procédé de validation et d’authentification des achats et d’activation du produit. Du coup, un programme a priori pas franchement enthousiasmant risque pendant quelque temps d’attirer les regards de beaucoup de monde :
Chez Microsoft tout d’abord, ça va être un moyen pour les services financiers et marketing de voir s’il est envisageable (synonyme : lucratif) de se passer des intermédiaires aussi coûteux qu’inutiles que sont les revendeurs. Sans eux, les marges de la firme pourraient peut-être enfin dépasser les 80%.
Le faible nombre de connexions haut débit est un obstacle, mais cela ne devrait pas l’être encore bien longtemps. La grosse difficulté, c’est de faire payer au client un produit qu’il peut télécharger obtenir ailleurs à l’identique, illégalement certes, mais facilement et gratuitement. Je ne suis pas allé vérifier, mais si ce n’est pas encore fait, il est à peu près certain que Plus!DME sera disponible demain au plus tard sur tous les réseaux de peer to peer.
Il y a là un reflexe de consommation que même à « l’âge de l’information » il est difficile de neutraliser : quand on paye, c’est pour acheter quelque chose de concret, pas seulement une suite de 0 et de 1 ; inversement, si on ne vole pas un objet concret, ce n’est pas vraiment du vol.
Parlez en aux Majors du disque… Elles aussi surveilleront de près la naissance et les premiers pas de Plus!DME. Leurs filiales s’occupant du téléchargement payant n’arrivent pas à décoller et le nombre de morceaux vendus sur Internet est ridicule comparé à ce qui se vend en magasin ou qui s’échange sous le manteau virtuel de Kazaa, eDonkey et de bien d’autres.
Les concurrents de Microsoft, pour une fois, ne voient pas ce coup d’éclat d’un mauvais oeil. Si ça marche, c’est-à-dire si le poids de la firme suffit à faire une vraie place à ce nouveau mode d’achat, c’est un bon moyen pour eux de gagner en visibilité relative et en rentabilité. Une grande-surface, spécialisée ou non, si le responsable du rayon informatique est audacieux, va proposer au mieux UNE distribution Linux et UNE suite bureautique non Microsoft. Les places sur les linéaires sont chères… Et pour des jeux ou des utilitaires Linux (ou même Macintosh), c’est carrément inenvisageable. L’initiative de Microsoft, en cas de succès, pourrait donc bénéficier aussi à ses concurrents. Après tout, les éditeurs de la plupart des distributions Linux proposent des versions téléchargeables sur leur site depuis belle lurette.
Mais comme souvent, le bonheur des uns ferait le malheur des autres. Les revendeurs, online et offline, vont donc certainement voir d’un très mauvais oeil cette innovation et ils vont à n’en pas douter surveiller tout ça en souhaitant à Microsoft un échec retentissant. Un succès risquerait à terme de les rendre aussi utiles qu’un vendeur de luges aux Baléares.