L’équipementier Lucent s’évite deux procès embarrassants

Après les scandales plus ou moins élucidés de Woldcom, Qwest et dernièrement Global Crossing, c’est au tour de Lucent Technologies de faire le ménage. Mais cet équipementier lavera son linge en famille, puisque deux procès prévus en 2003 sont annulés.

Pas de vagues et profil bas pourraient être les bonnes résolutions pour la nouvelle année chez Lucent Technologies, cet équipementier télécoms américain sous le coup d’une enquête des gendarmes de la Bourse pour sa comptabilité douteuse.

Le 6 janvier en effet devait débuter un procès à rebondissement entre la compagnie et son ancienne directrice commerciale, Nina Aversano. Mais, comme nous l’apprend le Wall Street Journal (WSJ) ce vendredi, la plaignante a accepté de signer un arrangement financier en échange du retrait de sa plainte. Elle attaquait Lucent sur la base d’une rupture abusive de son contrat de travail (en décembre 2000) ; ce procès au grand jour aurait été la source d’un déballage bien indiscret sur les méthodes commerciales de Lucent. Les termes de cet arrangement sont bien entendu confidentiels. Aversano a attaqué son ancien employeur parce qu’il tardait à lui régler 2 millions de dollars d’indemnités de licenciement.

Déjà le 30 décembre, Lucent est parvenu à s’enlever une première épine judiciaire du pied, en passant un compromis avec un groupe d’actionnaires qui portaient plainte en nom collectif (« class action »). Sans cette transaction, dont les termes sont là aussi confidentiels, la justice fédérale devait ouvrir un autre procès en février.

Les autorités de la SEC enquêtent depuis décembre 2000

En revanche, une seconde plainte en nom collectif reste toujours en cours ; ses auteurs veulent faire la lumière sur les manoeuves comptables employées par Lucent pour doper sa performance financière, précise le WSJ.

Si les plaintes privées se négocient, les autorités fédérales, elles, ne lâchent pas prise. Les policiers de la Securities and Exchange Commission (SEC) enquêtent depuis décembre 2000 sur les comptes de Lucent, bien avant la mise à jour d’autres scandales sur les comptabilités d’entreprises de télécommunications (de Worldcom à Qwest en passant par Global Crossing). À l’époque, l’équipementier avait de lui-même corrigé son chiffre d’affaires enregistré au dernier trimestre 2000. Une « correction » de quelque 679 millions de dollars… pour trois mois d’activité.

Dans sa plainte initiale, Nina Aversano a déclaré avoir été forcée de quitter la compagnie pour avoir prévenu son supérieur, en octobre 2000, que les objectifs de croissance des ventes pronostiqués en 2001 ne seraient pas tenus (avec un écart d’au moins 20%). La plainte mettait ensuite en question les tactiques comptables et commerciales pour arranger les chiffres, comme, par exemple, de tenir compte de ventes de matériel à des distributeurs, sans que la marchandise n’ait été réellement écoulée auprès d’un client final.

Ancienne entité des laboratoires Bell d’AT&T, Lucent a profité la première de la « bulle » télécoms en s’introduisant en Bourse en 1996. Mais depuis son action a chuté de 98% par rapport à son plus haut niveau historique.

[source – ZDNet.fr]