La pré-visualisation, une étape essentielle dans la création du film ‘Star Wars épisode III : La Revanche des Sith’, et pour George Lucas, dont les équipes ont su tirer parti de la technologie AMD64
Pour réaliser ce que certains annoncent déjà comme un méga succès, le film ‘Star Wars III, La revanche des Sith’, le réalisateur George Lucas a exploité une technique encore peu répandue, la « prévisualisation ».
De quoi s’agit-il? De créer une maquette numérique d’un film, ce qui permet de le visualiser plus ou moins succinctement avant de le tourner, ce qui permet d’intervenir plus directement sur les scènes, d’en créer plusieurs, d’expérimenter des situations, cadres de tournages, mises en scènes, etc.
Dans le cadre des films faisant appel à des trucages, cet apport de la prévisualisation est encore plus important car cette technique représente un guide pour les équipes dispersées qui interviennent à divers étapes de la production d’un film.
Dans ‘La revanche des Sith’, la prévisualisation a permis de réaliser 6.500 prises de vues en un an et demi, pour un film qui au final n’en propose « que » 2.200. Et George Lucas a pu intervenir directement sur ces scènes afin de laisser libre cours à son imagination.
Ce travail a été effectué par JAK Films, filiale de Lucasfilm Ltd, la société de production de George Lucas. La technologie a été fournie par AMD: deux stations de travail avec processeurs Opteron 64 bits.
« Avec Star Wars, le concept de prévisualisation – une technique cinématographique relativement nouvelle – commençait à prendre du poids au sein du royaume de George Lucas. Et de notre côté nous recherchions activement un partenaire technologique pour nous aider à donner une nouvelle dimension à cette technique. Nous l’avons trouvé avec JAK Films », a expliqué Scott Carrol, AMD Public Relations Digital Media & Entertainment.
Seconde démarche apportée par ces stations, George Lucas a pu superposer des tournages en direct avec les acteurs sur fonds bleu [ce qui permet des incrustations ultérieures]. Les gains de performances ainsi obtenus ont permis de réduire de moitié les délais de traitement, et donc de multiplier les prises à l’envi.
« Dans ‘show business’, il y a le ‘show’ et le ‘business’. La technologie permet aux créateurs de créer et d’explorer leur créativité plus rapidement avec moins de handicaps technologiques. Le fait de travailler en numérique leur permet de créer toutes sortes d’effets dans le respect de leur budget et de leur temps disponible ».
Parole d’expert : Dan Gregoire, Pre-Vizualisation Supervisor, Star Wars Episode III.
« En réalisant le film ‘Star Wars : Episode III’, la technologie AMD a permis à George Lucas de créer son propre film. L’informatique lui a permis de ne pas se soucier de l’aspect technologique. Nous travaillions de manière très proche avec lui. Il lui arrivait souvent de venir nous voir et de discuter avec mes équipes ».
Pour ‘Star Wars II’, l’équipe de prévisualisation avait travaillé à partir de deux stations de travail architecturées autour de processeurs AMD Athlon MP 32 bits. George Lucas venait une fois par semaine vérifier les animations en disant aux artistes « ça, c’est bon, ça non, je veux faire des modifications ici ou là ». Et il passait une heure par semaine pour vérifier ce qui avait été fait. Ce n’était pas facile, dans la mesure où il fallait beaucoup de temps pour ce genre de travail et pour obtenir le bon rendu des images.
Pour ‘Star Wars III’, les deux stations de travail architecturées autour de processeurs AMD Opteron 64 bits ont permis de réduire de moitié les délais de traitement pour le rendu, permettant ainsi aux équipes de réaliser encore plus de prises de vue. Ainsi, 6500 prises de vues ont été réalisées en à peu près un an et demi, pour un film qui au final n’en compte que 2200. La technologie AMD a ainsi permis d’obtenir un film de haute qualité, complexe dans sa réalisation, en un minimum de temps.
Parole d’expert : Scott Carrol, AMD Public Relations Digital Media & Entertainment
« Le principal avantage de la technologie des processeurs sur l’animation numérique concerne ces délais de traitement pour le rendu. Supposons que vous soyez un artiste qui crée son décor ou une scène sur ordinateur. Vous composez votre environnement, avec toute la magie que cela implique et, en fonction de la complexité, de la profondeur des couleurs et d’autres facteurs, le délai de rendu peut nécessiter 24 heures, trois jours ou une semaine. Mais avec la technologie hyper-transport, qui a été spécialement conçue pour traiter des flux vidéo de haute définition, le délai de rendu est tel que les créateurs n’ont plus à attendre que le traitement opère. Le rendu s’effectue pratiquement en temps réel ».
Lorsque l’Opteron a été déployé chez JAK Films pour l’épisode III, George Lucas s’est rapidement rendu compte que le délai de rendu avait tellement diminué qu’il pouvait désormais réaliser son film en regardant par-dessus l’épaule de l’un des opérateurs travaillant à l’écran. Il lui suffisait de dire « Je veux que cette caméra recule davantage », ou « Déplacez les Stormtroopers par ici ». Les opérateurs disposant des maquettes, ils n’avaient plus qu’à les animer devant lui et à attendre que le rendu se fasse pendant la pause-café. Une telle facilité d’exécution n’existait pas avant.
Cette évolution a plusieurs implications : elle permet tout d’abord à un narrateur comme George Lucas – lequel, incroyable mais vrai, n’est pas un fondu d’informatique – de créer son film de A à Z en prévisualisation, avant que des scènes soient tournées, et d’arriver exactement à ce qu’il souhaite au lieu de s’en remettre à l’interprétation de son département artistique, de son équipe de post-production et de ses monteurs parce qu’il peut effectuer la création et le montage avec une douzaine d’artistes dans la pièce, ce qu’il n’a jamais réussi à faire auparavant.
Ensuite cette évolution lui permet de créer quatre plans et ainsi d’aller plus loin dans sa créativité, plus rapidement et en dépensant moins d’argent que par le passé, ce qui présente un avantage, notamment sur des productions aussi importantes qu’un épisode de Star Wars. L’avantage est qu’il peut augmenter le niveau de complexité et de détails de ses plans. De son côté, le spectateur remarquera immédiatement avec ce nouvel épisode Star Wars que le point de vue de la caméra s’inscrit dans un univers nettement plus détaillé. Ces plans sont très difficiles à réaliser, ce qui expliquait jusqu’à présent leur rareté, compte tenu du temps et de l’argent nécessaires pour réussir des plans aussi détaillés.
Star Wars III a été réalisé en deux parties, chez JAK Films où a été créé le film, et chez ILM (Industrial Light & Magic), le studio des effets spéciaux, qui utilise également le processeur Opteron dans ses fermes de serveurs pour les dernières retouches.
Moyennant des délais et des investissements inférieurs à ceux du précédent Star Wars, George Lucas a pu tourner davantage de plans, améliorer la qualité avec nettement plus de détails et en rapprochant nettement la caméra d’un personnage tel que Yoda. Auparavant, les effets spéciaux étaient réalisés de telle manière que le spectateur pouvait voir le trucage. Aujourd’hui, cette proximité de la caméra ne laisse apparaître aucun effet de trucage et semble encore plus réelle grâce à la quantité de détails qui a pu être intégrée.
L’un des messages clés est que George Lucas peut réaliser son film dans un décor numérique, ce qui lui permet d’être narrateur et créateur, au lieu d’attendre que la technologie rattrape son imagination. Les responsables de l’animation peuvent travailler à son rythme, ce qui lui permet de diriger l’action. Cette évolution peut avoir, à terme, un impact sur les réalisateurs car la technologie était devenue très encombrante et ralentissait le processus de création. Libérer la créativité, supprimer les handicaps technologiques qui pénalisent le processus créatif sont les réels avantages de ces évolutions technologiques.
« Notre objectif est de parvenir au niveau de simplicité qu’offrent l’encre sur le papier ou le pinceau sur la toile, afin de favoriser la créativité. « .
[source – Silicon.fr] Yves Grandmontagne