Face au spam, deux solutions techniques s’imposent : gérer les e-mails à partir d’une application installée sur la machine locale ou bien laisser le soin à son fournisseur d’accès de filtrer les courriers.
Avec les antivirus et les pare-feu, les logiciels antispam s’imposent de plus en plus comme une brique indispensable à toute plate-forme informatique. Les chiffres circulant dans la communauté underground font état de 60 millions de courriers indésirables envoyés chaque jour dans le monde, pour 1 million de dollars quotidiens de revenus. L’éditeur d’antivirus Kaspersky a décidé à son tour d’aborder ce marché et lancera sa solution antispam courant juin. La version « Personal » pour les postes individuels sera proposée à moins de 30 euros pour un an d’utilisation. Dans un premier temps, la solution ne s’intégrera qu’avec les produits Microsoft (Outlook et Outlook Express) ; Kaspersky adaptera par la suite sa solution à d’autres logiciels de courrier électronique.
L’antispam de Kaspersky reprend la méthodologie utilisée pour l’antivirus, à savoir la création d’une base de « signatures » des courriers indésirables que l’utilisateur met régulièrement à jour. Cette base est alimentée par des boîtes aux lettres leurres (spam traps) chargées de récolter un maximum de courriers suspects pour mieux les filtrer par la suite. Au total, 100 à 150 000 nouveaux messages non désirés viennent enrichir la base chaque jour. S’ajoutent une analyse humaine des message et surtout un support multilingue en anglais, français, allemand, russe et même chinois – d’autres langues seront ajoutées selon la demande.
Filtrage en amont
Si certains internautes choisissent une solution locale pour lutter contre le spam, d’autres préfèrent laisser le soin de nettoyer leur messagerie à leur fournisseur d’accès quand celui-ci propose ce service. C’est le cas d’AOL qui l’intègre dans son abonnement. De son côté, Club-Internet propose depuis 2002, dans le cadre de ses forfaits, une option antispam pour 2 euros par mois (offerte la première année). La filiale de T-Online a également enrichi sa solution, fin mars 2004, en adoptant le moteur Vade Retro de Goto Software.
« Nous voulons offrir la solution qui exige le moins d’interaction de la part de l’utilisateur », explique Robin Dualé du service Innovation de Club-Internet. Le moteur antispam se trouve donc sur les serveurs du fournisseur, dispensant ainsi l’utilisateur de toute installation ou gestion locale de l’application, notamment pour les mises à jour. Quant au paramétrage, il se veut également très simple pour l’abonné : en plus du filtre sur le carnet d’adresses et des listes d’expéditeurs proscrits (black lists), le nouvel outil de Club-Internet s’appuie sur une analyse sémantique des messages et des en-têtes. L’internaute pourra également paramétrer plus en profondeur son antispam avec la création de listes blanches (courriers autorisés) sur des adresses ou domaines entiers, à partir d’une interface en ligne simple à utiliser.
Un vide juridique
Club-Internet reconnaît un taux d’erreur de « faux positifs » (courriers normaux classés en spam) de 0,3 %, pour 2 à 3 % de « vrais négatifs » (vrais spams non filtrés). Selon Robin Dualé, « 15 % des abonnés utilisent l’antispam ». Une proportion qui pourrait augmenter dans les mois qui viennent face au vide juridique actuel. « Il n’y a pas de définition juridique légale du spam », explique Garance Mathias, avocat à la cour spécialisé dans les nouvelles technologies. « Seule la jurisprudence permettra de rappeler à l’ordre les spammeurs. »
[source – vnunet.fr] Christophe Lagane