Pour avoir révélé comment contourner une protection anticopie de CD audio, un chercheur de l’université de Princeton risque d’être poursuivi par SunnComm, qui l’accuse d’avoir violé le DMCA.
Il ne fait pas bon révéler les failles de certaines protections contre la copie. John A. Halderman, étudiant en sciences de l’informatique à l’université de Princeton, en sait quelque chose après avoir publié un article sur le système de protection des CD audio MediaMax CD3, développé et commercialisé par la société SunnComm. Cet article très détaillé, publié dans le cadre de travaux universitaires, révèle qu’il suffit de maintenir la touche Majuscule enfoncée lors du chargement du CD dans le lecteur pour accéder aux fichiers musicaux. John A. Halderman précise notamment que, lors de la première écoute du CD à partir d’un ordinateur, le système MediaMax installe un pilote pour empêcher la copie illégale. Pilote désactivable comme n’importe quel programme de ce type.
Si la méthode pour passer outre la protection n’a rien de révolutionnaire, sa révélation ne plait pas du tout à SunnComm qui envisage de porter plainte contre l’étudiant. L’entreprise l’accuse d’avoir causé des dommages irréversibles à son système de protection dont il vantait, lors de sa présentation le 27 août dernier, « l’incroyable niveau de sécurité pour la musique », selon Frans Pender, responsable de la procédure de test effectuée par le Professional Multimedia Test Centre (PMTC. Ce à quoi John A. Halderman rétorque que, grâce à sa découverte, « les compagnies de disques trouveront leur bonheur à travers d’autres systèmes destinés à réduire les infractions ».
Une crédibilité mise à mal
Plus que des dommages sur la technologie MediaMax, SunnComm souffre d’une perte de crédibilité, qui se traduit par une baisse du cours de son action effectivement dommageable. C’est pourquoi la société prétend que John A. Halderman a violé le Digital Millennium Copyright Act (DMCA) pour poursuivre le chercheur en justice. La loi américaine interdit notamment de contourner les systèmes de protection sur les contenus numériques, y compris à des fins de recherche. « Aujourd’hui, en Amérique, les scientifiques ne devraient pas avoir peur des actions en justice pour publier la vérité », déclare Fred von Lohmann, avocat à l’Electronic Frontier Foundation (EFF), « au vu de l’évidente faiblesse de sa technologie, SunnComm ferait mieux d’employer plus de scientifiques de l’université de Princeton plutôt que de menacer de les poursuivre. »
[source – vnunet.fr] Christophe Lagane