L’emploi salarié continue à reculer en France

L’emploi salarié a reculé en France, pour le deuxième trimestre consécutif, une première depuis la dernière récession de 1993, et les perspectives pour les prochains mois restent moroses, malgré une reprise des créations d’emploi dans le tertiaire.

Ce recul vient confirmer la dégradation générale du marché du travail, alors que les dépôts de bilan ont augmenté de 8% au premier semestre 2003 et que le taux de chômage devrait atteindre 9,8% d’ici la fin de l’année. L’emploi salarié dans le secteur concurrentiel a diminué de 0,1% entre avril et juin 2003, soit 9.000 postes supprimés, après une baisse de 0,3% au premier trimestre de l’année, selon des chiffres provisoires publiés vendredi par le ministère du Travail.

L’évolution de l’emploi sur un an, entre juin 2002 et juin 2003, confirme cette baisse, avec 4.900 emplois supprimés (-0,0%). C’est l’industrie, en repli continu depuis la mi-2001, qui provoque à elle seule le recul de l’emploi salarié, avec une baisse de 0,7% sur trois mois (-26.900 postes, après -22.000 postes au premier trimestre) et de 2,2% sur un an (-92.000 postes).

La construction confirme sa reprise, après une fin 2002 marquée par des suppressions de postes dans ce secteur. Environ 8.100 postes ont été créés dans le secteur au deuxième trimestre (+0,6%) et près de 14.700 sur un an (+1,2%). Rare point positif : le secteur tertiaire, seul réservoir de créations d’emplois depuis deux ans, s’est repris, progressant de 0,1% (+9.800 postes) sur le deuxième trimestre et de 0,7% (+72.400 postes) sur un an.

Au premier trimestre, il avait enregistré sa première baisse depuis 1993, reculant de 0,2%, mais c’est sur ce secteur que devraient reposer les créations d’emplois dans les prochains mois, d’après les prévisions de l’Insee. Selon l’institut de conjoncture, la situation de l’emploi ne devrait en effet s’améliorer que très progressivement pendant la deuxième moitié de l’année, avec une stabilisation au troisième trimestre (+0,0%), puis une très légère hausse au quatrième (+0,1%).

En tout état de cause, la prévision de l’Unedic d’une hausse de 131.000 postes sur 2003, essentielle pour les finances déjà déficitaires de l’assurance chômage, semble désormais de plus en plus difficile à atteindre. L’évolution de l’emploi salarié dans les prochains mois dépendra fortement du redémarrage de la croissance, le nombre de créations d’emplois répercutant traditionnellement l’évolution du produit intérieur brut avec un trimestre de décalage — une tendance qui ne s’est cependant pas vérifiée ces derniers mois, le PIB ayant augmenté de 0,1% au premier trimestre.

En ce sens, la hausse du pouvoir d’achat des salariés au deuxième trimestre à la faveur de la baisse des prix à la consommation, qui fait suite à un trimestre de baisse, est une bonne nouvelle. Alors que les perspectives des chefs d’entreprises restent « très pessimistes », la consommation des ménages demeure le seul moteur de la croissance en France.

L’Insee, tout comme l’OCDE ou le FMI, estiment que la reprise de l’économie ne devrait faire sentir ses effets qu’en 2004. Pour anticiper ce retour à « un rythme de croissance bon pour l’emploi », le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a promis des « initiatives dès la rentrée », mais est pour le moment resté vague sur leur contenu.

[source – yahoo.com] (AFP)