Environ 500 personnes ont assisté vendredi en l’église Notre-Dame de l’Assomption de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) aux obsèques de la diva du jazz, Nina Simone. La chanteuse âgée de 70 ans s’était éteinte lundi à son domicile dans cette commune du sud de la France où elle habitait depuis plusieurs années.
A l’arrivée du cercueil, une sono a fait revivre l’incomparable voix de Nina Simone entonnant le célèbre « Ne me quitte pas » de Jacques Brel. La fille de la chanteuse, Lisa Celeste Simone, ainsi que plusieurs proches avaient pris place au premier rang, tenant à tour de rôle un cierge allumé.
La chanteuse sud-africaine Myriam Makeba avait fait le déplacement afin de rendre hommage à son illustre amie: « C’était une grande artiste mais aussi quelqu’un qui se battait pour la liberté. Elle est la seule qui a eu le courage de chanter ‘Mississipi God Damn’ lors d’une marche avec Martin Luther King dans les années 60 », a-t-elle dit.
Devant l’autel, Elton John -absent lors de la cérémonie- a fait déposer un bouquet de roses jaunes. « Tu étais la plus grande et je t’aime », a-t-il écrit sur une carte signée de la plus simple des façons: « Elton ». De nombreuses gerbes de roses blanches, dont celle du ministre de la culture français Jean-Jacques Aillagon, avaient également été envoyées.
Le père Guy de Fatto, ancien bassiste de jazz qui a accompagné des musiciens français et américains dans le Paris de l’après-guerre, a assuré que Nina « continue à chanter dans le ciel ». « S’il n’y a pas de jazz au ciel, alors je ne vais pas y aller », a-t-il ajouté avec humour devant les journalistes.
Dans son homélie, le curé des jazzmen a reconnu que « Nina n’était pas parfaite, mais elle s’est battue pour les droits des Noirs aux Etats-Unis. Rien que pour cela, Nina, elle est là-haut ».
Sa fille Lisa, qui a interrompu ses représentations dans « Aïda » à Broadway (une adaptation signée Elton John), a pris la parole. « Elle aimait la France et les Français. Je vous demande de ne pas laisser son souvenir s’éteindre », a-t-elle lancé avant d’entonner un gospel très émouvant.
Plusieurs messages ont ensuite été lus, dont celui du gouvernement sud-africain: « Nina Simone fait partie de l’histoire. Elle a lutté pour la libération du peuple noir. C’est avec beaucoup de peine que nous avons reçu la nouvelle de son décès ». « La musique perd l’une de ses plus belles âmes », selon un texte du ministre français de la Culture, Jean-Jacques Aillagon.
Les anonymes présents dans l’église ont applaudi le cercueil de Nina Simone à la fin de la cérémonie pendant que ses proches quittaient les lieux à bord de trois immenses limousines blanches. Son corps devait être incinéré dans l’après-midi au crématorium de Marseille dans la plus stricte intimité.
Deux autres cérémonies doivent être organisées aux Etats-Unis: l’une à New York, l’autre à Tryon (Caroline du Nord) où elle naquit le 21 février 1933. Selon ses dernières volontés, les cendres de la chanteuse seront dispersées « dans plusieurs pays d’Afrique », a précisé Javier Collados, l’un de ses musiciens.
[source – yahoo.com] AP