Une partie de la production pétrolière et gazière irakienne a redémarré et l’Irak devrait pouvoir disposer dès la semaine prochaine de ses ministères, selon l’administration civile américaine, alors que 16 pays arabes ont dénoncé à Damas l’occupation de l’Irak et les « menaces américaines » contre la Syrie.
A Bagdad, un assistant de l’administrateur civil américain Jay Garner, le général Carl Strock, a annoncé que les forces américano-britanniques en Irak ont fait redémarrer une partie de la production pétrolière et gazière, dans le nord et le sud de l’Irak, pour répondre aux besoins des Irakiens.
Selon le général américain, « nous sommes en train de pomper quelque 175.000 barils par jour (bj) et nous l’acheminons vers la raffinerie de Bassorah et les centrales électriques situées dans cette région ».
De son côté, le général américain en retraite Jay Garner a exprimé l’espoir que les ministères irakiens pourraient fonctionner de nouveau la semaine prochaine.
« Nous aurons un coordinateur dans chacun des ministères », a ajouté le général américain tout en soulignant que ce sont des Irakiens qui les dirigeront.
Si un ministère quelconque a été détruit par des bombardements américano-britanniques, une autre installation sera trouvée et l’équipement nécessaire acheté, a dit le responsable américain.
A Damas, l’Office de boycottage d’Israël (OBI, organisme de la Ligue arabe) a dénoncé « l’occupation américano-britannique » de l’Irak et les « menaces américaines » contre la Syrie, à la fin de ses travaux à Damas.
Seize pays arabes réunis ont « dénoncé les menaces américaines proférées contre la Syrie, comme un précédent dangereux menaçant la sécurité et la paix dans le monde », dans un communiqué.
Par ailleurs, quatre hauts responsables irakiens ont été capturés. Parmi eux figurent le commandant des forces de défense aérienne, Mouzahem Saab Hassan, qui était numéro 10 sur la liste des 55 responsables les plus recherchés, le ministre du Commerce Mohammed Mehdi Saleh, classé 48ème, et le chef du renseignement militaire Zouheir Taleb Abdel Sattar, classé 21ème.
Le quatrième, Salim Saïd Khalaf al Jumayli, un responsable du renseignement irakien, ne figure pas sur la liste des 55.
Au total, 11 ex-dignitaires irakiens ont été capturés depuis la chute de Saddam Hussein.
La Maison Blanche a par ailleurs exprimé sa « préoccupation » devant les informations faisant état de la présence en Irak d’agents iraniens et en a fait part aux autorités iraniennes, a indiqué Ari Fleischer.
Le commandement central américain a annoncé que des Marines avaient commencé depuis lundi à patrouiller en Irak le long de la frontière iranienne.
Répliquant, le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharazi a mis en garde jeudi à Téhéran les Marines américains qui patrouillent en Irak le long de la frontière iranienne de ne pas franchir « la ligne rouge » que constitue cette frontière.
Des agents chiites entraînés en Iran se sont infiltrés en Irak, notamment sous couvert du pèlerinage de Kerbala (centre), pour promouvoir l’instauration d’un régime islamique, avait révélé mercredi le New York Times, citant des responsables américains.
Les religieux chiites ont montré, avec le déferlement de centaines de milliers de fidèles venus de tout le pays pour pèlerinage, qu’il faudrait compter avec eux dans la formation de la future direction irakienne, même si la tonalité anti-américaine de la mobilisation a été moins forte que prévu.
Au plan diplomatique,le secrétaire d’Etat Colin Powell et son homologue français Dominique de Villepin ont eu un entretien téléphonique qualifié de « très cordial » par le ministre français.
Face à la France, Washington avait déclaré que Paris aurait à faire face à des « conséquences » pour son opposition à la guerre.
Mais le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer a souligné pour sa part que la France ne serait pas « punie » et ne devrait pas « payer le prix ».
Le porte-parole du département d’Etat Richard Boucher a lui indiqué que la manière dont Paris et Washington aborderont certains dossiers « sera à l’évidence affectée par le manque de coopération » dans la crise irakienne. Washington envisagerait notamment, au sein de l’Otan, de recourir plus souvent à certaines structures militaires où la France ne siège pas.
Interrogé sur la proposition française de suspendre les sanctions visant Bagdad, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a déclaré à Moscou que « l’ONU étudie pour l’instant la possibilité d’une levée qui ne serait que provisoire et partielle des sanctions imposées à l’Irak ».
A Londres, le Premier ministre britannique Tony Blair a estimé que la recherche d’armes de destruction massive en Irak avait « besoin de vérification indépendante ». Cette recherche pourrait échapper à l’ONU et revenir à un pays n’ayant pas participé à la coalition menée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a indiqué de son coté le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon.
Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan a demandé jeudi à la coalition américano-britannique en Irak « d’assumer ses responsabilités de puissance occupante » envers la population civile, dans un discours devant la Commission des droits de l’homme de l’Onu réunie à Genève.
Il a rappelé que « la décision de faire la guerre sans l’autorisation expresse du Conseil de sécurité a créé de profondes divisions ».
Six employés internationaux de l’ONU ont regagné l’Irak, devenant la première équipe des Nations Unies à retourner dans ce pays depuis le début de la guerre.
A l’hôpital italien de Souleimaniyeh (nord), combattants kurdes et soldats arabes de l’armée irakienne oublient leurs rancoeurs pour s’entraider dans leur malheur. Dans l’unité de soins intensifs, les grands brûlés côtoient de tous jeunes enfants, amputés après avoir sauté sur des mines ou criblés de projectiles meurtriers issus de bombes à fragmentation.
Enfin, un convoi de camions transportant de la nourriture, de l’eau et du matériel médical collectés au Koweït et au Qatar est parti jeudi de Koweït pour Bassorah (sud).