Chute de l’aéroport de Bagdad, menaces irakiennes

Chute de l’aéroport de Bagdad, menaces irakiennes

L’Irak a menacé vendredi les troupes américaines qui se sont emparées de l’aéroport de Bagdad de représailles « non conventionnelles » dans la soirée.

Tandis que l’armée irakienne affirmait dans un communiqué que les combats se poursuivaient en début de soirée à l’aéroport de la capitale, le président irakien Saddam Hussein est apparu à la télévision pour exhorter les habitants de Bagdad à « frapper l’ennemi avec force ».

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La télévision a également diffusé des images, filmées vendredi selon elle, montrant le président irakien en train de prendre un bain de foule dans une rue bombardée de Bagdad.

La capitale irakienne a connu vendredi un afflux de civils terrifiés en provenance du secteur de l’aéroport international, dont l’armée américaine a dit s’être assuré le contrôle au terme d’une bataille terrestre qui se solde par sa prise la plus importante depuis le début de la guerre.

Estimant que les forces américaines se trouvaient sur « une île isolée » à l’aéroport, le ministre irakien de l’Information, Mohammed Saïd al Sahaf, a promis une « opération de martyre » dans la soirée contre ces Marines. L’Irak n’utilisera pas d’armes de destruction massive, qu’il affirme ne pas posséder, a précisé Sahaf.

« Nous commettrons un acte non conventionnel contre eux, pas forcément militaire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Nous ferons quelque chose qui servira d’exemple à ces mercenaires », qui auront du mal « à sortir vivants » de l’aéroport.

« NUIT D’ENFER »

L’aéroport international Saddam Hussein, situé à 20 km environ au sud-ouest de Bagdad, était un objectif clé des troupes américaines, qui pourront s’en servir de base pour partir à l’assaut des partisans du « raïs » dans la capitale, forte de cinq millions d’habitants.

« Nous contrôlons l’aéroport. C’est un vaste complexe comptant de nombreux bâtiments qu’il faut ‘sécuriser’, mais c’est entre nos mains », a déclaré le colonel John Peabody, commandant la brigade du génie de la IIIe division d’infanterie, à l’envoyé spécial de Reuters, Luke Baker. Le général Vincent Brooks, porte-parole du Commandement central de l’US Army au Qatar, a toutefois dit que la piste de l’aéroport n’était plus utilisable pour des opérations aériennes.

Des civils fuyant les combats aux alentours de l’aéroport ont pris la direction de Bagdad à bord de véhicules chargés de couvertures et d’effets divers. « Il y a eu du grabuge toute la nuit, une nuit d’enfer », a dit une femme terrifiée. « Nous avons cru qu’ils étaient entrés dans Bagdad. Toute la nuit, les avions ont largué des bombes et il y a eu des tirs d’obus. »

Dans le centre, beaucoup d’habitants sont restés chez eux et l’on voyait surtout dans les rues des miliciens armés.

La capitale est désormais à portée de l’artillerie des forces américaines, qui ont parcouru plus de 500 km à partir du Koweït depuis le début des hostilités le 20 mars.

Dans la soirée, des tirs de DCA et d’armes légères pouvaient être entendus dans Bagdad, où une partie de l’électricité a été rétablie vendredi après la coupure de la veille. Des tirs d’artillerie ont également retenti en direction de l’aéroport.

Le porte-parole militaire américain Frank Thorp a annoncé qu’environ 2.500 membres de la Garde républicaine s’étaient rendus dans la nuit. On estime les effectifs de la Garde républicaine à 70.000 hommes répartis en six divisions, mais deux de celles-ci ne seraient plus opérationnelles.


ATTENTAT SUICIDE

La division Nida de la Garde républicaine a « cessé d’exister comme force de combat efficace », a en outre déclaré un officier des Marines à un correspondant de Reuters incorporé aux troupes américaines, Sean Maguire.

On ignore quand pourrait être décidée une intervention dans Bagdad. Le capitaine des « marines » Matt Watt a évoqué un plan d’encerclement de la capitale et de réduction progressive de ses moyens de défense.

Des analystes militaires se disent déconcertés par la résistance relativement limitée observée à l’aéroport. L’un d’eux pense l’armée irakienne très affaiblie après deux semaines de bombardements, mais un autre juge possible que des unités de la Garde républicaine se soient fondues dans la ville pour attirer Anglais et Américains dans des combats de rue.

L’armée américaine a aussi annoncé qu’elle exerçait un contrôle de fait sur les routes reliant Bagdad à Tikrit, ville natale de Saddam au nord-ouest. Mais le général Brooks a dit que des unités d’élite de la Garde républicaine irakienne restaient actives autour de la capitale et qu’il faudrait du temps pour « obtenir un certain de contrôle et de sécurité » à Bagdad.

Un véhicule civil a explosé dans la nuit à un point de contrôle anglo-américain au nord-ouest de Bagdad, tuant trois soldats, une femme enceinte et le conducteur, a fait savoir l’armée américaine en parlant d’attentat suicide.

Elle a également annoncé la découverte, dans les environs de Bagdad, de deux sites où se trouvaient des milliers de fioles de liquide et de poudre blanche restant à identifier.

PAS DE FATWA CHIITE

Le porte-parole à Londres du grand ayatollah chiite Ali al Sistani a en revanche démenti les affirmations américaines selon lesquelles ce dignitaire aurait lancé une fatwa pour exhorter ses coreligionnaires à ne pas s’opposer aux troupes d’invasion. Au Liban, le principal dignitaire chiite du pays a d’ailleurs engagé les musulmans à « faire face à l’occupation dans son ensemble ».

Dans le nord de l’Irak, les troupes de Bagdad se replient vers la ville de Mossoul sous la pression combinée des raids aériens anglo-américains et de l’avance des peshmergas kurdes, a rapporté une photographe de Reuters dans la région.

Dans le Sud irakien, les forces britanniques ont dit avoir tué huit miliciens lors de combats de rue dans la grande ville chiite de Bassorah qu’elles assiègent depuis près de deux semaines.

Dans une lettre ouverte appelée à être distribuée sous forme de tracts en arabe, le Premier ministre Tony Blair a assuré que l’Irak serait dirigé après la guerre par les seuls Irakiens et non par les Américains, l’Onu ou les Britanniques – dont les troupes, a-t-il dit, quitteront le pays dès que possible.

Dans un entretien diffusé par la BBC, Blair assure en outre que les Etats-Unis n’ont aucune intention d’attaquer l’Iran ou la Syrie, même si le Pentagone considère comme des « actes hostiles » la fourniture présumée d’armes aux Irakiens par Damas.

Tony Blair rencontrera George W. Bush mardi prochain en Irlande du Nord, a annoncé Downing Street.

La France a réclamé vendredi que les Nations unies jouent « dès maintenant » un rôle central dans l’aspect humanitaire de la guerre en Irak.

Venant du Koweït, des organismes humanitaires de l’Onu ont pu pénétrer vendredi en Irak pour la première fois depuis le début de la guerre dans le but d’y évaluer les besoins.

[source – yahoo.com]