Etirés sur des centaines de kilomètres dans leur progression vers Bagdad et rendus nerveux par la crainte d’attaques suicide, les soldats américains ont tué mardi plusieurs civils irakiens se présentant à différents barrages installés dans le sud de l’Irak.
Tandis que les combats au sol se sont poursuivis à Nassiriah, le parti Baas semble faire régner la terreur dans Bassorah assiégée par les forces britanniques afin d’empêcher toute révolte éventuelle.
Des journalistes de Reuters embarqués avec des unités américaines dans le centre de l’Irak ont indiqué mardi soir que celles-ci s’apprêtaient à reprendre leur progression vers Bagdad après une « pause opérationnelle » de quelques jours.
Pour leur part, Bagdad et le nord du pays ont de nouveau subi mardi d’intenses bombardements au 13e jour d’un conflit que le président américain George W. Bush entend poursuivre « jusqu’à ce que (l’Irak) soit libre. »
Quelques heures après la mort de sept femmes et enfants, d’après un bilan officiel de l’armée américaine, des Marines ont abattu mardi matin un Irakien qui conduisait une camionnette à vive allure à l’approche d’un barrage routier près de la ville de Chatra, dans le Sud.
L’unique passager a été grièvement blessé. Aucun des deux hommes n’était armé, ni ne portait l’uniforme, ont déclaré des Marines à un journaliste de Reuters les accompagnant.
Les soldats américains sont particulièrement nerveux depuis que quatre d’entre eux ont été tués par un kamikaze à un barrage près de Nadjaf samedi.
AUTO-DEFENSE
Un incident similaire à celui de Chatra, mais au bilan beaucoup plus lourd, s’est produit lundi soir, près de Nadjaf.
Des soldats américains ont ouvert le feu contre une camionnette se dirigeant vers un barrage. D’après le bilan officiel fourni par l’armée américaine, sept femmes et enfants ont péri dans leur véhicule criblé de balles.
William Branigin, journaliste du Washington Post accompagnant la 3e division d’infanterie américaine, assure dans un article publié mardi que l’unité parmi laquelle il se trouvait a tiré sans sommation et a fait état auprès de son commandement de 10 morts, dont cinq enfants, parmi les 15 occupants du véhicule.
Au Koweït, peu après minuit, les Marines ont blessé par balles le conducteur d’une camionnette qui avait franchi un barrage militaire et pénétré dans une base américaine.
Le Koweït a ensuite affirmé qu’il s’agissait d’un capitaine koweïtien pressé d’arriver sur son lieu de travail et qui n’était animé d’aucune intention hostile.
Si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne soulignent leur droit à l’auto-défense face aux attaques suicide, l’annonce de la mort de ces civils devrait contribuer à renforcer l’anti-américanisme ambiant dans le monde arabe.
Outre la menace d’attaques suicide, les soldats américains et britanniques doivent faire face à une résistance irakienne plus âpre que prévu.
Après les batailles engagées lundi en divers points le long de l’Euphrate, les autorités irakiennes ont fait état de violents combats mardi dans Nassiriah et aux abords de cette ville située à 375 km au sud-est de Bagdad.
POWELL EN TOURNEE
Un porte-parole militaire irakien a affirmé que l’armée américaine avait subi de lourdes pertes.
Encore plus au Sud, la ville de Bassorah est encerclé depuis les premiers jours de l’offensive lancée le 20 mars mais les soldats britanniques ne se sont toujours pas emparés de la deuxième ville du pays.
Des habitants ont indiqué que le parti Baas de Saddam Hussein semait la terreur et forçait les habitants à combattre les armées américaines et britanniques.
Cette résistance irakienne a provoqué un déluge de critiques ces derniers jours contre l’administration Bush et en particulier le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, coupables, aux yeux de nombreux experts, d’avoir naïvement cru que le régime irakien s’effondrerait comme un château de cartes.
Malgré la résistance au sol, les aviations américaines et britanniques ont poursuivi leurs bombardements sur Bagdad mardi, en particulier contre les positions présumées de la Garde républicaine qui s’apprête à défendre la capitale contre un probable assaut terrestre.
Les principales villes du Nord, Mossoul et Kirkouk, et leurs environs ont également été la cible des raids aériens mardi. Le ministre de l’Information irakien a cependant affirmé que les soldats irakiens avaient empêché un atterrissage de troupes britanniques à Mossoul.
L’ouverture d’un front nord comparable à celui du Sud a été empêché par le refus de la Turquie d’autoriser le déploiement sur son sol de 62.000 soldats américains.
Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell se rendra mercredi à Ankara avant de rencontrer jeudi la plupart des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et le responsables de l’Otan.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, a déclaré mardi matin ignorer l’objet de cette visite.
Powell a précisé lundi qu’il informerait les chefs de la diplomatie européenne sur le déroulement de la guerre.
[source – yahoo.com]