La crise financière et la chute des Bourses plombe les résultats de tous les organismes qui ont investi une partie de leurs fonds en actions.
L’Agirc (retraite complémentaires des cadres) et l’Arrco (retraite complémentaire des salariés du privé) ont elles aussi vu fondre leurs résultats financiers, rapportent les Echos et la Tribune (17 et 18/11/2008).
Le 17 novembre, le quotidien économique La Tribune faisait état de pertes de 100 millions d’euros dans les réserves de l’Agirc.
Le lendemain, le journal Les Échos révélait une perte de 1,1 milliard d’euros dans les réserves de l’Arrco.
Ces pertes pèseront dans les discussions à venir sur l’accord Agirc-Arrco : la Tribune estime que « le contexte pourrait conduire à durcir encore les conditions de calcul des pensions ».
Ces pertes sont dues à la crise financière qui touche les marchés financiers depuis plusieurs mois. L’Agirc et l’Arrco ont par la suite publié un communiqué, assurant que les pensions étaient garanties.
L’Agirc ou Association générale des institutions de retraite des cadres est un régime complémentaire par points qui a été institué depuis 1947 pour les cadres.
L’Arrco, ou Association des régimes de retraite complémentaire, est un régime complémentaire par points qui a été créée par l’accord national interprofessionnel de retraite complémentaire du 8 décembre 1961 pour les salariés.
En 2007, l’Arrco comptait 18,3 millions de cotisants et 11,4 millions de retraités. La même année, l’Arrco a récolté près de 34,87 milliards d’euros de cotisations versés par les employeurs, l’Unedic et l’État et elle a distribué près de 31,25 milliards d’euros d’allocations (pensions complémentaires).
En 2007, l’Agirc comptait 3,83 millions de cotisants et 2,28 millions de retraités. La même année, l’Agirc a récolté près de 16,99 milliards d’euros de cotisations, versées par les employeurs, l’Unedic et l’État et elle a distribué près de 16,66 milliards d’euros d’allocations (pensions complémentaires).
Le GIE (Groupement d’intérêt économique) Agirc-Arrco regroupe les services et les moyens des deux fédérations Agirc et Arrco. Il travaille pour le compte commun des deux fédérations.
Depuis la crise des « subprimes » qui a démarré l’été dernier au USA, les faillites et difficultés des banques d’abord américaines puis européennes se sont enchaînées.
Selon le quotidien « Challenges », en France, les banques auraient déjà perdu 22 milliards d’euros, les entreprises cotées plus de 700 milliards, les épargnants 500 milliards et les propriétaires immobiliers 400 milliards.
En matière de retraite, le Fonds de Réserves des Retraites a lui aussi été touché.
Le président de Force Ouvrière annonçait dès septembre une perte de valeur de 25%, mais cette perte a finalement été établie à -14,5% selon le Conseil de surveillance du FRR qui s’est réunit le 14 octobre dernier.
Ainsi il semblait presque logique, que l’Agirc et l’Arrco qui placent une partie de leurs réserves sur les marchés financiers, soient également touchées par la crise.
Lundi 17 novembre, La Tribune révélait que l’Agirc avait subit la crise financière de plein fouet avec une perte de 100 millions d’euros.
Le lendemain, le journal Les Échos révélait que les pertes de l’Arrco s’avéraient encore plus importantes, avec près de 1,1 milliard de perte.
Après ces révélations, les deux caisses de retraite complémentaire ont publié un communiqué via le GIE.
S’il reconnaît que 2008 est une « mauvaise année », le GIE ne parle pas pour autant de pertes et assure que le paiement des pensions de retraite est garanti.
En effet le GIE rappelle que « les régimes de retraite complémentaire sont gérés par répartition : les cotisations versées par les salariés et leurs employeurs servent directement à payer les pensions des retraités ».
Il affirme que « le paiement des retraites est donc garanti par le versement des cotisations et non pas, comme dans un système géré en capitalisation, par des fonds placés sur les marchés financiers ».
Aujourd’hui, l’Agirc a des réserves évaluées à 12,5 milliards d’euros et l’Arrco des réserves de 44 milliards d’euros, ce qui représente pour ces deux caisses l’équivalent « d’une année de cotisations » chacune.
Le GIE a toutefois admis que pour l’Agirc comme l’Arrco, « dans ce contexte de crise financière, les réserves, notamment pour leur part en actions, sont affectées par la dégradation des marchés financiers ».
Le GIE ne parle en aucun cas de pertes réelles.
Le montant estimé des produits financiers s’élèverait à la fin de l’année à 500 millions d’euros contre environ 1 milliard d’euros espérés pour l’Arrco et à 220 millions d’euros contre environ 500 millions d’euros espérés pour l’Agirc.
Or comme il l’explique, « la dépréciation des placements fait l’objet de provisions comme les règles prudentielles comptables l’imposent ».
Dans les deux cas le GIE affirme ainsi que « cette provision ne constitue pas une perte réelle puisque les placements correspondants ne sont pas appelés à être désinvestis dans les prochaines années ».
Quels avenir pour les retraites complémentaires?
Même si le GIE affirme que les caisses complémentaires restent performantes malgré une année 2008 difficile, la presse économique n’hésite pas à parler de « fragilisation » de ces régimes.
Le Figaro notamment indique que cette « mauvaise nouvelle » s’ajoute aux « difficultés structurelles du régime ».
Même si l’Agirc et l’Arrco sont encore excédentaires « ce qui n’est plus le cas de la Cnav depuis de nombreuses années » selon La Tribune, l’Agirc pourrait devenir déficitaire dès l’année prochaine.
Ce qui pose problème, puisque contrairement à la branche vieillesse, l’Agirc ne peut accumuler le déficit pour continuer à verser les pensions de retraite.
Selon Le Figaro, les sommes récoltées pour l’AGFF (association pour la gestion du fonds de financements), « structure qui prend en compte le surcoût de la retraite à 60 ans et les mesures des carrières longues » ont beaucoup diminué.
Fanch