Interpellé par une députée de l’opposition, le gouvernement Schröder estime que la future architecture Palladium de Microsoft risque d’entraîner des coûts élevés et d’empêcher les concurrents d’entrer sur le marché.
Le gouvernement allemand s’inquiète des risques d’une adoption massive par les services fédéraux de Palladium, la future architecture de système d’exploitation « sécurisée » développée par Microsoft. C’est, en substance, sa réponse faite à une députée du parti conservateur (CDU), qui l’interpellait sur le sujet.
Pour l’instant les inquiétudes soulevées sont d’ordre économique. « Le danger [existe] que les applications logicielles pour les nouveaux PC hautement sécurisés nécessitent une licence [fournie] par Microsoft, ce qui induira des coûts élevés », peut-on lire dans cette lettre, que s’est procuré le quotidien électronique allemand Heise.de. Cela aurait pour conséquence de créer « de graves entraves à l’entrée sur le marché » pour les développeurs de logiciels concurrents, poursuit le gouvernement. En précisant que cette remarque vaut particulièrement pour les logiciels à base de noyau Linux ou d’autres logiciels libres.
Pour développer Palladium, Microsoft s’est allié avec la fine fleur de l’industrie informatique, rassemblée dans un consortium baptisé TCPA (Trusted Computing Platform Alliance). En sont membres, outre le géant de l’édition, Intel, HP-Compaq et IBM. Leur objectif est de modifier entièrement le mode de traitement des données sur ordinateurs, grâce à des modifications matérielles. Microsoft assure que cela permettra de renforcer la confidentialité des données personnelles, d’empêcher la copie privée d’oeuvres sous copyright et d’augmenter le contrôle des entreprises sur leur parc informatique.
Première semonce diplomatique pour Microsoft
« Notre objectif n’est pas de jouer l’arbitre entre ce qui peut fonctionner ou non sur votre PC », se défend Amy Carroll, directrice du département « Windows Custom Platform Technology », interrogée par notre rédaction américaine. « Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement allemand et quiconque voudra parler avec nous », affirme-t-elle. Et de poursuivre son argumentation : « Les gouvernements travaillent en général avec des données sensibles et sont particulièrement inquiets par rapport à la sécurisation des informations qu’ils traitent. » « Tout ce qui pourra accroître cette sécurisation est une bonne chose », conclut-elle.
Le gouvernement allemand s’est refusé à se prononcer plus précisément au sujet des menaces que feraient planer Palladium et la TCPA sur la concurrence. Depuis le 1er août 2002, un groupe de travail dédié à ce projet a été formé au sein du Bureau fédéral pour la sécurité et les technologies de l’information, dépendant du ministère de l’Intérieur. Il tient régulièrement le chancelier au courant de l’avancée de ses travaux, mais n’a pas encore rendu de conclusions définitives.
Par ailleurs, la Commission européenne examinera également le projet Palladium dans le cadre de son enquête antitrust à l’encontre de l’éditeur, peut-on lire dans la réponse officielle du gouvernement.
[source – ZDNet.fr]