La baisse des tarifs de gros de France Télécom a engagé la diminution du prix d’appel pour l’ADSL. Désormais tous les FAI commercialisent une formule de base à 30 euros. Free va plus loin en proposant du 512 Kbps pour le même prix. À quelles conditions ?
Trente euros, tel est le prix de base que payent depuis quelques jours les consommateurs pour un accès ADSL d’entrée de gamme, à 128 Kbps. Parmi les principaux fournisseurs d’accès (FAI), Club-Internet, puis Wanadoo, Tiscali et AOL, ont tous dévoilé en rafale leurs offres automnales, en attendant les inévitables promotions de Noël.
Cette diminution générale des prix grand public a été rendue possible grâce à la pression de l’Autorité de régulation des télécoms (ART) et du gouvernement, qui ont réclamé que France Télécom (FT) baisse ses tarifs de gros. En validant les propositions de l’opérateur historique en juillet dernier, l’ART lui a également enjoint de mettre en place les conditions techniques pour permettre à ses clients (FAI et opérateurs professionnels) d’offrir une gamme de débits élargie, allant de 128 à 1024 Kbps.
Concrètement, un FAI directement client de France Télécom (en option 5) paie 23 euros par mois et par abonné (HT) pour une ligne à 128 Kbps ; 28 euros pour le 512 Kbps ; et 54,7 euros pour le 1024 Kbps.
Excepté Free, pas de rabais sur l’ADSL 512 Kbps, produit phare des FAI.
Un opérateur alternatif, client de l’option 3 pour revendre ses services à un FAI, dispose en moyenne d’une marge économique de 7 euros sur ces tarifs, c’est-à-dire qu’il paie 16,6 euros (HT) par mois et par ligne ouverte à 128 Kbps ; 21 euros pour le 512 Kbps ; et 44,5 euros pour le 1024 Kbps.
La plupart des fournisseurs d’accès travaillent en option 5 avec FT, mais cette baisse des tarifs a permis à certains d’envisager, et même déjà de recourir aux services d’opérateurs alternatifs, afin d’améliorer leurs marges. Conséquence : ils peuvent à présent proposer un prix d’appel à 30 euros pour le 128 Kbps, plus attractif pour le grand public, tout en étant rentable. Et ces nouvelles offres leur permettent surtout de maintenir le tarif de 45 euros pour les forfaits à 512 euros, qui restent le produit phare en matière de haut débit. La plupart des FAI affirment d’ailleurs avoir été au maximum de leurs possibilités en termes de prix. « Nos marges sont tirées à la corde, nos prix sont aussi bas que possible », explique ainsi Caroline Puelchoutres, directrice marketing de Tiscali.
Les rumeurs qui circulaient avant l’annonce officielle des tarifs à 128 Kbps, tablaient en fait plutôt sur 35 euros par mois. Or, le fournisseur d’accès indépendant Free a jeté un pavé dans la mare, en devançant tous ses concurrents : il a lancé fin septembre un forfait ADSL à 512 Kbps, à 30 euros par mois (sans engagement, mais avec des frais de résiliation à 99 euros). Avec une stratégie différente par rapport à ses rivaux : « Aujourd’hui, nous n’envisageons pas de diversification sur le 128 Kbps » explique Michaël Boukobza, directeur adjoint d’Iliad, maison mère de Free. « Nous travaillons sur un offre à 512 Kbps pour faire baisser les prix. Trente euros est un prix abordable qui permet de démocratiser le haut débit, mais il doit encore baisser », ajoute-t-il. « La barrière est à 20 euros. »
En se déclarant télédiffuseur, Free peut soutenir son offre
Comment Free parvient-il à proposer une telle offre, alors que la plupart de ses concurrents affirment avoir déjà tiré leurs marges à leur maximum ? Premier élément de réponse, le FAI opère son propre réseau en dégroupage total (option 1) sur Paris intra-muros et quelques villes des Hauts-de-Seine. Il envisage d’étendre ce réseau à la banlieue parisienne et à une quinzaine de villes de province en 2003. Pour le reste du territoire, Free s’appuie sur la couverture de France Télécom. Il affirme également réduire au maximum ses investissements marketing et publicitaires.
Mais la véritable subtilité est ailleurs. Dans sa formule, le FAI propose un modem spécial baptisé Freebox, avec notamment une prise péritel, qui pourra permettre à terme de diffuser des contenus audiovisuels. Selon nos confrères de 01Net, cette astuce permet à la société de se déclarer non plus comme opérateur télécom, mais comme télédiffuseur, et ainsi d’appliquer à une partie de ses services une TVA à 5,5% au lieu des 19,6% habituels.
Officiellement, les concurrents n’ont pas voulu entrer dans une guerre des prix avec Free, mais ont néanmoins aligné leurs offres 128 Kbps à 30 euros. En coulisses, plusieurs d’entre eux estiment qu’en agissant ainsi, Free casse les marges qu’ils espéraient commencer à dégager sur ce créneau.
Publiquement, ils ont mis en avant la qualité de leur service pour justifier le maintien des tarifs à 512 Kbps. « Nous sommes sûr de la qualité de notre gamme et de notre service client considérable (…) après avoir essuyé les plâtres il y a un an et demi, au moment des premières offres », affirme ainsi Yves Parfait, directeur de la division Accès chez Wanadoo. « Pour moi, l’équation économique de Free est difficile à trouver, j’attends de voir comment ils vont s’en sortir », ajoute de son côté Stéphane Treppoz, P-DG d’AOL France.
30% du réseau ne profite pas de la démocratisation du haut débit
« Nous ne voulons pas devenir les Leader Price de l’internet », renchérit Marie-Christine Levet, P-DG de Club-Internet. Chez Free, ces réactions font sourire. « Je le prends comme un compliment », glisse Michaël Boukobza, « [ça prouve] que nous nous efforçons de faire entrer l’internet haut débit dans le plus de foyers possible, que cela n’est pas réservé à une élite ». Free a été tout récemment rejoint dans sa stratégie de prix cassés par un autre opérateur impliqué dans le dégroupage, LDCom. Il propose via sa filiale 9Télécom des accès à 1024 Kbps ou à 512 Kbps selon la région, (voir ci-dessous*) pour 40 euros.
Le discours ambiant, quel que soit le FAI, est donc d’oeuvrer pour la démocratisation du haut débit et la baisse des prix. De quoi réjouir le consommateur… s’il a la possibilité d’être relié à l’ADSL. Car la couverture actuelle du réseau de France Télécom n’atteint « que » 70% du territoire français, et les opérateurs alternatifs ne se lancent naturellement que dans les régions où ils ont le plus de chance de rentabiliser rapidement leurs investissements.
Quelle solution reste-t-il alors pour ceux qui ne sont pas encore raccordés ? AOL et Tiscali proposent toujours leurs forfaits bas débit illimités, mais précisent tous deux qu’illimité ne signifie pas permanent. Tiscali ne cache d’ailleurs pas non plus sa volonté de convertir le plus grand nombre possible d’abonnés illimités à l’ADSL.
Les FAI renvoient la balle aux collectivités locales des régions encore non desservies. « C’est [à elles] de prendre en charge les investissements en fibre optique », résume Michaël Boukobza, de Free. « Nous sommes prêts à payer les équipements pour nous raccorder à cette fibre optique, si elle existe », poursuit-il, citant en exemple les efforts en ce sens de la communauté urbaine de Nancy, région où Free prévoit de déployer prochainement son offre.
Les packs modem haut débit ADSL* :
AOL 128/64 Kbps 29,99 euros/mois Pack modem (149,90 euros) et frais d’installation (64 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002 12 mois 512/128 Kbps 44,99 euros/mois 1024/128 Kbps (date de disponibilité NC) 79,99 euros/mois
Club-Internet 128/64 Kbps (réservée aux 20000 premiers abonnés) 25 euros/mois les 3 premiers mois, puis 30 euros/mois Modem gratuit pendant la durée de l’abonnement et frais d’installation (64 euros) offerts. Valable jusqu’au 30/11/2002 12 mois 512/128 Kbps 35 euros/mois au cours des 3 premiers mois, puis 45 euros/mois 1024/128 Kbps 85 euros/mois Pack modem : 151 euros, frais d’installation (64 euros) offerts.Valable jusqu’au 30/11/2002 12 mois
Wanadoo 128/64 Kbps 30 euros/mois Pour l’achat d’un pack eXtense USB (150,92 euros) ou d’un pack eXtense Ethernet (223,65 euros), Wanadoo rembourse la somme de 150,92 euros TTC jusqu’au 04/01/2003 12 mois 512/128 Kbps 45,42 euros/mois 1024/128 Kbps 80 euros/mois
Tiscali 128/64 Kbps 19,95 euros/mois les 4 premiers mois, puis 29,95 euros/mois Pack modem (149,95 euros) et frais d’installation (64 euros) offerts aux 20000 premiers abonnés 24 mois 512/128 Kbps 29,95 euros/mois les 4 premiers mois puis 44,95 euros/mois
Free 512/128 Kbps 29,90 euros/mois Modem gratuit, pas de frais d’installation. Frais de résiliation de l’abonnement : 99 euros Non
9 Telecom 512/128 kbps (pour les zones non couvertes par LDCom) 29,90 euros/mois les 3 premiers mois puis 39,90 euros/mois Pack modem 50 euros ( au lieu de 100) et frais d’accès (64 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002.Frais de résiliation : 99 euros (au cours de la première année) Non 1024/256 kbps voir ci-dessus Offre de base pour Paris, Lyon, Marseille, Nice, les Hauts-de-Seine et fin 2002 Bordeaux, Strasbourg, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis
EasyConnect 128/64 Kbps 30 euros/mois Pack modem 100 euros, frais de mise en service (75 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002 Non 512/128 Kbps 50 euros/mois Pack modem USB à 100 euros ou Ethernet à 200 euros, frais de mise en service (75 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002 1024/128 Kbps 165 euros/mois Pack modem USB/Ethernet à 200 euros, frais de mise en service (75 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002
Nerim 128/64 Kbps 33,5 euros/mois Modem routeur fourni gratuitement contre un dépôt de garantie de 100 euros restitué à la résiliation, frais d’activation (63,39 euros) offerts jusqu’au 31/12/2002 Non 512/128 Kbps 42,46 euros/mois
Oreka 512/128 Kbps 39,95 euros/mois Pack modem et frais d’installation à 74,95 euros 12 mois
[source – ZDNet.fr]