Après en avoir fait leur argument de vente numéro un pour l’ADSL, les FAI s’inquiètent de l’ampleur des téléchargements de fichiers. Conséquence : le plafonnement du transfert de données revient à l’ordre du jour.
Les fournisseurs d’accès l’ont bien compris, le téléchargement de fichiers est l’une des joies de l’Internet, et en particulier de l’ADSL. Dans un contexte de concurrence féroce, pas un portail de FAI qui ne mette en avant téléchargement de jeux, de MP3, de logiciels… En plein débat sur la copie privée, la logithèque de Wanadoo permet même de télécharger Kazaa Lite. Mais ces mêmes pratiques préoccupent de plus en plus les FAI.
Dépassements de plafond payants chez T-Online
Les internautes ont pris l’habitude des téléchargements massifs, lancés le soir pour tourner toute la nuit. Résultat inévitable : une surcharge de la bande passante au profit d’un petit nombre d’utilisateurs et au détriment d’une majorité qui tente de naviguer sur l’espace restant.
Sur un ton quelque peu alarmiste, le cabinet d’analystes Jupitermedia s’est penché sur la question et parle de « graves problèmes pour les fournisseurs d’accès Internet » et d’une gestion difficile des réseaux. Il incrimine principalement les fichiers MP3 et, dans une moindre mesure, les films. Pour certains FAI, 50 % du trafic serait dû à des échanges de fichiers. Chez Tiscali, c’est 60 % de la bande passante qui se retrouve chaque soir occupé par des téléchargements.
« La consommation moyenne par internaute a notablement augmenté ces derniers mois, d’un fort pourcentage, affirme Benoît Granger, directeur réseaux chez Tiscali France. Le streaming va encore en rajouter. » Selon Jupitermedia, la solution ne se ferait pas attendre : les fournisseurs d’accès vont imposer une limite mensuelle à la quantité de données transférées par utilisateur. Le seuil plafond dépassé, l’abonné paiera un surplus. T-Online, notamment (maison mère de Club Internet), a franchi le pas. Cette politique devrait se généraliser d’ici la fin de l’année. Une solution radicale, peut-être un peu simpliste. En tout cas, pas très réaliste pour certains.
Noos, le contre-exemple français
La mise en place d’un plafond de données est en effet en pleine contradiction avec l’argumentaire de vente des uns et des autres pour l’ADSL, vantant la navigation illimitée. « Et comment fixer la limitation ? S’interroge Benoît Granger, qu’est-ce qu’une utilisation abusive de la bande passante ? D’un point de vue technique, la limitation ne serait pas facile, et côté marketing, cela aurait du mal à passer. »
Surtout en France où les FAI disposent d’un contre-exemple : Noos, le câblo-opérateur. A une époque, ses forfaits s’accompagnaient d’une limitation de téléchargement des données. Résultat : un glissement de sa clientèle vers l’ADSL. Noos a dû faire machine arrière.
La solution se trouverait plutôt du côté du dimensionnement des réseaux. « Il est clair que les téléchargements congestionnent le réseau, reconnaît Régis Bryman chez EasyConnect, mais techniquement c’est très facile d’y remédier. Le vrai problème est celui de l’investissement du FAI dans l’augmentation de ses capacités. »
« La croissance de l’occupation de la bande passante se fait de manière progressive, ajoute Régis Bryman. On a largement le temps de s’adapter. » Encore faut-il que le fournisseur en ait la volonté… ou les moyens financiers. Les deux allant souvent de paire.
[source – 01net.com]