La RIAA et les internautes jouent au chat et à la souris

Offensives et contre-offensives sur le front du peer-to-peer : l’EFF, organisme de protection des droits des citoyens, publie un mode d’emploi pour échapper à la traque de la RIAA. Une chasse aux pirates qui pourrait s’étendre au delà des frontières américaines…

Face à la volonté de la Recording Industry Association of America (RIAA) de traîner en justice les internautes coupables d’échanges de fichiers soumis à copyright, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) a décidé de donner quelques clés aux internautes pour « réduire leurs risques de procès ». Tout d’abord, l’organisme américain de protection des droits des citoyens sur l’Internet propose aux utilisateurs de logiciels d’échange de vérifier si leur nom d’utilisateur ou leur adresse IP font l’objet d’une demande d’identification auprès de leur fournisseur d’accès Internet (FAI). En effet, ces assignations envoyées par la RIAA sont centralisées dans une base de données de la cour de district de Washington, laquelle est accessible au public. L’EFF propose donc un formulaire en ligne qui interroge ladite base de données et vous signale immédiatement si vous vous trouvez dans le collimateur de l’association.

Le cas échéant, l’EFF invite l’internaute à s’adresser à la SDA, une association de défense des utilisateurs et des FAI face aux abus de la RIAA. Mais comme il vaut mieux prévenir que guérir, l’organisme de défense livre également ses astuces pour déjouer les investigations de la RIAA. La première, évidente, consiste à ne pas posséder sur son ordinateur – ou du moins dans son dossier de partage – de fichiers soumis à copyright… De façon plus pragmatique, l’EFF rappelle que l’on peut tout simplement désactiver le partage de fichiers et empêcher ainsi tout téléchargement à partir de sa machine – rappelons que la RIAA s’attaque en priorité aux personnes mettant des fichiers à disposition des internautes, plus qu’à celles qui les téléchargent. Seul hic : si cette règle était appliquée par tous les utilisateurs, cela signifierait la fin des réseaux d’échange ! De la même manière, l’EFF préconise la désactivation de la fonction « Supernode » – les utilisateurs en mode « Supernode » sont une cible privilégiée de la RIAA car leur machine sert de relais pour les téléchargements – ce qui pourrait également nuire à l’efficacité globale des réseaux de peer-to-peer. Rappelons également que les dernières versions de logiciels d’échange, tel Kazaa K++, offrent la possibilité de désactiver le scan des fichiers par les serveurs de la RIAA, une option probablement peu efficace dans la mesure où l’association peut facilement s’équiper de nouvelles machines dont les adresses IP ne sont pas répertoriées.

Une bataille de longue haleine

Vue d’Europe, cette bataille du P2P ressemble pour le moment fort à un problème américano-américain. Pourtant, on vient d’apprendre qu’en Espagne, 4 000 internautes vont se retrouver face à la justice suite à une plainte pour violation de droits d’auteur. Cette action a été intentée par 32 sociétés des secteurs de la musique et du logiciel qui ont préféré garder l’anonymat pour d’évidentes raisons commerciales. Doit-on y voir une opération discrète de la RIAA sur le Vieux Continent ou simplement des sociétés européennes qui profitent de l’offensive outre-Atlantique pour ouvrir un front sur leur territoire ? Une chose est certaine, la confrontation entre majors de la musique et utilisateurs de logiciels d’échange sera longue : une lectrice du site The Inquirer s’est amusée à calculer le temps qu’il faudrait, au rythme actuel, pour traîner en justice les quelque 60 millions d’utilisateurs recensés aux Etats-Unis. Résultat : 2 191,78 années !

[source – vnunet.fr] Jean-Michel Manat