Chute du piratage de logiciels commerciaux, certes, mais la Business Software Alliance (BSA) ne voit pas bien ce qui se passe sur Internet… article
Depuis que la Business Software Alliance (BSA) a débuté ses études sur le piratage des logiciels, en 1994, l’association enregistre une lente mais régulière chute en volume du piratage des logiciels commerciaux vendus sous une forme packagée. Le chiffre a chuté de 10% de 49% en 1994, à 39% en 2002, après un pic de baisse en 1999, à 36%.
Tous les pays, depuis 1994, ont réduit le piratage, mis à part le Zimbabwe. Cependant, avec l’augmentation du marché des logiciels, les chiffres en valeur du piratage n’ont cessé d’augmenter, passant de 10,97 milliards de dollars en 2000 à 13,08 milliards de dollars en 2002, soit une augmentation de 19%. Un chiffre inquiétant, alors que le prix moyen des logiciels tend à se contracter.
Mais ces résultats varient fortement d’une région du globe à l’autre. L’Afrique et le Moyen-Orient enregistrent la plus forte réduction, passant de 80% en 1994 à 49% en 2002. En Europe de l’Ouest, les chiffres sont passés de 52% à 35%. L’Amérique du Nord reste en tête des bons résultats, en passant de 32% à 24%. Quant à l’Asie et au Pacifique, où le piratage a connu la première phase d’industrialisation, de 68% en 1994 le chiffre est tombé à 55% en 2002. Reste le point noir que représente l’Europe de l’Est, où le piratage n’a chuté que de 14 points, en passant de 85% à 71% en 2002.
La conscience des utilisateurs évolue dans le bon sens
La BSA attribue l’évolution positive des volumes de piratage en réduction à l’éducation des utilisateurs et des gouvernements. La conscience des utilisateurs se réveille, encouragée par l’évolution des législations. Les droits et copyrights sont aujourd’hui mieux connus, et les peines judiciaires ont été renforcées.
En matière de copyright, les législations américaine et européenne commencent à porter leurs fruits, tandis que l’Europe de l’Est, gros consommateur de logiciels piratés, continue de considérer cette législation comme protectionniste, ce qui laisse la porte ouverte aux pirates de tous bords.
Du coté des entreprises, les mentalités évoluent aussi. Une bonne part des logiciels piratés proviennent du lieu de travail, quant l’entreprise elle-même n’est pas à l’origine de la contrefaçon, en détournant les licences. Les contrôles des organismes représentant les éditeurs, et les sanctions qui ont suivi, ont rafraîchi certaines ardeurs.
Quant à la politique mise en place dernièrement par certains éditeurs vers les utilisateurs, comme les licences aux particuliers qui accompagnent les licences professionnelles de Microsoft, elle travaille aussi dans le sens d’une clarification.
Que cache le brouillard d’Internet ?
Si la réduction du volume des ventes de logiciels piratés est réelle, une zone d’ombre s’installe : Internet. En effet, le marché online du piratage échappe encore à toute étude. Quelle part du volume « en boites » a été reporté sur les commandes en ligne, dont les licences piratées échappent totalement au marché traditionnel ?
Avec la multiplication des connexions au réseau, et surtout l’explosion du haut débit, la tentation d’acquérir des logiciels piratés est d’autant plus grande que les sites qui proposent ce type de services sont facilement accessibles, et que l’opération s’accompagne d’une relative confidentialité.
Le remplacement du parc sous surveillance
Il faut compter aussi sur le vieillissement du parc d’équipement des entreprises, qui dans le même temps réduisent leurs investissements technologiques. 50% du parc des systèmes d’exploitation et des logiciels professionnels a plus de trois ans et demi.
Un marché énorme, alors que les prévisions du marché repartent à la hausse, ce qui incite les éditeurs à plus de vigilance encore.
[source – Silicon.fr] Yves Grandmontagne